Les Éblouis, réalisé par Sarah Suco, est un film qui a su capter mon attention dès les premières minutes. Avec un casting solide comprenant Camille Cottin et Jean-Pierre Darroussin, cette œuvre aborde un sujet délicat et peu traité dans le cinéma français : l'emprise sectaire sur une famille. L'histoire nous plonge dans la vie de Camille, une jeune fille passionnée de cirque, dont les parents décident de rejoindre la Confrérie de la Colombe, une communauté religieuse aux dérives sectaires. Prise au piège de cet ordre dirigé par le Berger, Camille devra lutter pour préserver sa passion et protéger ses frères et sœurs. Le scénario, inspiré de l'histoire personnelle de la réalisatrice, confère au film une authenticité indéniable. Bien que certaines scènes puissent paraître ahurissantes, elles sont toutes ancrées dans le vécu de Sarah Suco. Toutefois, le début du film est légèrement hésitant, et il faut un certain temps pour comprendre comment cette famille en est arrivée à intégrer cette communauté. Les personnages des Éblouis sont complexes et bien développés, en particulier celui de Camille, interprétée par Céleste Brunnquell. Cette jeune actrice réussit à transmettre avec justesse les émotions et les tourments de son personnage, tiraillé entre son désir de liberté et sa loyauté envers sa famille. Les personnages secondaires, tels que les parents de Camille et le Berger, sont également bien écrits et contribuent à l'immersion dans l'univers de la secte. Le film aborde plusieurs thèmes forts, tels que l'emprise sectaire, la perte de repères et la quête de liberté. Les Éblouis dénonce les dérives de certaines communautés religieuses et met en lumière les conséquences désastreuses de leur emprise sur les familles et les enfants. Le film invite également à la réflexion sur la notion de consentement et la responsabilité individuelle face à l'endoctrinement. Sarah Suco signe ici une réalisation soignée et maîtrisée, qui témoigne d'un véritable talent de conteuse. La photographie du film, signée Yves Angelo, est particulièrement réussie et confère aux Éblouis une atmosphère singulière et intemporelle. La bande-son, composée de chants troublants et apaisants, renforce l'immersion du spectateur dans l'univers de la secte. Les acteurs des Éblouis offrent des performances remarquables, à commencer par Céleste Brunnquell, qui incarne avec justesse et intensité le personnage de Camille. Camille Cottin, dans le rôle de la mère dévouée à la communauté, livre une prestation impressionnante et bouleversante. Jean-Pierre Darroussin, quant à lui, campe un Berger terrifiant de froideur et de force tranquille. En somme, Les Éblouis est un film poignant et percutant qui aborde avec justesse et authenticité le sujet délicat des dérives sectaires. Bien que certaines imperfections soient présentes, notamment dans la première partie du film, les performances des acteurs et la réalisation soignée en font une œuvre marquante. Je recommande vivement ce film à tous ceux qui s'intéressent au cinéma engagé et aux drames sociaux. Une anecdote intéressante autour du film : Sarah Suco a elle-même grandi au sein d'une communauté religieuse aux dérives sectaires. C'est en puisant dans ses souvenirs et en s'inspirant de son vécu qu'elle a réussi à créer un film aussi authentique et percutant. Les Éblouis est donc, en quelque sorte, une forme de thérapie pour la réalisatrice, qui a su transformer ses expériences personnelles en une œuvre cinématographique forte et émouvante.

Note : 7 / 10