• Julien   Lepage

Monstres & Cie, le quatrième long-métrage des studios Pixar, est arrivé sur nos écrans en 2001 avec la promesse d'une aventure monstrueusement divertissante. Réalisé par Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich, ce film d'animation nous plonge dans un univers peuplé de créatures effrayantes, avec les voix de John Goodman et Billy Crystal en têtes d'affiche. Après le succès retentissant de Toy story et de ses suites, les attentes étaient élevées pour cette nouvelle production. Malheureusement, le résultat est loin d'être à la hauteur.

L'histoire se déroule à Monstropolis, une ville peuplée de monstres dont la principale source d'énergie provient des cris des enfants humains. La société Monstres & Cie, dirigée par l'imposant Jacques Sullivent (Sulli) et son acolyte Bob Razowski, est chargée de collecter ces cris en effrayant les bambins pendant leur sommeil. Tout bascule lorsqu'une fillette nommée Bouh s'introduit accidentellement dans leur monde, provoquant la panique générale.

Sur le papier, l'idée de départ est plutôt séduisante. Un monde de monstres qui tire son énergie de la peur des enfants ? Voilà qui promet des situations cocasses et une réflexion intéressante sur nos propres peurs.

Malheureusement, le scénario ne tient pas ses promesses. Après un début prometteur, l'histoire s'essouffle rapidement, se transformant en une succession de péripéties prévisibles et répétitives. La poursuite interminable de Bouh à travers l'usine finit par lasser, et on se surprend à regarder sa montre en espérant que ça se termine.

Les personnages principaux, Sulli et Bob, manquent cruellement de profondeur. Certes, leur amitié est touchante par moments, mais leurs personnalités restent unidimensionnelles. Sulli, le gentil géant maladroit, et Bob, le comique de service, semblent sortir tout droit d'un manuel du parfait duo comique pour enfants. Quant à Bouh, censée être le cœur émotionnel du film, elle ne parvient jamais à dépasser le stade de l'accessoire mignon.

Le film tente d'aborder des thèmes comme la peur de l'inconnu, l'amitié, ou encore la remise en question des préjugés. Mais ces sujets sont traités de manière tellement superficielle qu'ils en deviennent presque insultants pour l'intelligence du spectateur. On est loin de la profondeur et de la subtilité des meilleurs films d'animation.

Côté réalisation, force est de constater que Pixar a mis les petits plats dans les grands. Les 22 décors créés pour le film sont impressionnants, tout comme la fameuse salle des portes qui aurait nécessité la modélisation de 5,6 millions de portes. Les innovations techniques sont également au rendez-vous, avec notamment un nouveau logiciel pour animer les 3 millions de poils de Sulli. Mais toute cette débauche de moyens ne parvient pas à masquer un design des personnages franchement repoussant. Les monstres, censés être attachants, sont en réalité laids et mal proportionnés, à commencer par Bouh et ses yeux démesurés dignes d'un film d'horreur.

La performance vocale de John Goodman et Billy Crystal est correcte, mais rien de plus. Ils font ce qu'ils peuvent avec un matériau de base aussi pauvre, mais on est loin de leurs meilleures prestations. Les voix secondaires se fondent dans la masse, sans réellement marquer les esprits.

En conclusion, Monstres & Cie est une déception majeure dans la filmographie de Pixar. Malgré des chiffres impressionnants, le film peine à convaincre sur le fond comme sur la forme. On est bien loin de la magie et de la poésie des grands classiques Disney.

Note : 3 / 10