Avec Le bonheur des uns..., Daniel Cohen signe une comédie grinçante sur l'amitié et la jalousie, portée par un joli casting. Si le film pèche parfois par son côté trop théâtral, il n'en reste pas moins un régal jubilatoire. L'intrigue suit deux couples d'amis, liés depuis des années. Jusqu'au jour où Bérénice Bejo, la discrète du groupe, annonce la sortie prochaine de son roman à succès. Véritable coup de massue pour ses proches, qui commencent à nourrir une jalousie dévorante. Florence Foresti incarne l'amie caviar un brin grande gueule, tandis que Vincent Cassel campe le mari macho lambda. Quant à François Damiens, il joue à la perfection le pote sympa mais un peu boulet. Le scénario de Cohen fait mouche en dépeignant avec justesse les petites bassesses qui peuvent ronger les relations. On rit jaune devant ces réactions puériles, clichés supposément dépassés qui refont pourtant tristement surface. Les personnages sont certes caricaturaux, mais n'en sont que plus crédibles dans leur humanité désarmante. L'intrigue évolue au ralenti, à l'image de la longue désillusion à l'œuvre. Le parti pris théâtral, hérité de la pièce dont est tiré le film, se ressent parfois trop. Certaines scènes comme l'ouverture au restaurant, aussi savoureuses soient-elles, manquent un peu de naturel à l'écran. Cela n'empêche pas le quatuor principal de briller, chacun dans un registre différent. Bérénice Bejo est terriblement attachante en gentille naïve, quand Florence Foresti excelle dans l'insupportable. Vincent Cassel aussi étonne en machiste bas du front. Ce petit théâtre des émotions humaines, entre rires grinçants et tristesse, fait beaucoup de bien. Le bonheur des uns... mérite d'être vu, ne serait-ce que pour se rappeler qu'on n'est pas à l'abri nous-mêmes d'un peu de jalousie déplacée.

Note : 6 / 10