Annie Hall débarque en 1977, et Woody Allen nous livre un film inclassable, mi-comédie romantique, mi-autofiction où il se met en scène avec une grande dose d'autodérision. L'attente est forte autour de cette nouvelle réalisation du cinéaste new-yorkais après les succès des Woody et les robots et Guerre et amour.

Woody Allen incarne ici Alvy Singer, jeune humoriste névrosé de la Grosse Pomme qui se remémore sa relation tumultueuse avec Annie Hall, interprétée par l'iconique Diane Keaton. On suit ce couple d'originaux, des premières rencontres fortuites au feu de la passion amoureuse, en passant par les séparations à répétition. Un récit décousu et éclaté, où les sauts dans le temps se mêlent aux apartés drolatiques d'Alvy face caméra.

Si l'intrigue reste assez mince, le scénario fait preuve d'une grande inventivité formelle qui deviendra la marque de fabrique d'Allen. Le réalisateur jongle sans cesse avec la narration non-linéaire, n'hésitant pas à intégrer des scènes improbables comme ces personnages issus de célèbres sketchs prenant vie sous nos yeux incrédules ! Une audace déconcertante qui participe au charme unique du film.

Les personnages principaux sont des anti-héros d'une grande tendresse. Alvy, éternel geignard juif au cœur tendre, et Annie, cette artiste fantasque aux multiples contradictions. Tous deux portés par les compositions cultes de leurs interprètes Woody Allen et Diane Keaton.

Le film est surtout un vibrant hommage à New York qui transparait à chaque plan. Une romance dans la ville qui ne dort jamais, où les promenades dans Manhattan deviennent de véritables bouffées d'air frais.

Sur le plan technique, la mise en scène désinvolte et les cadrages inspirés d'Allen impressionnent. Mention spéciale à la bande-originale si reconnaissable de Paul Simon, devenue culte. Ou à la présence iconique de Shelley Duvall en grande prêtresse funky de la mode new-yorkaise !

Malgré quelques bavardages excessifs par moments, Annie Hall reste l'un des chefs-d'œuvre les plus populaires de Woody Allen. Une comédie romantique atypique qui ne tombe jamais dans les clichés éculés du genre. Au-delà du rire, c'est une belle réflexion sur l'amour, l'existence et l'art de survivre avec panache dans la Grosse Pomme dysfonctionnelle. Un film attachant pour les amoureux du style du bonhomme et de la Grosse Pomme.

Ceci étant dit, le film pêche parfois par un certain manque de consistance et de profondeur. Les personnages ont beau être attachants, on ne peut s'empêcher de les trouver un peu superficiels par moments. Et malgré son audace formelle indéniable, le récit finit par tourner quelque peu en rond. C'est drôle, c'est charmant, mais on est loin du chef-d'œuvre révolutionnaire annoncé à sa sortie. Un bon film donc, mais pas le meilleur de la riche filmographie d'Allen selon moi.

Note : 6 / 10