Dans l'univers des
thrillers judiciaires,
Affaire non classée — parfois plus connu sous son titre orignal « Class action » — se présente comme un rejeton assez convenu du genre, sorti en 1991 peu après le succès critique et commercial du chef-d'œuvre
Gorilles dans la brume réalisé par
Michael Apted deux ans plus tôt. On est donc en droit d'attendre beaucoup de ce réalisateur anglais reconnu qui a également signé des bijoux comme
Nashville Lady ou
Gorky Park.
Porté par les performances de
Gene Hackman et
Mary Elizabeth Mastrantonio dans les rôles d'un père et d'une fille avocats aux prises avec une affaire tentaculaire, le film s'efforce de tisser un drame familial au cœur d'une intrigue juridique aux allures de critique sociale. Une ambition intéressante sur le papier, malheureusement mal servie par un scénario trop prévisible.
L'histoire met en scène
Jedediah Tucker Ward, brillant avocat réputé pour défendre les causes perdues, et sa fille
Maggie qui lui reproche son égoïsme et son manque d'implication familiale. Une relation père-fille tendue dès les premières minutes, qui n'ira qu'en se dégradant lorsque les deux se retrouveront dans deux camps opposés dans une affaire retentissante contre Argo Corp, un géant de l'automobile accusé d'avoir dissimulé des défauts de fabrication mortels sur un modèle défectueux.
Si le prétexte scénaristique paraît alléchant de prime abord, force est de constater que le traitement manque cruellement de subtilité et d'originalité dès lors qu'on se plonge dans le film. En effet, le scénario tombe régulièrement dans les poncifs du genre, enchaînant les clichés et les rebondissements éculés sans grande surprise. On pense notamment à cette séquence où
Hackman s'emporte de manière grandiloquente à la barre, en bon avocat bagarreur qu'il incarne.
Les personnages manquent également de nuances, se répartissant de manière quelque peu manichéenne entre bons et méchants selon un schéma éculé. Seul le rôle du grand méchant, le PDG véreux campé par l'Australien
Colin Friels, parvient à tirer son épingle du jeu avec une prestation plus nuancée et charismatique.
Au-delà de l'intrigue judiciaire un peu convenue,
Affaire non classée cherche à explorer les rapports complexes entre le père et la fille, qui cristallisent des visions opposées de leur métier d'avocat et des compromis à faire entre carrière et vie privée.
Jedediah, grand défenseur des causes justes, a ainsi délaissé sa famille tandis que
Maggie, spécialisée dans la défense de criminels, mène une vie plus rangée.
Malheureusement, cette dimension plus intime pâtit également d'un traitement superficiel, ne dépassant guère le stade du conflit archétypical entre un père désinvolte et une fille respectueuse des principes. On regrette que le scénario n'ait pas davantage creusé cette veine pour approfondir leurs personnages au-delà des clichés.
Malgré ces faiblesses scénaristiques, le film bénéficie d'une réalisation solide de la part de
Michael Apted, même si celle-ci ne parvient pas à transcender la médiocrité du matériau de base. La photographie soignée du grand
Conrad L. Hall (à qui on doit notamment les images sublimes de
À la recherche de Bobby Fischer ou d'
American beauty) apporte une certaine tenue visuelle à l'ensemble.
Quant aux interprètes, s'ils ne peuvent guère s'illustrer au-delà des limites du scénario convenu, le vétéran
Gene Hackman et la pétillante
Mary Elizabeth Mastrantonio, alors au sommet de sa courte période de gloire après
La couleur de l'argent et
Abyss, font de leur mieux pour insuffler un peu de vie à leurs personnages. Une mission de sauvetage cependant compromise par un dialogue parfois bancal.
Dans l'ensemble,
Affaire non classée se révèle être un
thriller juridique plutôt moyen, sans réelle surprise ni innovation, mais qui se laisse regarder sans déplaisir grâce à son
casting et sa réalisation honnête. Un divertissement correct, mais rapidement oubliable, qui ne marquera pas les annales du genre.
Note :
6 / 10