Cet album, publié en 1980, intervient après le décès de René Goscinny, laissant Uderzo seul aux commandes du duo créatif d'Astérix. La série, qui a déjà connu des succès incontestables, se retrouve face à l'absence de son scénariste emblématique.

L'histoire se déroule dans un village gaulois divisé en deux factions ennemies, dirigées par les chefs Tournedix et Ségrégationnix. Un large fossé sépare les deux moitiés du village. Un conseiller fourbe, Acidenitrix, projette d'utiliser l'intervention des Romains pour asservir l'autre moitié du village. La fille de Ségrégationnix, Fanzine, alerte son amoureux Comix, fils de Tournedix, qui part chercher de l'aide auprès d'Abraracourcix.

Le grand fossé marque une ère nouvelle pour Astérix après le décès de Goscinny, mais malheureusement, ce nouvel épisode n'est pas à la hauteur des précédents. Le fossé semble métaphorique, symbolisant le défi auquel la série est confrontée sans son scénariste chevronné.

Les personnages, autrefois riches en nuances, sont réduits à des caricatures sans profondeur. Les chefs de chaque camp rappellent trop Falbala et Tragicomix, sans la subtilité qui caractérisait les relations dans Astérix légionnaire. Acidenitrix, dénué de visage humain, incarne un méchant trop simpliste pour convaincre.

L'intrigue aurait pu être captivante, mais elle souffre de la simplicité de sa construction. Le running gag du hareng, censé apporter de l'humour, devient plutôt un fardeau, perdant rapidement son effet comique.

Même le style artistique montre des signes de fatigue. Les dessins semblent moins nets, les couleurs délavées et baveuses. C'est un déclin visuel qui s'ajoute aux autres lacunes de l'album.

En conclusion, Le grand fossé est une déception dans l'univers d'Astérix. La simplicité excessive, le manque de profondeur des personnages et l'absence du génie scénaristique de Goscinny créent un fossé entre cet album et les chefs-d'œuvre précédents. Astérix aurait peut-être dû reposer en paix avec son père créateur.

Note : 3 / 10