Julien   Lepage

J.  Lepage
Pokémon Épée
Shigeru ōmori
2019

Précédent
Suivant
Pokémon ÉpéeGame Freak et Nintendo ont une nouvelle fois réitéré l'expérience Pokémon avec Épée et Bouclier sur la Switch en 2019. Après des années sur les humbles consoles portables 3DS, ce nouvel épisode principale marque l'arrivée tant attendue de la célèbre franchise sur la console de salon de Kyoto. Un petit événement en soi pour une licence au rayonnement planétaire qui célébrait ses 20 ans d'existence. Les attentes des fans étaient donc très élevées concernant ce supposé renouveau tant technique que des mécaniques de jeu.

Dans la région de Galar, aux allures très british, vous êtes un jeune dresseur visant à parcourir le chemin semé d'embûches menant jusqu'au prestigieux tournoi de la ligue Pokémon locale. Votre ambition ? Collectionner et dresser les nombreuses créatures présentes afin de composer l'équipe idéale qui vous mènera à la victoire finale. La bonne vieille recette légendaire est donc une nouvelle fois de mise : parcourir la contrée, gagner les badges des arènes dirigées par des dresseurs d'élite, tout en faisant face à une organisation menaçante bien que franchement ridicule cette fois-ci.

Le gameplay demeure ainsi essentiellement le même que dans les précédents opus, encore très proche des bases posées sur Game Boy en 1996. On capture au fil de l'aventure les petits monstres rencontrés, on les fait évoluer, on leur apprend de nouvelles capacités. Les combats au tour par tour restent évidemment la pièce maîtresse de l'expérience, avec la même vieille gestion des types avantageant ou contrant certaines créatures.

Pokémon est bien parti pour devenir l'un de ces piliers incontournables de l'industrie vidéoludique. Depuis sa création dans les années 90, la recette de ce jeu de capture / collecte puis d'affrontement par équipe de 6 créatures n'a que très peu évolué au fil des générations. Surfant sur une formule devenue culte, les développeurs semblent bien trop frileux pour trop révolutionner les bases d'un succès populaire à la longévité record.

Épée et Bouclier sont une nouvelle fois de cette veine un peu trop familière. L'épisode amène certes quelques nouveautés de gameplay sympathiques comme les raids Dynamax, où l'on affronte des Pokémons géants en multi. Mais rien de vraiment transcendant qui marquerait un virage salvateur pour la franchise. Dans l'ensemble, l'expérience proposée reste très proche des précédents volets. Au point que j'ai rapidement ressenti à la fois une certaine lassitude, mais également un doux sentiment de retrouvailles avec ce gameplay familier qui m'avait tant charmé gamin.

Malgré ses défauts récurrents — scénario anecdotique bourré de clichés, univers un peu trop fades, progression linéaire — la mécanique de jeu de Pokémon reste aussi addictive qu'attachante près de 25 ans après sa naissance. Épée et Bouclier combleront sans peine les vieux briscards comme moi, notamment grâce à une nouvelle génération de créatures plutôt réussie sur le plan du design. Les jeunes néophytes pourront pour leur part facilement se laisser charmer par cet univers coloré au gameplay simple mais profond.

Reste que sur le plan technique, l'épisode fait franchement pâle figure comparé aux autres grosses productions de la console Nintendo. Visuellement datés, les décors manquent cruellement de variétés tandis que les animations semblent bâclées par endroits. Une impression renforcée par l'aspect étriqué de certaines zones qui tranche avec la fausse impression d'un monde ouvert pourtant promise. Un énorme bémol qui aura sûrement refroidi les attentes de ceux qui, comme moi, espéraient une véritable révolution pour la franchise sur cette machine plus puissante.

La magie de la capture et de la stratégie inhérentes à la série demeure intense, portée par un level design très bien huilé permettant aux combats de rapidement prendre une tournure tactique prenante. Reste cependant un jeu clairement destiné aux plus jeunes, en témoigne une difficulté très mal jaugée. En effet, j'ai fini le jeu sans forcer en une dizaine d'heures, avec pour seul pokémon en proche, ou presque, un Bourrinos qui battait chacun des ennemis rencontrés en une seule ruade. Rien de bien palpitant, donc.

Que les futurs développeurs du jeu se rassurent cependant : nul doute que la communauté des dresseurs restera au rendez-vous, prête à se laisser charmer une fois encore par ce bestiaire foisonnant de bestioles à attraper.

Note : 7 / 10

Joué le 28 janvier 2021

Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage