Le conte de la princesse Kaguya
Véritable bijou d'animation, Le conte de la princesse Kaguya était la dernière merveille poétique signée par le regretté Isao Takahata, cofondateur légendaire du studio Ghibli décédé en 2018. Adaptée d'un antique conte japonais du Xe siècle, cette œuvre épurée et contemplative nous entraînait dans un tourbillon d'émotions contrastées, oscillant entre la magie de l'enfance et la froide réalité de l'âge adulte.
Le film débute sur une note enchanteresse digne des plus beaux contes de fées. Un modeste bûcheron découvre par un heureux hasard une minuscule princesse tapie à l'intérieur d'une luisante tige de bambou. Ébloui par cette trouvaille céleste, cet homme humble décide d'élever la petite princesse comme sa propre fille. Dans ce cocon champêtre, l'enfant profite pleinement des joies simples de la vie paysanne, jouant insouciamment avec ses amis au milieu de sublimes paysages bucoliques.
Cependant, poussé par des rêves de grandeur, le père adoptif décide de transformer sa fille d'adoption en une véritable princesse. Kaguya se voit alors arrachée à son doux cocon naturel pour être cloîtrée dans un somptueux palais, où on lui inculque de force les bonnes manières de la noblesse. Une profonde critique sociale affleurait, dénonçant les dérives de l'ambition humaine et les carcans sociaux imposés aux femmes.
C'est à ce stade que le récit prent une tournure nettement plus sombre. La candide Kaguya, autrefois si libre et pleine de vie, se retrouve courtisée par une ribambelle de riches prétendants venus défier son père par des épreuves aussi abracadabrantes que symboliques. Une évidente satire de l'objectification féminine et des traditions désuètes.
Au cœur de cette fable aux accents tragiques se dresse un personnage d'une beauté intérieure et extérieure à couper le souffle. Claire Bardat, son interprète vocale en version française, insuffle à Kaguya une candeur et une noblesse d'âme saisissantes. Son évolution, de la petite fille espiègle à la jeune femme emprisonnée dans les oripeaux de la noblesse, est un véritable tour de force d'écriture et d'interprétation.
Visuellement cependant, je dois avouer que le style d'animation très épuré aux traits simples m'a quelque peu dérouté au départ. Un choix artistique audacieux certes, rappelant les estampes japonaises traditionnelles, mais qui tranche nettement avec la beauté plastique habituelle des autres longs-métrages du studio Ghibli, nettement plus travaillés. J'avais d'ailleurs longuement repoussé la découverte de ce film.
Une fois cette réserve dépassée, force est d'admettre que les paysages tantôt idylliques, tantôt inquiétants, sont sublimés par une palette de couleurs pastels d'une douceur envoutante. Une véritable immersion dans le Japon féodal, renforcée par la magistrale bande originale signée Joe Hisaishi, le compositeur fétiche de Ghibli.
Certes, le rythme parfois trop contemplatif et les transitions brusques entre les séquences peuvent dépayser certains spectateurs peu coutumiers du genre, mais n'est-ce pas là tout le sel d'un conte philosophique que de nous inviter à la réflexion, à prendre le temps d'apprécier les subtilités de l'existence et du passage à l'âge adulte ?
Le conte de la princesse Kaguya est une œuvre d'une profondeur certaine, qui marqua les esprits lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Ce retour aux sources du regretté Takahata, 14 ans après Mes voisins les Yamada, laissa une empreinte forte chez les amateurs du genre, même si son style visuel dérouta peut-être les plus accros au travail d'animation millimétrée de Ghibli.
Note : 7 / 10
Le film débute sur une note enchanteresse digne des plus beaux contes de fées. Un modeste bûcheron découvre par un heureux hasard une minuscule princesse tapie à l'intérieur d'une luisante tige de bambou. Ébloui par cette trouvaille céleste, cet homme humble décide d'élever la petite princesse comme sa propre fille. Dans ce cocon champêtre, l'enfant profite pleinement des joies simples de la vie paysanne, jouant insouciamment avec ses amis au milieu de sublimes paysages bucoliques.
Cependant, poussé par des rêves de grandeur, le père adoptif décide de transformer sa fille d'adoption en une véritable princesse. Kaguya se voit alors arrachée à son doux cocon naturel pour être cloîtrée dans un somptueux palais, où on lui inculque de force les bonnes manières de la noblesse. Une profonde critique sociale affleurait, dénonçant les dérives de l'ambition humaine et les carcans sociaux imposés aux femmes.
C'est à ce stade que le récit prent une tournure nettement plus sombre. La candide Kaguya, autrefois si libre et pleine de vie, se retrouve courtisée par une ribambelle de riches prétendants venus défier son père par des épreuves aussi abracadabrantes que symboliques. Une évidente satire de l'objectification féminine et des traditions désuètes.
Au cœur de cette fable aux accents tragiques se dresse un personnage d'une beauté intérieure et extérieure à couper le souffle. Claire Bardat, son interprète vocale en version française, insuffle à Kaguya une candeur et une noblesse d'âme saisissantes. Son évolution, de la petite fille espiègle à la jeune femme emprisonnée dans les oripeaux de la noblesse, est un véritable tour de force d'écriture et d'interprétation.
Visuellement cependant, je dois avouer que le style d'animation très épuré aux traits simples m'a quelque peu dérouté au départ. Un choix artistique audacieux certes, rappelant les estampes japonaises traditionnelles, mais qui tranche nettement avec la beauté plastique habituelle des autres longs-métrages du studio Ghibli, nettement plus travaillés. J'avais d'ailleurs longuement repoussé la découverte de ce film.
Une fois cette réserve dépassée, force est d'admettre que les paysages tantôt idylliques, tantôt inquiétants, sont sublimés par une palette de couleurs pastels d'une douceur envoutante. Une véritable immersion dans le Japon féodal, renforcée par la magistrale bande originale signée Joe Hisaishi, le compositeur fétiche de Ghibli.
Certes, le rythme parfois trop contemplatif et les transitions brusques entre les séquences peuvent dépayser certains spectateurs peu coutumiers du genre, mais n'est-ce pas là tout le sel d'un conte philosophique que de nous inviter à la réflexion, à prendre le temps d'apprécier les subtilités de l'existence et du passage à l'âge adulte ?
Le conte de la princesse Kaguya est une œuvre d'une profondeur certaine, qui marqua les esprits lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Ce retour aux sources du regretté Takahata, 14 ans après Mes voisins les Yamada, laissa une empreinte forte chez les amateurs du genre, même si son style visuel dérouta peut-être les plus accros au travail d'animation millimétrée de Ghibli.
Note : 7 / 10
Vu le 14 avril 2024
Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage