L'intrigue du film L'effet papillon — parfois nommé aussi « Effet Marco » — tourne autour d'un mystérieux cas qui met sur la piste d'un dangereux réseau pédophile. C'est le cinquième volet de la saga policière danoise lancée en 2013, adaptée des romans à succès de Jussi Adler-Olsen. Un adolescent de 14 ans est retrouvé avec les papiers d'un fonctionnaire accusé d'agressions sur mineurs, propulsant Ulrich Thomsen et Zaki Youssef dans une enquête âpre et sombre, typique de l'atmosphère crépusculaire du polar scandinave.

Le scénario n'invente certes pas la roue du genre, mais réussit tout de même à distiller un certain mystère en dépit de quelques clichés inévitables. Le rythme est suffisamment soutenu pour maintenir la curiosité, bien que les rebondissements soient parfois télescopés. Les personnages principaux, campés par les nouveaux visages de la franchise, ne brillent pas par une profondeur psychologique vertigineuse mais remplissent convenablement leur office de faire-valoir à l'intrigue. Une petite touche d'humour grinçant vient d'ailleurs détendre l'atmosphère à quelques rares occasions.

Au rayon des thématiques dérangeantes, on retrouve la pédophilie omniprésente dans l'œuvre d'Adler-Olsen, mais aussi la corruption des élites et le délicat sujet de l'immigration. Ces sujets brûlants sont abordés avec le même regard froid et désabusé que dans les précédents volets de la saga. Un traitement cynique qui fait ce qu'on pourrait appeler « le sel » de cette franchise. Le message n'a donc rien de très subtil, mais colle à l'esprit des romans sources.

D'un point de vue purement réalisationnel, le film s'en tient à une approche relativement sobre et académique, sans réelle prise de risque stylistique marquante. La photographie crépusculaire et les décors ternes collent parfaitement à l'ambiance délétère. Le parti pris d'une réalisation transparente qui se fait oublier, dans le bon sens du terme, permet de se focaliser sur l'essentiel.

Le gros point faible réside indéniablement dans le casting renouvelé à 100%. Car si Ulrich Thomsen et Zaki Youssef s'en sortent plutôt bien dans leurs rôles, une certaine alchimie semble manquer à l'appel par rapport aux précédents films. On peine à s'attacher aux nouveaux Mørck et Assad comme on avait pu le faire avec leurs prédécesseurs Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, visages emblématiques de la franchise.

Au final, L'effet papillon se révèle être une déclinaison honnête mais peu transcendante du style déprimant made in Danemark. Malgré quelques faiblesses inhérentes au renouvellement du casting, le film conserve l'essentiel de ce qui fait le sel de cette saga à la réputation si glauque. Les amateurs du genre s'y retrouveront sans être bouleversés, tandis que les néophytes resteront probablement un peu sur leur faim. Pour ma part, j'ai passé un moment plaisant sans être scotché à mon fauteuil pour autant. Les puristes regretteront sans doute l'absence des anciens acteurs principaux qui manquent cruellement à l'ensemble. Mais ce changement de distribution n'atténue en rien l'esprit résolument maussade de la franchise. Si vous êtes déjà accro au Département V, foncez.

Note : 6 / 10