Le magicien d'Oz de Victor Fleming sorti en 1939 est incontestablement un classique du cinéma, et est même considéré comme le film le plus vu de tout les temps ! Il est porté par l'interprétation lumineuse de Judy Garland dans le rôle de Dorothy et d'un casting tous azimuts réunissant Frank Morgan, Ray Bolger, Bert Lahr et Jack Haley. Un film devenu culte outre-Atlantique mais qui a quelque peu divisé par ici, notamment en raison des chansons laissées en version originale, ce qui a pu freiner l'immersion des plus jeunes spectateurs pourtant bel et bien visés.

Le scénario reprend les grands principes du roman de L. Frank Baum, paru 35 ans avant Alice au pays des merveilles, et dont il reprend beaucoup d'éléments : une jeune fille, Dorothy, atterrit par magie dans un monde féérique peuplé d'êtres fantastiques, où elle devra accomplir une quête initiatique pour retrouver son foyer. Un schéma narratif convenu donc, alternant les découvertes, numéros musicaux et affrontements avec la terrible sorcière de l'Ouest, comme autant de clichés du genre.

Il faut dire que les personnages manquent parfois de profondeur, se contentant d'incarner des valeurs simples et naïves comme le courage, l'intelligence ou l'humanité. Dorothy, le Bûcheron en fer-blanc, l'Épouvantail sans cervelle et le Lion peureux restent cependant attachants de par leur fraîcheur et l'amitié qui les lie au fil de leurs aventures. Un bel esprit d'équipe insufflé par Judy Garland, impeccable dans son rôle.

Le film véhicule ainsi des thèmes universels comme la force de l'amitié, l'importance de croire en ses rêves ou encore de révéler les qualités qui sommeillent en chacun. De beaux messages pour les générations futures, même si on peut regretter par moments un certain excès de bons sentiments, un peu too much à l'époque (1939 était un année un poil agitée).

D'un point de vue réalisation, Le magicien d'Oz est une réussite, grâce notamment à l'utilisation pionnière du Technicolor qui offre des couleurs chatoyantes contrastant avec le sépia du Kansas natal. Des décors fabuleux savamment mis en scène malgré quelques effets spéciaux assez datés. Le tournage fut d'ailleurs un véritable tour de force, mobilisant pas moins de 5 réalisateurs, 14 scénaristes, 150 décorateurs et plus de 4000 costumes dessinés !

Une production titanesque qui n'empêcha pas quelques accidents, comme ces câbles ayant lâché et blessé les acteurs des singes volants. Ou encore l'incendie ayant grièvement brûlé Margaret Hamilton, la sorcière diabolique, poussant l'équipe à lui affecter deux doublures qui ne furent guère plus épargnées !

Dans l'ensemble, les performances d'acteurs sont très convaincantes, à commencer par Judy Garland dont la voix cristalline porte l'immense tube Over the rainbow. Certains acolytes comme Bert Lahr en costume de lion rugissant dépassent parfois les bornes du surjeu. Quant aux costumes vieillissants évoqués, ceux de la Cité d'émeraude étaient recouverts de gelée pour un rendu scintillant, au grand dam des chevaux qui devaient y figurer !

En conclusion, malgré ses quelques faiblesses liées à son époque, Le magicien d'Oz demeure une œuvre marquante, un classique attachant et visuellement éblouissant qui a influencé de nombreux films par la suite. Un conte initiatique aux nobles valeurs qu'il convient de (re)découvrir, notamment pour les amateurs du roman source. Culte aux États-Unis, moins en France, le film a en tout cas marqué l'histoire.

Note : 4 / 10