• Julien   Lepage

Dans un petit village gaulois, les héros Astérix et Obélix célèbrent leur anniversaire (depuis qu'Uderzo a décidé qu'ils étaient nés le même jour, en contradiction avec Obélix et compagnie) entourés de leurs mères respectives, Praline et Gélatine. Les génitrices, animées d'une volonté matrimoniale certaine, rêvent de marier leurs fils, mais la tâche s'avère plus compliquée que prévu. Pendant ce temps, à Condate (Rennes), les pères des deux compères, Astronomix et Obélodalix, se retrouvent pris dans les rouages d'une machination ourdie par Pompée, le préfet Bonusmalus et un romain ivre. S'ensuit une trame alambiquée où une tragédienne romaine, Latraviata, se fait passer pour Falbala afin d'infiltrer le village gaulois et récupérer des objets dérobés.

L'idée de départ offre un potentiel intéressant, mais les failles scénaristiques émergent telle une potion magique qui aurait perdu de sa puissance. Comment les Romains peuvent-ils connaître l'inclination d'Obélix pour Falbala, et pourquoi Pompée ressurgit-il alors qu'il avait déjà été vaincu dans Astérix légionnaire ? De plus, la crédibilité de Latraviata en tant que sosie de Falbala est mise à mal par des incohérences flagrantes dans son comportement.

Certains passages sont comparables à une potion mal dosée, en particulier ceux où Astérix erre dans un état second, rappelant les déboires d'autres héros fictifs sous l'emprise de substances étranges. Ces moments détonnent dans un récit qui peine à maintenir une cohérence narrative.

Cependant, l'album offre un éclairage sympathique sur la vie des parents d'Astérix et Obélix à Condate. La découverte de leur quotidien suscite un sourire, mais remet également en question la nécessité de la résistance au sein du village gaulois. Si les parents semblent aussi heureux à Condate qu'au village, la lutte contre l'envahisseur apparaît soudainement vaine, voire contreproductive.

En conclusion, Astérix et Latraviata reste un album correct, mais il trébuche sur des obstacles narratifs qui font regretter l'absence de l'esprit subtil de Goscinny. Malgré cela, la rencontre avec les parents et la plongée dans la vie à Condate apportent une touche légèrement salvatrice à cette aventure gauloise, sans pour autant atteindre les sommets des albums précédents. Une quête où le résultat se situe à mi-chemin entre la potion magique et l'eau tiède.

Note : 5 / 10