Night call
Los Angeles, la ville des rêves et des cauchemars. C'est dans cette jungle urbaine crépusculaire que Night call nous plonge, un thriller grinçant signé Dan Gilroy. Comme son nom l'indique, le film se déroule la nuit, suivant Lou Bloom (un Jake Gyllenhaal absolument renversant), un homme solitaire et mystérieux qui erre dans les rues à la recherche de la prochaine vidéo choc à revendre aux chaînes d'infos en continu.
Caméra au poing, Lou traque sans relâche accidents, crimes et drames humains, prêt à tout pour capter les images les plus crues et morbides. C'est là que réside la grande force du film : dans sa plongée dérangeante au cœur d'un monde où la soif de sensationnalisme n'a plus de limite. Le scénario de Gilroy aurait pu facilement verser dans le cliché du thriller urbain sombre, mais il parvient brillamment à s'en défaire, dénonçant sans concession les dérives d'un système médiatique assoiffé de buzz malsain.
Et quelle meilleure incarnation de cette noirceur que Lou Bloom lui-même? Jake Gyllenhaal campe ce personnage d'une complexité fascinante avec une intensité à couper le souffle. Son interprétation d'un antihéros oscillant entre charisme débordant et froideur glaçante est tout simplement magistrale, et évoque forcément la performance de Christian Bale dans American psycho. On ne peut s'empêcher d'être à la fois captivé et révulsé par son évolution, de paria désespéré à véritable prédateur impitoyable.
C'est d'ailleurs ce qui différencie Night call du cultissime Drive, des mêmes producteurs — ce que vient rappeler l'affiche —, malgré les quelques similitudes évidentes comme les scènes de conduite nocturne particulièrement bien mises en scène. Là où le personnage muet, mais attachant, de Ryan Gosling gardait une certaine humanité, celui de Gyllenhaal se déleste complètement de toute émotion, au point de devenir flippant, surtout dans les dernières scènes d'une violence crue.
Night call explore avec justesse les thèmes de l'ambition à tout prix, de l'éthique journalistique bafouée et de la déshumanisation d'une société obsédée par le voyeurisme morbide. Gilroy dresse un constat sans appel mais nuancé, évitant le piège du manichéisme facile. Les personnages secondaires sont loin d'être en reste, à l'image d'une Rene Russo ultraconvaincante en dirigeante de chaîne d'info prête à tout pour l'audimat.
Sur le plan visuel et sonore, le film frappe juste, mariant avec brio une photographie urbaine crépusculaire à une réalisation nerveuse qui colle au rythme effréné de l'intrigue. La bande son synthétique vintage rend elle aussi un bel hommage aux thrillers des années 80.
Night call n'évite certes pas tous les écueils du genre, mais s'impose comme un thriller âpre, prenant et particulièrement bien ficelé. Une plongée dérangeante et grinçante dans les bas-fonds de la machine médiatique, qui vous laissera une marque durable. À ne rater sous aucun prétexte pour les amateurs de frissons urbains corrosifs !
Note : 8 / 10
Caméra au poing, Lou traque sans relâche accidents, crimes et drames humains, prêt à tout pour capter les images les plus crues et morbides. C'est là que réside la grande force du film : dans sa plongée dérangeante au cœur d'un monde où la soif de sensationnalisme n'a plus de limite. Le scénario de Gilroy aurait pu facilement verser dans le cliché du thriller urbain sombre, mais il parvient brillamment à s'en défaire, dénonçant sans concession les dérives d'un système médiatique assoiffé de buzz malsain.
Et quelle meilleure incarnation de cette noirceur que Lou Bloom lui-même? Jake Gyllenhaal campe ce personnage d'une complexité fascinante avec une intensité à couper le souffle. Son interprétation d'un antihéros oscillant entre charisme débordant et froideur glaçante est tout simplement magistrale, et évoque forcément la performance de Christian Bale dans American psycho. On ne peut s'empêcher d'être à la fois captivé et révulsé par son évolution, de paria désespéré à véritable prédateur impitoyable.
C'est d'ailleurs ce qui différencie Night call du cultissime Drive, des mêmes producteurs — ce que vient rappeler l'affiche —, malgré les quelques similitudes évidentes comme les scènes de conduite nocturne particulièrement bien mises en scène. Là où le personnage muet, mais attachant, de Ryan Gosling gardait une certaine humanité, celui de Gyllenhaal se déleste complètement de toute émotion, au point de devenir flippant, surtout dans les dernières scènes d'une violence crue.
Night call explore avec justesse les thèmes de l'ambition à tout prix, de l'éthique journalistique bafouée et de la déshumanisation d'une société obsédée par le voyeurisme morbide. Gilroy dresse un constat sans appel mais nuancé, évitant le piège du manichéisme facile. Les personnages secondaires sont loin d'être en reste, à l'image d'une Rene Russo ultraconvaincante en dirigeante de chaîne d'info prête à tout pour l'audimat.
Sur le plan visuel et sonore, le film frappe juste, mariant avec brio une photographie urbaine crépusculaire à une réalisation nerveuse qui colle au rythme effréné de l'intrigue. La bande son synthétique vintage rend elle aussi un bel hommage aux thrillers des années 80.
Night call n'évite certes pas tous les écueils du genre, mais s'impose comme un thriller âpre, prenant et particulièrement bien ficelé. Une plongée dérangeante et grinçante dans les bas-fonds de la machine médiatique, qui vous laissera une marque durable. À ne rater sous aucun prétexte pour les amateurs de frissons urbains corrosifs !
Note : 8 / 10
Vu le 2 avril 2024
Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage