Sans filtre
Sans filtre, réalisé par Ruben Östlund et sorti en 2022, nous plonge dans un univers où la superficialité et les stéréotypes sociaux sont passés au crible avec un humour décapant. Ce film, à la fois satirique et captivant, explore les méandres des relations humaines au sein d'un contexte de luxe et d'excès.
Le film se divise en trois parties, chacune explorant une facette différente de la société contemporaine. La première met en scène Carl, un mannequin, qui passe un casting, et à qui le jury demande de détendre les muscles entre les sourcils ; zone connue sous le nom de « triangle de la tristesse » — le titre originaldu film. On fait ensuite la connaissance plus approfondie de Carl et de sa compagne Yaya, mannequin elle aussi. La seconde partie nous embarque à bord d'un yacht peuplé de milliardaires excentriques, offrant une satire grinçante de l'élite sociale. Enfin, la troisième partie nous transporte sur une île déserte, confrontant les personnages à une réalité dépouillée de leurs privilèges.
La trame narrative de Sans filtre excelle dans sa diversité tonale. Si la première partie, centrée sur le couple Carl et Yaya, peut sembler moins intrigante, elle jette néanmoins les bases d'une critique sociale pointue, avec ce couple superficiel, obsédés par leur image et leurs réseaux sociaux. La deuxième partie, la plus comique, caricature avec brio les excès et l'absurdité de la vie des riches. La référence à Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été de 1974, est évidente. Dans ce film, une femme riche se retrouve isolée sur une île déserte avec l'employé d'un yacht. Une inversion des sexes, donc, mais une conclusion équivalente : dans ces conditions-là, un compte en banque bien plein et une Rolex au poignet ne servent pas à grand-chose.
Les acteurs, bien que peut-être moins connus, se révèlent être des choix judicieux. Le couple interprété par Harris Dickinson et feue Charlbi Dean offre une performance efficace, mais ce sont surtout Woody Harrelson, Zlatko Burić, et Dolly De Leon qui volent la vedette. Chacun incarne avec brio des personnages excentriques et caricaturaux, ajoutant une profondeur inattendue à l'ensemble.
Le film n'hésite pas à aborder des thèmes complexes tels que le matérialisme, la superficialité, et la déconnexion de la réalité au sein des classes privilégiées. L'île déserte devient un microcosme où les valeurs humaines et les compétences techniques prennent le dessus sur la richesse matérielle. La satire pointe également du doigt le capitalisme tout en ne ménageant pas le communisme, offrant ainsi une critique nuancée.
La réalisation de Ruben Östlund est à saluer. La diversité des tons et des décors est bien maîtrisée, tout en maintenant un rythme captivant. La direction, la photographie et d'autres aspects techniques sont solides, contribuant à la réussite de l'ensemble.
Sans filtre est une comédie détonante et acerbe qui réussit à être à la fois divertissante et intellectuellement stimulante. Le film a d'ailleurs été auréolé d'une palme d'Or, qui montre que le festival de Cannes a bien changé, et récompense depuis quelques années des films réellement intéressants.
À noter, pour l'annecdote — et ce n'est pas courant ! — que le croate Zlatko Burić, le français Jean-Christophe Folly et la suissesse Sunnyi Melles se doublent eux-mêmes. Un choix étonnant, qui a pour résultat une version française parfois un peu étrange, mais c'est habituel chez Hervé Icovic…
Note : 7 / 10
Le film se divise en trois parties, chacune explorant une facette différente de la société contemporaine. La première met en scène Carl, un mannequin, qui passe un casting, et à qui le jury demande de détendre les muscles entre les sourcils ; zone connue sous le nom de « triangle de la tristesse » — le titre originaldu film. On fait ensuite la connaissance plus approfondie de Carl et de sa compagne Yaya, mannequin elle aussi. La seconde partie nous embarque à bord d'un yacht peuplé de milliardaires excentriques, offrant une satire grinçante de l'élite sociale. Enfin, la troisième partie nous transporte sur une île déserte, confrontant les personnages à une réalité dépouillée de leurs privilèges.
La trame narrative de Sans filtre excelle dans sa diversité tonale. Si la première partie, centrée sur le couple Carl et Yaya, peut sembler moins intrigante, elle jette néanmoins les bases d'une critique sociale pointue, avec ce couple superficiel, obsédés par leur image et leurs réseaux sociaux. La deuxième partie, la plus comique, caricature avec brio les excès et l'absurdité de la vie des riches. La référence à Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été de 1974, est évidente. Dans ce film, une femme riche se retrouve isolée sur une île déserte avec l'employé d'un yacht. Une inversion des sexes, donc, mais une conclusion équivalente : dans ces conditions-là, un compte en banque bien plein et une Rolex au poignet ne servent pas à grand-chose.
Les acteurs, bien que peut-être moins connus, se révèlent être des choix judicieux. Le couple interprété par Harris Dickinson et feue Charlbi Dean offre une performance efficace, mais ce sont surtout Woody Harrelson, Zlatko Burić, et Dolly De Leon qui volent la vedette. Chacun incarne avec brio des personnages excentriques et caricaturaux, ajoutant une profondeur inattendue à l'ensemble.
Le film n'hésite pas à aborder des thèmes complexes tels que le matérialisme, la superficialité, et la déconnexion de la réalité au sein des classes privilégiées. L'île déserte devient un microcosme où les valeurs humaines et les compétences techniques prennent le dessus sur la richesse matérielle. La satire pointe également du doigt le capitalisme tout en ne ménageant pas le communisme, offrant ainsi une critique nuancée.
La réalisation de Ruben Östlund est à saluer. La diversité des tons et des décors est bien maîtrisée, tout en maintenant un rythme captivant. La direction, la photographie et d'autres aspects techniques sont solides, contribuant à la réussite de l'ensemble.
Sans filtre est une comédie détonante et acerbe qui réussit à être à la fois divertissante et intellectuellement stimulante. Le film a d'ailleurs été auréolé d'une palme d'Or, qui montre que le festival de Cannes a bien changé, et récompense depuis quelques années des films réellement intéressants.
À noter, pour l'annecdote — et ce n'est pas courant ! — que le croate Zlatko Burić, le français Jean-Christophe Folly et la suissesse Sunnyi Melles se doublent eux-mêmes. Un choix étonnant, qui a pour résultat une version française parfois un peu étrange, mais c'est habituel chez Hervé Icovic…
Note : 7 / 10
Vu le 10 janvier 2024