• Julien   Lepage

Développé par le créatif américain Neal Agarwal, Infinite craft est un jeu gratuit disponible en ligne depuis mai 2024. Agarwal est déjà connu pour ses sites interactifs ludiques, comme ceux où l'on simule des achats avec la fortune de Bill Gates ou où l'on compare les tailles d’objets stellaires. Avec Infinite craft, il livre ici un jeu de type « god game » qui exploite l’idée de combinaisons élémentaires, un concept qui rappelle des classiques du genre mais teinté de l’humour propre à son créateur. Infinite craft nous propose de fusionner des éléments pour créer des objets toujours plus variés et, parfois, assez loufoques.

Le gameplay est des plus simples, mais terriblement addictif : on commence avec quatre éléments de base — l’eau, la terre, le feu et l’air — pour les combiner entre eux et former de nouveaux éléments. Le plaisir du jeu vient de cette quête sans fin, où chaque nouvelle découverte pousse à essayer d’autres combinaisons, même improbables, et à explorer toujours plus de possibilités. Il faut cependant noter que le jeu est en anglais, un détail qui pourrait freiner certains. Dès le départ, il y a un côté aléatoire et expérimental qui le rend amusant : on peut passer d’une combinaison bien pensée à des résultats absurdes, voire inattendus — et c’est là que l’on reconnaît bien la touche d’Agarwal.

Malgré sa simplicité rafraîchissante, Infinite craft montre rapidement ses limites. Le jeu souffre d’une organisation perfectible : il devient difficile de retrouver ses précédentes découvertes sans un vrai système de tri. À mesure que l'on accumule des éléments, ce manque de structure se fait sentir, rendant l’expérience plus fastidieuse. Certaines combinaisons semblent exister sans réelle logique ou utilité, et il est assez courant de tomber sur des fusions sans queue ni tête (mention spéciale au « DSK-rex » et autres « Titanique »). On sent que l’idée, bien qu’amusante, aurait pu gagner en cohérence.

Le jeu n’a pas non plus d’objectif ou de fin précise, ce qui peut sembler frustrant pour certains joueurs habitués à des structures plus guidées. Infinite craft est avant tout un passe-temps, une curiosité que l’on explore en dilettante. Il ne prend pas la peine de nous diriger ou de nous offrir un parcours particulier, ce qui fait tout son charme, mais peut rapidement sembler lassant. En bref, c’est un jeu où l’on se perd pour le plaisir de la découverte, mais sans réelle récompense autre que celle de voir notre liste d’éléments s’agrandir.

Pour qui connaît l’univers décalé de Neal Agarwal, Infinite craft reste fidèle à son esprit, avec ce brin de loufoquerie propre à ses créations. On y retrouve cette atmosphère légère, sans prise de tête, idéale pour un moment de détente mais qui, au bout de quelques sessions, montre ses limites en termes de contenu et de progression. Dans le même genre, des titres comme Little alchemy et ses suites se révèlent plus aboutis, avec un niveau de profondeur qui pousse à chercher chaque élément avec un peu plus de méthode.

En somme, Infinite craft est un jeu agréable pour passer le temps, mais il manque de fonctionnalités plus abouties pour garantir une expérience durable et cohérente. Un bon petit jeu de création sans prétention, un terrain d’amusement éphémère dans lequel on s’égare volontiers, sans pour autant y retourner très souvent.

Note : 7 / 10