• Julien   Lepage

Plongez dans l'univers sombre et oppressant des Les Langoliers, le chef-d'œuvre de Tom Holland inspiré du roman éponyme de Stephen King. Ce thriller métaphysique haletant nous entraîne dans un voyage cauchemardesque où la réalité se délite face à des forces insondables. À bord d'un vol commercial, un groupe hétéroclite de passagers, menés par l'héroïne Patricia Wettig, se réveille soudain pour découvrir avec effroi que la plupart de leurs compagnons ont mystérieusement disparu. Confrontés à un aéroport fantôme et une ville déserte, ils réalisent bien vite que quelque chose de profondément anormal se joue dans les méandres de l'espace-temps. Leur terrible quête de vérité les mènera à affronter les redoutables Langoliers, d'inquiétantes créatures dévorantes d'un autre âge. Porté par un scénario aussi ambitieux que déroutant, le film excelle à installer une atmosphère de malaise palpable. Si certains éléments du récit semblent parfois confus, le rythme haletant et le mystère omniprésent suffisent à nous tenir en haleine. Les multiples interrogations soulevées par l'intrigue, jamais totalement résolues, alimentent un sentiment d'étrangeté persistant qui colle à la peau. Le casting réunit un joyau d'acteurs talentueux qui insufflent vie et crédibilité à cette galerie de personnages arquetypaux. De la fragile Kate Maberly à l'intrigant Bronson Pinchot, en passant par le tourmenté Mark Lindsay Chapman, chacun apporte sa pierre à l'édifice et participe à tisser des liens émotionnels forts avec le spectateur. Au-delà du simple divertissement, Les Langoliers traite avec une réelle ambition des thèmes chers à King : la confrontation à l'incompréhensible, les failles de la raison, la souffrance psychologique. La méta-métaphore des Langoliers eux-mêmes, ces monstruosités dévorantes qui effacent le passé révolu, ouvre de riches perspectives philosophiques sur le temps et l'oubli. Si la réalisation de Holland ne brille pas par son audace formelle, elle exploite efficacement les moyens modestes du film pour renforcer l'ambiance angoissante. La photographie sobre mais contrastée des intérieurs clos sert admirablement ce huis clos étouffant, tandis que les créatures sont mises en scène avec une simplicité digne d'un film d'épouvante des années 80, à la fois grotesques et effrayantes. Au final, Les Langoliers s'affirme comme une pépite de l'horreur métaphysique horrifique qui, malgré quelques écueils, capte l'essence dérangeante et addictive de l'œuvre du Maître de l'Étrange. Une réussite fascinante qui laisse une marque durable sur le spectateur, à l'image des interrogations sans réponse qui continuent de le travailler bien après le générique. Les amateurs de frissons intellectuels se doivent de parcourir ce voyage halluciné aux confins de l'espace-temps.

Note : 8 / 10