Astérix le Gaulois
Astérix le Gaulois, fruit de la collaboration entre le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo, a marqué ses débuts en 1961. Cette bande-dessinée, point d'ancrage initial des aventures d'Astérix et d'Obélix, offre une perspective unique sur la genèse de l'univers qui deviendra emblématique.
L'histoire nous transporte en 50 av. J.-C., après la défaite de Vercingétorix, dans un petit village d'Armorique résistant aux légions romaines. Les irréductibles Gaulois, menés par Astérix et son inséparable ami Obélix, font face à la menace romaine avec une potion magique conférant une force surhumaine.
Le centurion Caius Bonus, déterminé à découvrir le secret de cette potion, envoie l'espion Caligula Minus au village Gaulois. La trame se développe autour de la capture du druide Panoramix et des tentatives romaines pour maîtriser la potion magique, tout en introduisant des éléments humoristiques.
Cet album se dévoile comme un témoin des balbutiements de l'univers Astérix. Les premiers pas de Goscinny et Uderzo révèlent un village en perpétuelle métamorphose, où la cohérence géographique semble jouer à cache-cache avec les auteurs. Les traits des personnages, tels des caméléons, évoluent au fil du récit, reflétant une phase exploratoire des créateurs dans la définition visuelle de leurs héros.
Malgré ce tâtonnement artistique, l'album propose une aventure complète, solide, et teintée d'humour, signature indélébile de l'œuvre. Les gags fusent, nichés dans chaque recoin des cases, dévoilant la patte comique distinctive qui caractérisera les albums à venir. L'efficacité des dessins d'Uderzo, bien que marquée par la jeunesse de l'œuvre, demeure indéniable. Les expressions des personnages et les détails fourmillent avec une vivacité qui transcende les décennies.
Le charme opère malgré la relative brièveté de l'album, laissant une impression de recherche identitaire qui se dissipera dans les albums ultérieurs. Astérix le Gaulois n'est pas seulement une première pierre, mais aussi une pierre angulaire, annonciatrice d'une épopée qui s'épanouira au fil du temps. En somme, une œuvre charmante et précoce qui, même après 60 ans, n'a pas pris une ride. Une lecture qui résonne avec la sagesse du druide Panoramix : le temps peut passer, mais certains breuvages gardent leur saveur.
Note : 7 / 10
Lu le 17 décembre 2023
J̇ulien Leρɑɡe 2022
