Narco, réalisé par le duo Aurouet-Lellouche, est un film qui avait tout pour sortir des sentiers battus et offrir une expérience cinématographique unique. Avec un casting prometteur mené par Guillaume Canet et Benoît Poelvoorde, le film nous plonge dans l'univers de Gustave Klopp, un narcoleptique dont les rêves sont peuplés de héros tirés de son imagination débordante. Malheureusement, le film ne parvient pas à exploiter pleinement son potentiel et laisse un goût d'inachevé. Le film démarre sur les chapeaux de roue en nous présentant Gustave, un anti-héros attachant interprété avec justesse par Guillaume Canet. Atteint de narcolepsie, il sombre dans un sommeil profond dès que ses émotions sont trop fortes. Cette particularité nous entraîne dans son monde intérieur peuplé de personnages hauts en couleur, inspirés des films de série B dont son père est friand. L'idée est brillante et les premières minutes du film sont prometteuses. Cependant, le scénario peine à tenir ses promesses. Les réalisateurs semblent s'être auto-censurés, bridant leur créativité et leur audace. Le film manque cruellement de folie et de délire, alors même que le sujet s'y prêtait. Les quelques éclats de rire sont rapidement étouffés par une platitude décevante. Même la "grosse surprise" du film, censée apporter un twist inattendu, tombe à plat. Les personnages, quant à eux, sont bien campés mais manquent de développement. Gustave, malgré sa pathologie intéressante, reste en surface. Son père, fan de Sinatra et adepte de la paresse, aurait mérité d'être plus exploité. Lenny Bar, interprété par un Benoît Poelvoorde en grande forme, est sans doute le personnage le plus réussi du film. Il apporte une touche d'humour noir et de sadisme qui tranche avec la douceur ambiante. Le film aborde des thèmes intéressants tels que la maladie, la solitude et l'amitié, mais ne les approfondit pas suffisamment. La narcolepsie, par exemple, aurait pu être un sujet plus exploré, offrant ainsi une dimension plus dramatique au film. Mais le duo Aurouet-Lellouche préfère survoler ces sujets, ne les utilisant que comme prétexte à l'intrigue. La réalisation, quant à elle, est plutôt réussie. La narration est claire, malgré quelques flashbacks, et les reconstitutions du monde intérieur de Gustave sont visuellement réussies. La bande-son, avec ses références à Sinatra, apporte une touche nostalgique qui colle bien à l'ambiance du film. En ce qui concerne les performances d'acteurs, Guillaume Canet est crédible dans son rôle de narcoleptique paumé. Benoît Poelvoorde, comme à son habitude, offre une prestation burlesque et décalée. Le reste du casting, bien que talentueux, est sous-exploité. En conclusion, Narco est un film qui avait un potentiel énorme mais qui ne l'exploite pas assez. Le scénario manque de folie, les personnages sont sous-développés et les thèmes abordés sont survolés. Reste une réalisation soignée et quelques éclats de rire, mais cela ne suffit pas à faire de Narco une comédie marquante. On est loin du panthéon du grand cinéma français, et c'est bien dommage. Si vous cherchez une comédie décalée et originale, tournez-vous plutôt vers "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" ou "Delicatessen", qui eux, ont su exploiter leur potentiel jusqu'au bout.

Note : 4 / 10