Raoul Taburin
Tiré de la célèbre bande dessinée de Sempé, Raoul Taburin est une comédie tendre et poétique réalisée par Pierre Godeau en 2018. Ce long-métrage nous embarque dans l'univers fantasque d'un homme aussi attachant que maladroit, dépeint avec une délicatesse rare. Sempé lui-même fut charmé par cette adaptation fidèle à son œuvre, saluant la justesse avec laquelle le film a su capturer l'esprit mélancolique et enfantin de son histoire.
L'intrigue suit les péripéties de Raoul (Benoît Poelvoorde), un réparateur de vélos complexé par son inaptitude à en faire. Une véritable malédiction pour cet homme dont le métier consiste à remettre sur les routes les deux-roues de son village ! Sa femme Josette (Suzanne Clément) et son ami photographe (Édouard Baer) l'entourent d'un amour bienveillant, sans soupçonner la gravité du trouble qui le ronge. Car Raoul doit conjuguer avec sa phobie tout en préservant l'image d'un expert auprès des habitants.
Le scénario, d'une simplicité désarmante, creuse avec justesse les profondeurs d'un personnage en apparence anodin. Une anecdote raconte que Sempé aurait eu l'idée en voyant un gamin tomber de son vélo encore et encore, avec une perpétuelle mauvaise foi. On suit avec tendresse les atermoiements de ce piètre cycliste, qui déploie des trésors d'ingéniosité pour masquer son trouble. Les situations rocambolesques s'enchaînent avec une fraîcheur jubilatoire, portées par la narration empreinte de la poésie mélancolique signature de Sempé.
Les personnages, bien que familiers, gagnent en épaisseur au fil du récit. Raoul, ce héros positivement anti-héroïque, nous touche par sa vulnérabilité et sa bienveillance. Son incapacité à tenir sur un vélo n'entame en rien sa générosité et son dévouement aux autres. Autour de lui gravitent des figures attachantes, de l'épouse aimante à l'ami bourru, en passant par une galerie de bambins espiègles. Un enchaînement de rencontres qui tisse les liens d'une communauté chaleureuse et accueillante, à l'image des doux villages de papier imagés par Sempé.
Au-delà du thème de l'imposture, Raoul Taburin nous invite à une réflexion tendre sur nos failles et nos rêves inassouvis. Avec une empathie rare, le film nous murmure que nos petites lâchetés, nos mensonges par omission, n'entament en rien notre valeur profonde. Un message d'humanité délivré avec pudeur, dans un écrin de douceur visuelle rappelant les gouaches naïves du dessinateur.
La réalisation émaille le tout d'une précieuse économie de moyens, à l'image du trait épuré de Sempé. Pas de fioritures grandiloquentes, juste un regard attentionné sur les gestes du quotidien et les paysages bucoliques d'un village fantasmé. Une esthétique minimaliste en phase avec l'esprit de l'œuvre source, qui aurait pu dater d'hier comme d'il y a 50 ans.
Dans ce conte contemporain aux accents naïfs, Benoît Poelvoorde offre une composition luminescente, oscillant entre comique tendre et gravité contenue avec un naturel désarmant. Une performance d'autant plus remarquable que l'acteur n'a pas hésité à réapprendre à faire du vélo spécialement pour le rôle ! Édouard Baer et Suzanne Clément forment avec lui un trio d'une justesse renversante, épaulés par une ribambelle de jeunes comédiens pétillants.
En définitive, Raoul Taburin nous berce de son charme espiègle, nous conviant à un voyage réjouissant dans un monde de douceur et de fantaisie un brin surannée. Un film comme on n'en fait plus guère, où la poésie de l'instant prime sur le rythme trépidant. Une ode à la tendresse des rapports humains, déclinée sur le ton de l'enfance avec malice et gourmandise. De quoi se régaler, l'âme en liesse, au souffle vivifiant de cette œuvre aussi drôle que mélancolique. Un bijou de poésie buissonnière à savourer les yeux grand ouverts !
Note : 7 / 10
L'intrigue suit les péripéties de Raoul (Benoît Poelvoorde), un réparateur de vélos complexé par son inaptitude à en faire. Une véritable malédiction pour cet homme dont le métier consiste à remettre sur les routes les deux-roues de son village ! Sa femme Josette (Suzanne Clément) et son ami photographe (Édouard Baer) l'entourent d'un amour bienveillant, sans soupçonner la gravité du trouble qui le ronge. Car Raoul doit conjuguer avec sa phobie tout en préservant l'image d'un expert auprès des habitants.
Le scénario, d'une simplicité désarmante, creuse avec justesse les profondeurs d'un personnage en apparence anodin. Une anecdote raconte que Sempé aurait eu l'idée en voyant un gamin tomber de son vélo encore et encore, avec une perpétuelle mauvaise foi. On suit avec tendresse les atermoiements de ce piètre cycliste, qui déploie des trésors d'ingéniosité pour masquer son trouble. Les situations rocambolesques s'enchaînent avec une fraîcheur jubilatoire, portées par la narration empreinte de la poésie mélancolique signature de Sempé.
Les personnages, bien que familiers, gagnent en épaisseur au fil du récit. Raoul, ce héros positivement anti-héroïque, nous touche par sa vulnérabilité et sa bienveillance. Son incapacité à tenir sur un vélo n'entame en rien sa générosité et son dévouement aux autres. Autour de lui gravitent des figures attachantes, de l'épouse aimante à l'ami bourru, en passant par une galerie de bambins espiègles. Un enchaînement de rencontres qui tisse les liens d'une communauté chaleureuse et accueillante, à l'image des doux villages de papier imagés par Sempé.
Au-delà du thème de l'imposture, Raoul Taburin nous invite à une réflexion tendre sur nos failles et nos rêves inassouvis. Avec une empathie rare, le film nous murmure que nos petites lâchetés, nos mensonges par omission, n'entament en rien notre valeur profonde. Un message d'humanité délivré avec pudeur, dans un écrin de douceur visuelle rappelant les gouaches naïves du dessinateur.
La réalisation émaille le tout d'une précieuse économie de moyens, à l'image du trait épuré de Sempé. Pas de fioritures grandiloquentes, juste un regard attentionné sur les gestes du quotidien et les paysages bucoliques d'un village fantasmé. Une esthétique minimaliste en phase avec l'esprit de l'œuvre source, qui aurait pu dater d'hier comme d'il y a 50 ans.
Dans ce conte contemporain aux accents naïfs, Benoît Poelvoorde offre une composition luminescente, oscillant entre comique tendre et gravité contenue avec un naturel désarmant. Une performance d'autant plus remarquable que l'acteur n'a pas hésité à réapprendre à faire du vélo spécialement pour le rôle ! Édouard Baer et Suzanne Clément forment avec lui un trio d'une justesse renversante, épaulés par une ribambelle de jeunes comédiens pétillants.
En définitive, Raoul Taburin nous berce de son charme espiègle, nous conviant à un voyage réjouissant dans un monde de douceur et de fantaisie un brin surannée. Un film comme on n'en fait plus guère, où la poésie de l'instant prime sur le rythme trépidant. Une ode à la tendresse des rapports humains, déclinée sur le ton de l'enfance avec malice et gourmandise. De quoi se régaler, l'âme en liesse, au souffle vivifiant de cette œuvre aussi drôle que mélancolique. Un bijou de poésie buissonnière à savourer les yeux grand ouverts !
Note : 7 / 10
Vu le 8 février 2021