Phase IV, unique long-métrage du célèbre graphiste
Saul Bass, est un ovni cinématographique sorti en 1974.
Bass, connu pour ses collaborations avec
Alfred Hitchcock, prend ici les rênes de la réalisation pour explorer le monde fascinant, mais souvent sous-estimé, des fourmis intelligentes.
Ernest D. Hubbs, incarné par
Nigel Davenport, découvre que des fourmis subissent une étrange évolution sous l'influence cosmique. Avec son collègue
James Lesko (
Michael Murphy), ils entreprennent une étude approfondie. Cependant, les fourmis révèlent des capacités surprenantes, défiant toute logique scientifique. Le duo, rejoint par la touchante
Lynne Frederick, se retrouve face à une intelligence bien plus redoutable que prévu.
L'ambition de
Bass est palpable, mais le scénario, bien qu'original, peine à exploiter pleinement son potentiel. L'idée d'une intelligence collective chez les fourmis est intrigante, mais le développement de l'intrigue laisse à désirer. Certaines séquences, notamment celles centrées sur les fourmis, manquent de la finesse visuelle que
Bass a pu apporter à ses affiches iconiques.
Les acteurs, bien que limités en nombre, font preuve d'efficacité.
Nigel Davenport incarne le scientifique dévoué avec une crédibilité palpable, contrastant avec le jeune chercheur plus pragmatique joué par
Michael Murphy.
Lynne Frederick apporte une touche de candeur bienvenue. Les personnages sont bien définis, bien que le développement aurait pu être plus approfondi.
Le film aborde des thèmes intrigants tels que l'évolution, l'intelligence animale, et la coexistence. Cependant, la tentative de communication entre les humains et les fourmis, bien que novatrice, semble forcée. Le message des fourmis, bien que intéressant, peut sembler déroutant et nécessiterait une subtilité accrue.
Sur le plan visuel, le film est une expérience à deux vitesses. Les vastes paysages désertiques de l'Arizona sont capturés magnifiquement, mais les plans rapprochés des fourmis manquent de la maîtrise artistique de
Bass. La technologie de l'époque joue un rôle, mais cela ne dissimule qu'à moitié l'aspect maladroit de certaines scènes.
Phase IV est une expérience cinématographique intrigante, malgré ses imperfections. Le réalisateur apporte sa vision artistique unique, mais la réalisation n'atteint pas toujours les sommets escomptés. Les idées novatrices méritent d'être saluées, mais le résultat final peut laisser certains spectateurs sur leur faim. Un
remake, avec les technologies actuelles, pourrait offrir une opportunité de sublimer les concepts originaux de
Bass.
Note :
6 / 10