Julien   Lepage

J.  Lepage
Black & White
Peter Molyneux
2001

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Black & WhiteAu début des années 2000, le studio Lionhead captiva l'imaginaire des gamers avec Black & White, un jeu de stratégie et de gestion déjanté. Dans un paysage vidéoludique alors dominé par les blockbusters tridimensionnels aux intrigues guerrières, ce titre osait une approche originale en nous glissant dans la peau d'une divinité. Le concept était alléchant : incarner un dieu tout-puissant chargé de guider une tribu primitive, tout en éduquant une créature fantastique comme disciple et bras droit. Grâce à une intelligence artificielle relativement poussée pour l'époque, cette dernière apprenait de nos actes de miséricorde ou de cruauté, se muant en un compagnon bienveillant ou malfaisant. Le gameplay offrait une liberté déconcertante. Rien ne nous empêchait par exemple de saisir un villageois pour le lancer dans les airs tel un stupide fétu de paille. Une séquence qui ne manquait jamais de déclencher d'irrésistibles fous rires chez ce gamin de 12 ans que j'étais. Pourtant, au fil des heures, une certaine lassitude s'installait. Si les prémices étaient réjouissantes, les mécaniques de jeu manquaient parfois de profondeur. La gestion des ressources et l'expansion territoriale ne nécessitaient qu'une stratégie rudimentaire. Quant aux affrontements contre les autres divinités contrôlées par l'intelligence artificielle, ils viraient souvent au pugilat de créatures où la dimension divine s'amenuisait. Black & White n'en demeure pas moins une expérience ludique considérable pour l'époque. Un ovni vidéoludique qui, dans la veine du célèbre Les Sims, redéfinissait les contours du jeu de gestion avecune irrévérence réjouissante. Une ambition aussi fascinante que frustrante, à l'image de ces dieux adolescents que nous étions, emplis de bonnes intentions mais bien vite dépassés par nos pulsions puériles.

Note : 7 / 10

Joué le 10 février 2014