Michael Patrick Jann nous embarque dans l'univers délicieusement trash des concours de beauté américains avec Belles à mourir, sorti en 1999. Un casting alléchant réunissant les jeunes Kirsten Dunst; Ellen Barkin, Allison Janney, Denise Richards, et même Amy Adams pour sa première apparition au cinéma, laissait présager d'un régal corrosif. Malheureusement, malgré quelques réussites savoureuses, le film a raté sa sortie et n'a pas su convaincre le public à l'époque, acquérant pourtant un statut de film culte avec les années.

Nous voilà plongés dans le patelin d'une Amérique profonde miné par l'ennui et les usines en tout genre. Seul événement digne de ce nom : le concours annuel de Miss America Junior, où de jeunes oies blanches s'affrontent pour espérer s'extraire de cette réalité étriquée. L'innocente Amber, fille d'une mère alcoolique jouée par une Kirsten Dunst bien dans son élément, représente l'espoir et la vertu face à la machiavélique Becky et sa génitrice un rien barrée Gladys, incarnée par une Kirstie Alley survoltée prête à tout, y compris le meurtre, pour voir sa fille sacrée.

Michael Patrick Jann dresse ainsi une galerie de personnages hauts en couleur pour mieux pointer du doigt les travers d'une société obsédée par l'apparence. Une satire qui, sur le papier, semblait prometteuse mais qui dans les faits peine à convaincre. S'il réussit par moments à nous servir des portraits mordants et savoureux, le film verse trop souvent dans une caricature outrancière qui finit par lasser.

Le scénario, qui fait la part belle aux situations ubuesques comme ces candidates prêtes à s'entretuer, enchaîne ainsi les clichés éculés sur le rêve américain ou la femme-objet. On peine à trouver de vraies surprises ou du mordant, au-delà de ces quelques scènes trop rares. Qu'il tourne en bourrique les stéréotypes ou les archétypes des teen movies, avec ses multiples plans-séquences au rendu presque amateur, le métrage manque cruellement d'audace et de nerf pour marquer les esprits.

Un humour potache et une réalisation plutôt mollassonne n'aident en rien non plus. Seuls les seconds rôles, d'Ellen Barkin déjà citée à l'hilarante Allison Janney en mère comique dépassée par les événements, parviennent véritablement à tirer leur épingle du jeu.

Si on rit par moments, Belles à mourir déçoit donc un brin dans l'ensemble. Cette satire des concours de beauté à l'américaine reste en demi-teinte, n'atteignant pas le statut de film culte qu'on lui prête aujourd'hui, sans doute un peu trop généreusement. Un divertissement plutôt convenu qui, malgré son sujet rassembleur, manque de surprise et de peps pour vraiment marquer les esprits. Dommage pour un film qui avait pourtant tout pour plaire sur le papier !

Note : 3 / 10