Avec , Danny Boyle signe une revisite percutante et viscérale du mythe du zombie. Ce n'est qu'un petit film à petit budget, et pourtant il parvient à marquer durablement les esprits. L'intrigue débute de manière fracassante : un groupe d'activistes libère des singes de laboratoire qui se révèlent être contaminés par un virus dévastateur. En l'espace de quelques semaines, cette menace se propage à toute la Grande-Bretagne, semant chaos et désolation sur son passage. C'est dans ce monde post-apocalyptique que le modeste coursier Jim, interprété par Cillian Murphy, se réveille pour découvrir une ville de Londres déserte et inquiétante. Le scénario de Alex Garland, bien que conventionnel à certains égards, évite habilement la plupart des clichés du genre en introduisant un élément clé : les contaminés sont habités d'une rage folle qui leur permet de se déplacer à toute vitesse. Cette simple idée insuffle un vent de modernité et d'urgence bienvenu dans l'univers zombiesque. Les scènes de confrontation avec ces créatures devenues déraisonnables sont alors d'une intensité rare, loin des hordes titubantes habituelles. Les personnages, s'ils restent globalement minces, sont cependant attachants et campés avec justesse par un casting homogène. Mention spéciale à Brendan Gleeson en patriarche bienveillant et Christopher Eccleston en militaire inquiétant. Le développement limité de ces protagonistes reste un point faible, mais Boyle parvient à nous les rendre proches malgré tout. De plus, il s'autorise quelques poches de respiration contemplatives formant de jolies parenthèses bucoliques au cœur du chaos. aborde également avec intelligence les thèmes de l'effondrement de la civilisation et du retour à l'état de nature. La fable écologique dans laquelle l'homme est dépassé par ses propres créations fait bien évidemment froid dans le dos. Mais le film évite le catastrophisme facile en accordant une place centrale à l'espoir et au lien humain. Sur le plan technique, Boyle fait des merveilles avec son petit budget en optant pour un rendu volontairement crade et une mise en scène aux abords quasi documentaires. L'immersion totale est aussi appuyée par la bande originale énergique et oppressante de John Murphy, devenue culte depuis. La réalisation reste ainsi d'une efficacité redoutable pendant les séquences de tension. S'ils ne marquent évidemment pas un tournant révolutionnaire, les acteurs s'en sortent avec les honneurs, galvanisés par l'énergie communicative du projet. Cillian Murphy campe un héros inattendu et touchant, tandis que Naomie Harris apporte beaucoup de charisme en survivante tenace. En définitive, reste une réussite éclatante qui a su régénérer un genre moribond à l'aube des années 2000. Le souffle punk et désespéré qu'insuffle Danny Boyle à son œuvre la rend inoubliable et incontournable pour les amateurs de frissons. Loin des effets en vase clos des films de zombies classiques, ce petit bijou indépendant insuffle un vent de fraîcheur, d'humanité et de folie bienvenu. Une claque ébouriffante et cathartique.

Note : 8 / 10