Blink twice
Blink Twice, premier long métrage de Zoë Kravitz, s’annonçait comme un thriller percutant, avec une promesse de mystère et de tension sur fond de décadence et d’abus de pouvoir. Ce film, dont le casting impressionne avec Channing Tatum, Naomi Ackie, et Geena Davis, se voulait à la croisée des chemins entre Get out et Midsommar, avec une bonne dose de satire sociale. Pourtant, derrière les strass et les bonnes intentions, le film se perd dans une exécution trop plate, manquant cruellement de subtilité et de profondeur pour réellement marquer les esprits.
L’histoire est centrée sur Frida, une jeune serveuse de Los Angeles, fascinée par le magnat de la tech, Slater King. Invitées avec sa meilleure amie sur l’île privée de ce milliardaire charismatique et énigmatique, elles découvrent un monde de luxe, d'excès et de plaisir débridé. Mais rapidement, l’ambiance festive vire au cauchemar : des événements étranges surviennent, Frida doute des intentions de son hôte, et sa meilleure amie disparaît mystérieusement. Le décor est planté : un huis clos insulaire, un magnat corrompu, des invités piégés dans une spirale de décadence et d’angoisse… Tout est là pour un bon thriller. Hélas, le soufflé retombe vite !
Sur le papier, le scénario avait de quoi captiver. Une île paradisiaque qui se révèle être un véritable Enfer, un groupe de riches hédonistes masquant des secrets sordides, et une protagoniste qui découvre peu à peu les dessous d'un monde qu’elle croyait fascinant. Malheureusement, le traitement de ce sujet s’avère aussi superficiel que la vie que le film tente de dénoncer. Là où on espérait une montée en tension progressive, des mystères bien tissés et un climax angoissant, on se retrouve avec une intrigue qui se déroule trop vite, sans jamais vraiment exploiter le potentiel de son cadre.
Les scènes s’enchaînent à une vitesse qui rappelle les codes des plateformes de streaming, avec des plans souvent trop courts et des dialogues minimalistes. On est presque dans un clip musical, où l’esthétique prime sur le développement des personnages et du récit. Ce choix de montage rapide fonctionne peut-être pour garder l’attention des spectateurs zappeurs, mais il tue toute possibilité de suspens ou de mystère. On attend le moment où tout bascule, où l’on sera réellement surpris ou déstabilisé, mais ce moment ne vient jamais.
Les personnages, malgré des prémices intéressants, manquent de profondeur. Frida, incarnée par Naomi Ackie, aurait pu être un personnage fascinant, tiraillée entre admiration pour Slater King et horreur face à ce qu’elle découvre sur lui. Pourtant, son évolution semble précipitée et sans nuance. Quant à Slater King, campé par Channing Tatum, il incarne le cliché du milliardaire en disgrâce, charismatique mais sans réelle complexité. On aurait aimé le voir plus ambigu, plus manipulateur, mais il reste désespérément lisse, tout comme les autres personnages qui gravitent autour de lui.
Le film aborde pourtant des thèmes importants, notamment celui des abus de pouvoir, de la manipulation et des violences sexuelles. Dans un contexte post-#MeToo, ces sujets sont brûlants et méritaient un traitement plus nuancé, plus percutant. Mais Blink twice ne parvient pas à aller au-delà du message évident. Là où des films comme Get out ou Le menu ont su dénoncer les dérives de certaines classes sociales avec finesse et inventivité, Blink twice reste trop explicite, trop appuyé. Chaque indice, chaque métaphore est martelé avec insistance, au point de laisser peu de place à l’imagination du spectateur.
Visuellement, en revanche, Zoë Kravitz démontre une réelle maîtrise de la mise en scène. Les décors luxueux, les villas au bord de l’eau, les fêtes somptueuses, tout est esthétiquement impeccable. La caméra souligne bien l’artificialité de ce monde, captant les détails de la richesse ostentatoire et des excès. Mais ici encore, cette beauté visuelle ne compense pas le manque de tension dramatique. L’île, qui aurait pu devenir un véritable personnage à part entière, reste un simple décor de carte postale, loin de l'atmosphère suffocante d'un Midsommar ou d'un Don't worry darling.
