30 ans sinon rien
Aux premières heures d'un jour comme les autres, une jeune fille ordinaire de 13 ans, Jenna Rink, fait un vœu fou : devenir une femme à part entière et profiter des joies de la vie adulte. Mais à son réveil, c'est la stupeur ! Son souhait s'est réalisé au-delà de toute espérance. Jenna a bel et bien 30 ans, un emploi, un appart'... et une beauté renversante ! Obnubilée par son nouveau statut de femme, elle se rue tête baissée dans ce monde où tout lui semble permis. Pourtant, au fil du temps, la désillusion gagne du terrain et Jenna réalise qu'en grandissant, elle a perdu de vue l'essentiel. 30 ans sinon rien, le film de Gary Winick mettant en scène la lumineuse Jennifer Garner, nous embarque dans un chassé-croisé réjouissant entre rêves d'ado et réalités de la trentaine. Dans cette comédie légère mais non dénuée de charme, on suit les aventures rocambolesques de Jenna, piégée dans un corps de trentenaire après avoir formulé ce souhait insensé. Le concept n'est certes pas d'une originalité folle, oscillant entre la relecture désuète de Big et les nombreux films sur le fantasme de rajeunir/vieillir d'un coup. Cependant, le scénario parvient à insuffler une fraîcheur et une énergie communicative dans ces ressorts scénaristiques éculés. On prend un réel plaisir à voir Jenna, l'esprit encore puéril, débarquer avec ses mimiques enfantines et son langage ado dans ce monde d'adultes. Ses maladresses et sa candeur ont un petit quelque chose d'attachant qui donne du peps à l'intrigue. Bien que le film retombe parfois dans les clichés de la comédie romantique facile, avec sa meilleure amie jalouse ou son fiancé éconduit, il parvient malgré tout à se démarquer sur certains aspects. Le développement plutôt réussi du personnage principal notamment, qui évolue au fil de ses expériences et prend conscience des responsabilités de l'âge adulte. Un brin moralisateur certes, mais c'est ce qui lui confère une certaine profondeur bienvenue. Les thèmes explorés, comme l'importance de rester soi-même, l'acceptation de son âge ou encore la nostalgie de l'enfance sont traités avec justesse. Sur le plan technique, tout est très télévisuel sans trop de prétention. La mise en scène de Winick reste très classique, avec une photographie aux couleurs vives et une direction d'acteurs peu remarquable. Néanmoins, le film a le mérite d'avoir une identité visuelle plutôt accrocheuse qui colle bien à son ton enjoué. Quant à la bande-son, elle suit parfaitement les tendances de l'époque en mariant habilement pop commerciale et tubes rétro des années 80. La véritable clé de voûte du film reste bien entendu Jennifer Garner. Sortie tout droit de Alias, l'actrice saisit cette opportunité pour déployer toute l'étendue de son talent comique dans un rôle qui lui va comme un gant. Ses mimiques et sa gestuelle sont absolument hilarantes, et elle parvient à incarner cette gamine coincée dans un corps de femme avec beaucoup de nuances et de sensibilité. Sa prestation lumineuse et touchante porte le film à bout de bras. Dans les rôles secondaires, on retiendra le charme un brin pataud de Mark Ruffalo ainsi que les apparitions amusantes de Andy Serkis et Judy Greer. En définitive, 30 ans sinon rien n'a pas la prétention d'être un grand film mais remplit parfaitement son office de comédie légère et divertissante. Un pur plaisir coupable à savourer sans trop se prendre la tête, porté par l'énergie débordante et la fraîcheur jubilatoire de Jennifer Garner. Un film idéal pour une soirée détente réussie devant un bon vieux feel-good movie dans la veine de Freaky Friday ou Lolita malgré moi. Et les plus grincheux se laisseront peut-être même attendrir par cette comédie au charme candide.
Note : 6 / 10
Note : 6 / 10
Vu le 11 octobtre 2014