Le jeune réalisateur français Just Philippot confirme avec Acide qu'il a la science-fiction catastrophe dans le sang, après son premier succès La nuée en 2020. Cette fois, il mise sur le danger climatique des pluies acides pour brosser un tableau apocalyptique de la France en proie au chaos. Portée par un casting séduisant emmené par Guillaume Canet, Lætitia Dosch et la révélation Patience Munchenbach, cette odyssée familiale haute en couleur parvient à installer une ambiance de fin du monde tendue et crédible.

L'intrigue d'Acide dézingue d'entrée : des nuages toxiques laissant échapper des pluies d'acide sulfurique dévastateurs déferlent sur l'Hexagone, forçant la population à une fuite éperdue. C'est dans ce chaos que l'on suit les pérégrinations de Michal, père divorcé blasé joué par Canet, contraint de s'allier avec son ex-femme Élise (Dosch) et leur fille adolescente rebelle Selma (Munchenbach) pour survivre à cette apocalypse écologique. Une course contre la montre haletante s'engage alors pour cette famille dysfonctionnelle…

Si Acide mise sur un concept de pluies acides acérées pour insuffler du danger, le scénario n'en reste pas moins crédible et ancré dans un réalisme plausible. On sent que Philippot s'est renseigné sur le sujet, et s'est contenté d'exagérer le trait, à la manirèe des Dents de la mer qui a multiplié la taille et le danger du requin. Ici, une pluie acide qui va dégrader les récoltes sur le long terme devient ici une pluie d'acide sulfurique particulièrement concentré ! Cela apporte une dimension dramatique qui dépasse le simple divertissement catastrophe. Certes, quelques clichés subsistent, comme les fâcheuses tendances des personnages à prendre des décisions discutables typiques du genre. Mais le rythme maîtrisé et les séquences d'action haletantes compensent largement ces défauts. Ce sentiment d'une nature vengeresse, opressante, n'est pas sans rappeler le très bon En plein feu, sorti l'année précédente, ou, plus récemment, le Règne animal.

Les protagonistes jouent sur les stéréotypes de la famille en crise, ce qui n'empêche pas un développement intéressant au fil de la catastrophe. Canet campe un homme distant mais déterminé, tandis que Dosch apporte de la tendresse en mère inquiète. Mais c'est surtout la jeune Munchenbach qui impressionne en rebelle devenant progressivement plus responsable, offrant une performance nuancée loin des clichés ados.

Au-delà du pur divertissement, Acide reflète des préoccupations écologiques actuelles, avec ces pluies mortelles comme métaphore frappante des conséquences du changement climatique. Sans être moralisateur, le film soulève des questions sur notre responsabilité collective.

C'est sur le plan visuel qu'Acide impressionne le plus. Avec un budget modeste, Philippot crée une ambiance apocalyptique immersive, grâce à une mise en scène tendue, une photographie crépusculaire oppressante et des effets visuels de pluies acides dévastatrices très convaincants. Rien qu'à voir la scène d'action haletante sur le pont, on se dit que le cinéma d'auteur français a de beaux jours devant lui !

Dans l'ensemble, Acide confirme le talent grandissant de Just Philippot pour le cinéma catastrophe à la française. Malgré quelques défauts scénaristiques inhérents au genre, le film parvient à mêler avec brio une intrigue familiale poignante à une prémisse SF haletante, délivrant un métrage clairement supérieur à la moyenne. Visuellement soigné, porté par de bonnes performances, ce survival vaut largement le détour. Une réussite qui donne envie de voir où Philippot ira pêcher son prochain concept apocalyptique !

Note : 7 / 10