Après quelques courts-métrages, dont Pile poil, récompensé par un César, le couple Lauriane Escaffre / Yvonnick Muller débarque dans les salles obscures avec un premier long-métrage : Maria rêve.
On y suit Karin Viard, qui interprète une Maria parmi tant d’autres. Maria, c’est le cliché de la femme de ménage Portugaise — qui aurait tout aussi bien pu être gardienne d’immeuble. Son quotidien bien tranquille va être bouleversé par le décès de son employeur, l’obligeant ainsi à trouver un autre travail ; ce qu’elle fera rapidement, dénichant un poste de technicienne de surface à la prestigieuse école parisienne des Beaux-Arts. Là, elle y fera la rencontre de Grégory Gadebois, concierge excentrique et attachant de l’école.
Si le scénario est plombé par l’omniprésence des clichés de comédies romantiques à la française, il s’en écarte cependant sur deux points. Le premier est le fait que Maria est mariée — ici à Philippe Uchan, d’ordinaire bon comédien, mais qui est affublé d’un accent portugais approximatif et inutile — rendant ainsi sa relation avec Grégory Gadebois adultérine et donc incommodante. Le but d’une comédie romantique n’est-il pas que le spectateur se projette dans une relation magnifiée ?
L’autre point de divergence avec la plupart des comédies françaises est cette école des Beaux-Arts, qui devient un personnage à part, central dans le récit. Mais là encore, ce point met le spectateur mal à l’aise ; les réalisateurs étant en équilibre entre deux caricatures. La première étant celle de l’art contemporain prétentieux sans talent, tel que dépeint par les Inconnus en 91 dans leur sketch mettant en scène Juan Romano Chucalescu « destructureur d'intemporalité, modeleur du vide, animateur d'espace ». La seconde est celle, à l’exact opposé, de ce même art contemporain inventif et subversif, élitiste de gauche. On ne sait jamais quel message le duo derrière la caméra souhaite faire passer. Doit-on rire ou s’attendrir de ces personnages ? Au final, aucun d’entre eux n’est vraiment attachant, et le film se déroule sans plaisir, malgré le talent de ses acteurs.
Maria rêve n’est pas un film foncièrement mauvais, donc, mais son manque de parti pris et d’émotion en font un divertissement loin d’être réussi. Surtout, son hommage aux Maria passe assez loin de la réalité avec son côté bobo, pas franchement en adéquation avec la situation des femmes de ménages. Sur des thématiques assez proches, on lui préférera largement Ma part du gâteau, avec la même Karin Viard dans un rôle pas si différent, ou encore le joli Les femmes du 6^e étage, dans lequel l’héroïne ne se nomme pas Maria Rodrigues, comme ici, mais María González…

Note : 4 / 10