Paul Verhoeven nous entraîne ici dans les méandres de l'Italie du 17^e siècle avec son dernier opus, Benedetta. Porté par un casting de choix, dont Virginie Efira, Charlotte Rampling, et Lambert Wilson, le film se dévoile comme une fresque historique teintée d'érotisme et de mysticisme. Contextualisons cette plongée cinématographique dans une époque marquée par la Contre-Réforme en Italie.

Au cœur de la peste qui sévit en Italie, une jeune novice, Benedetta Carlini, fait son entrée au couvent de Pescia. Dès son plus jeune âge, ses miracles façonnent le quotidien des sœurs, mais c'est surtout son éveil sexuel et mystique qui va ébranler les fondements du couvent. Entre visions christiques, relations érotiques, et le doute qui plane, le film nous entraîne dans un tourbillon de questionnements.

Le scénario de Benedetta se dévoile comme une œuvre audacieuse, naviguant entre les scènes dépouillées du couvent et les rues colorées de Pescia. Verhoeven, maître du contraste, explore avec brio les nuances de l'Italie du 17^e siècle. Si certaines visions peuvent sembler peu convaincantes, l'ensemble offre un drame historique riche et foisonnant, dénonçant l'hypocrisie du clergé face à la sexualité. Malgré des moments « visions » moins percutants, le film reste une expérience marquante.

Les acteurs, portés par Virginie Efira, Daphne Patakia, et Louise Chevillotte, offrent des performances remarquables. Benedetta, complexe et ambigüe, échappe à toute classification. Verhoeven joue habilement avec l'ambiguïté, laissant le spectateur dans le doute quant à la nature profonde du personnage. Chacun des protagonistes aurait mérité un développement plus approfondi, mais l'ensemble demeure captivant.

Le film explore la dualité de la foi, du mysticisme, et de la sexualité, et sème le doute, interrogeant la religion et la foi à travers le prisme de la controversée Benedetta. Verhoeven injecte une dose de féminisme inattendue, dépeignant le sexe comme un moyen d'émancipation. Le film évite de fournir des réponses simples, préférant laisser le spectateur perdu dans ses questionnements.

Verhoeven insuffle à Benedetta un souffle épique, alternant entre les scènes austères du couvent et les panoramas lumineux de Pescia. La mise en scène, équilibrée entre le grandiose et l'intime, reflète le talent du réalisateur. Les moments d'humour, de kitsch et d'érotisme s'entremêlent habilement, créant un film qui va au-delà d'une simple narration sur la vie d'une nonne du 17^e siècle.

Benedetta est une expérience cinématographique déroutante et envoûtante. Entre mysticisme, érotisme, et critique de l'Église, le film de Paul Verhoeven ne laisse pas indifférent. Malgré quelques lacunes dans le développement des personnages, l'ensemble offre un spectacle ambitieux qui transcende les attentes. Une plongée sulfureuse à savourer avec émotion et ravissement, et qui s'inscrit avec éclat dans la filmographie audacieuse du réalisateur.

Note : 8 / 10