Les enquêtes du département V : profanation
Souvenez-vous, en 2013, le premier volet des Enquêtes du département V, Miséricorde, nous plongeait dans les méandres d'un thriller scandinave des plus sombres et oppressants. Un an plus tard, le réalisateur Mikkel Norgaard poursuit sur sa lancée avec Profanation, la suite des aventures crépusculaires des inspecteurs Carl Mørck et Assad. Un polar plutôt convenu malgré ses ambitions, qui ne retrouve pas totalement la noirceur si prenante de son aîné.
Après les événements traumatiques de Miséricorde, nos deux compères du Département V se voient cette fois chargés de rouvrir le dossier d'un vieux double meurtre jamais élucidé. Rapidement, leurs soupçons se portent sur un groupe de jeunes issus de la haute société danoise, aux comportements outranciers et déviants. Une plongée grinçante dans les dérives de cette bourgeoisie aisée, entre violences gratuites et psychologies aussi tordues que malsaines.
À ce niveau, le film frappe souvent juste et marque des points. Le scénario creuse avec une certaine justesse ces personnages de « riches pourris gâtés » gangrenés par l'argent et le pouvoir. On apprécie l'ambiance délétère qui se dégage de cette jeunesse dorée pervertie, grâce aussi à une photographie léchée mais poisseuse à souhait. Quelques scènes chocs assez dures, comme une séquence de torture d'une grande violence, viennent d'ailleurs renforcer l'impact de cette descente aux enfers moite.
Mais voilà, comme souvent avec ce type de production « pur produit » à gros budget, Profanation ne parvient pas à éviter certains écueils scénaristiques qui ternissent grandement le plaisir. Rapidement, la machine à rebondissements se grippe et le rythme s'essouffle par moments, avec une enquête au déroulement très convenu, voire téléphoné. Tout semble un peu trop tiré par les cheveux, multipliant les facilités dans une tentative d'instiller du suspense à tout prix.
Pire, on devine très vite tout ou partie des tenants et aboutissants de l'intrigue. Une fois les coupables designés dès la première heure, le film perd alors beaucoup de sa tension au profit d'une fausse énigme sans grand intérêt.
Autre point faible, les personnages semblent globalement moins travaillés que dans Miséricorde. Au point que le duo d'enquêteurs perd un peu de son mordant si savoureux la première fois. Carl Mørck, incarné par Nikolaj Lie Kaas, devient presque une caricature obsessionnelle dépourvue de nuances. Son acolyte Assad, campé par le charismatique Fares Fares, reste trop en retrait cette fois. Seule la nouvelle recrue Rose, interprétée par Johanne Louise Schmidt, apporte un peu de fraîcheur bienvenue au duo.
Qu'à cela ne tienne, la réalisation demeure un atout qui maintient un certain niveau de qualité. Mikkel Nørgaard parvient à installer une ambiance poisseuse avec quelques beaux plans, même si on regrette un certain manque d'inventivité au niveau d'une mise en scène qui reste assez télévisuelle dans son rendu. Un défaut qui émousse encore le souffle du récit par moments.
, c'est surtout son casting très solide qui permet à Profanation de ne pas totalement sombrer. Outre les déjà cités, le film brille par quelques compositions marquantes chez ses jeunes comédiens. Pilou Asbæk, déjà vénéneux chez Nicolas Winding Refn, campe un riche arrogant d'une terrifiante justesse. Même constat pour David Dencik, ou encore la jeune révélation Danica Curcic, bouleversante dans la peau d'une femme brisée par la vie, qui saisirent totalement par leur jeu intense.
Au final, ce deuxième volet demeure un thriller honorable, au demeurant assez plaisant malgré ses défauts. La violence froide et l'ambiance glauque font mouche, mais les facilités scénaristiques et le manque de finesse dans la réalisation émoussent quelque peu le plaisir de voir ce polar sombrer dans la noirceur tant annoncée. Un divertissement à voir pour les amateurs du genre, mais qui reste en-deçà de ses réelles ambitions.
Note : 7 / 10
Après les événements traumatiques de Miséricorde, nos deux compères du Département V se voient cette fois chargés de rouvrir le dossier d'un vieux double meurtre jamais élucidé. Rapidement, leurs soupçons se portent sur un groupe de jeunes issus de la haute société danoise, aux comportements outranciers et déviants. Une plongée grinçante dans les dérives de cette bourgeoisie aisée, entre violences gratuites et psychologies aussi tordues que malsaines.
À ce niveau, le film frappe souvent juste et marque des points. Le scénario creuse avec une certaine justesse ces personnages de « riches pourris gâtés » gangrenés par l'argent et le pouvoir. On apprécie l'ambiance délétère qui se dégage de cette jeunesse dorée pervertie, grâce aussi à une photographie léchée mais poisseuse à souhait. Quelques scènes chocs assez dures, comme une séquence de torture d'une grande violence, viennent d'ailleurs renforcer l'impact de cette descente aux enfers moite.
Mais voilà, comme souvent avec ce type de production « pur produit » à gros budget, Profanation ne parvient pas à éviter certains écueils scénaristiques qui ternissent grandement le plaisir. Rapidement, la machine à rebondissements se grippe et le rythme s'essouffle par moments, avec une enquête au déroulement très convenu, voire téléphoné. Tout semble un peu trop tiré par les cheveux, multipliant les facilités dans une tentative d'instiller du suspense à tout prix.
Pire, on devine très vite tout ou partie des tenants et aboutissants de l'intrigue. Une fois les coupables designés dès la première heure, le film perd alors beaucoup de sa tension au profit d'une fausse énigme sans grand intérêt.
Autre point faible, les personnages semblent globalement moins travaillés que dans Miséricorde. Au point que le duo d'enquêteurs perd un peu de son mordant si savoureux la première fois. Carl Mørck, incarné par Nikolaj Lie Kaas, devient presque une caricature obsessionnelle dépourvue de nuances. Son acolyte Assad, campé par le charismatique Fares Fares, reste trop en retrait cette fois. Seule la nouvelle recrue Rose, interprétée par Johanne Louise Schmidt, apporte un peu de fraîcheur bienvenue au duo.
Qu'à cela ne tienne, la réalisation demeure un atout qui maintient un certain niveau de qualité. Mikkel Nørgaard parvient à installer une ambiance poisseuse avec quelques beaux plans, même si on regrette un certain manque d'inventivité au niveau d'une mise en scène qui reste assez télévisuelle dans son rendu. Un défaut qui émousse encore le souffle du récit par moments.
, c'est surtout son casting très solide qui permet à Profanation de ne pas totalement sombrer. Outre les déjà cités, le film brille par quelques compositions marquantes chez ses jeunes comédiens. Pilou Asbæk, déjà vénéneux chez Nicolas Winding Refn, campe un riche arrogant d'une terrifiante justesse. Même constat pour David Dencik, ou encore la jeune révélation Danica Curcic, bouleversante dans la peau d'une femme brisée par la vie, qui saisirent totalement par leur jeu intense.
Au final, ce deuxième volet demeure un thriller honorable, au demeurant assez plaisant malgré ses défauts. La violence froide et l'ambiance glauque font mouche, mais les facilités scénaristiques et le manque de finesse dans la réalisation émoussent quelque peu le plaisir de voir ce polar sombrer dans la noirceur tant annoncée. Un divertissement à voir pour les amateurs du genre, mais qui reste en-deçà de ses réelles ambitions.
Note : 7 / 10
Vu le 21 mars 2024