• Julien   Lepage

Cocorico, le nouveau film de Julien Hervé, s'annonçait comme une comédie française prometteuse, notamment grâce à la réunion de deux poids lourds du cinéma hexagonal : Christian Clavier et Didier Bourdon. L'idée de voir ces deux acteurs emblématiques partager l'écran pour la première fois avait de quoi susciter l'intérêt des cinéphiles et des amateurs de comédies françaises.

L'histoire se construit autour d'un concept qui a fait ses preuves : la rencontre de deux familles que tout oppose à l'occasion d'un mariage. Alice et François, sur le point de se marier, décident de réunir leurs parents respectifs. Pour pimenter cette rencontre, ils offrent à chacun des tests ADN censés révéler leurs origines ancestrales. Les Bouvier-Sauvage, famille aristocrate, et les Martin, plus modestes, se retrouvent alors confrontés à des résultats pour le moins... inattendus.

Le scénario, bien qu'il repose sur une idée de départ intéressante, peine à se renouveler. On retrouve les ingrédients classiques de la comédie française : choc des cultures, quiproquos et situations embarrassantes. Malheureusement, le film tombe rapidement dans la facilité, multipliant les clichés éculés sur les origines nationales et les classes sociales. Les dialogues, censés être le point fort d'une telle comédie, manquent cruellement de finesse et d'originalité.

Les personnages, caricaturaux à souhait, ne bénéficient pas d'un développement suffisant pour dépasser leur statut de stéréotypes. On aurait aimé voir une évolution plus nuancée, notamment dans la relation entre les deux patriarches incarnés par Clavier et Bourdon. Au lieu de cela, le film se contente de jouer sur les oppositions de façade, sans vraiment creuser les personnalités ou les motivations de ses protagonistes.

Cocorico aborde des thèmes potentiellement intéressants comme l'identité nationale, les préjugés sociaux et les secrets de famille. Cependant, le traitement de ces sujets reste superficiel, se contentant trop souvent de blagues faciles plutôt que d'une véritable réflexion. Le film exsude un chauvinisme franchouillard qui peut paraître déplacé, voire gênant, dans le contexte actuel.

La réalisation de Julien Hervé est correcte, mais sans éclat particulier. Les décors, notamment ceux représentant les intérieurs bourgeois, sont soignés, mais la mise en scène manque de dynamisme et d'inventivité visuelle. La bande-son, quant à elle, se contente d'accompagner l'action sans vraiment marquer les esprits.

Le duo Clavier/Bourdon, qui était l'un des principaux atouts du film sur le papier, se révèle finalement sous-exploité. On sent une certaine alchimie entre les deux acteurs, rappelant par moments leurs meilleures heures, mais celle-ci est desservie par des dialogues mal écrits et des situations trop convenues. Sylvie Testud et Marianne Denicourt, dans les rôles des épouses, font ce qu'elles peuvent avec des personnages peu développés.

En conclusion, Cocorico est une comédie qui ne parvient pas à tenir toutes ses promesses. Malgré quelques moments amusants et une distribution de qualité, le film souffre d'un manque d'originalité et d'une écriture trop souvent paresseuse. Les fans inconditionnels de comédies françaises y trouveront peut-être leur compte, mais les spectateurs en quête d'un divertissement plus fin et plus audacieux risquent de rester sur leur faim.

Note : 5 / 10