La bande-son, signée Chanda Dancy, apporte une touche intéressante à l’ambiance du film, avec des morceaux inspirés de Stravinsky et de musiques du monde. Elle aurait pu être un atout majeur pour renforcer l’étrangeté de l'île et des situations. Pourtant, tout comme les décors, la musique semble plus décorative que réellement utilisée pour générer de l'angoisse ou du mystère. Elle accompagne les scènes sans jamais prendre une dimension narrative.
Du côté des acteurs, Naomi Ackie s’investit dans son rôle de jeune femme naïve qui se réveille brutalement face à la réalité cruelle de ce monde, mais son personnage manque de complexité pour réellement marquer. Channing Tatum, malgré son charisme, peine à rendre son personnage menaçant ou fascinant. Quant aux seconds rôles, comme Geena Davis ou Haley Joel Osment, ils apportent une touche nostalgique, mais leurs personnages sont trop secondaires pour briller réellement.
En conclusion, Blink twice est un film visuellement séduisant, mais qui échoue à tenir ses promesses narratives. Loin d’être un mauvais film, il reste cependant trop timide pour être le thriller social percutant qu’il prétend être. Avec un tel sujet et un casting de qualité, on s’attendait à un film plus audacieux, plus profond. Mais au final, tout reste en surface, et l’on ressort de ce visionnage avec un sentiment d’inachevé. Zoë Kravitz a sans doute du potentiel en tant que réalisatrice, mais il lui faudra affiner son style et aller plus loin dans ses idées pour vraiment marquer le monde du cinéma.
Note : 5 / 10
L’histoire est centrée sur Frida, une jeune serveuse de Los Angeles, fascinée par le magnat de la tech, Slater King. Invitées avec sa meilleure amie sur l’île privée de ce milliardaire charismatique et énigmatique, elles découvrent un monde de luxe, d'excès et de plaisir débridé. Mais rapidement, l’ambiance festive vire au cauchemar : des événements étranges surviennent, Frida doute des intentions de son hôte, et sa meilleure amie disparaît mystérieusement. Le décor est planté : un huis clos insulaire, un magnat corrompu, des invités piégés dans une spirale de décadence et d’angoisse… Tout est là pour un bon thriller. Hélas, le soufflé retombe vite !
Sur le papier, le scénario avait de quoi captiver. Une île paradisiaque qui se révèle être un véritable Enfer, un groupe de riches hédonistes masquant des secrets sordides, et une protagoniste qui découvre peu à peu les dessous d'un monde qu’elle croyait fascinant. Malheureusement, le traitement de ce sujet s’avère aussi superficiel que la vie que le film tente de dénoncer. Là où on espérait une montée en tension progressive, des mystères bien tissés et un climax angoissant, on se retrouve avec une intrigue qui se déroule trop vite, sans jamais vraiment exploiter le potentiel de son cadre.
Les scènes s’enchaînent à une vitesse qui rappelle les codes des plateformes de streaming, avec des plans souvent trop courts et des dialogues minimalistes. On est presque dans un clip musical, où l’esthétique prime sur le développement des personnages et du récit. Ce choix de montage rapide fonctionne peut-être pour garder l’attention des spectateurs zappeurs, mais il tue toute possibilité de suspens ou de mystère. On attend le moment où tout bascule, où l’on sera réellement surpris ou déstabilisé, mais ce moment ne vient jamais.
Les personnages, malgré des prémices intéressants, manquent de profondeur. Frida, incarnée par Naomi Ackie, aurait pu être un personnage fascinant, tiraillée entre admiration pour Slater King et horreur face à ce qu’elle découvre sur lui. Pourtant, son évolution semble précipitée et sans nuance. Quant à Slater King, campé par Channing Tatum, il incarne le cliché du milliardaire en disgrâce, charismatique mais sans réelle complexité. On aurait aimé le voir plus ambigu, plus manipulateur, mais il reste désespérément lisse, tout comme les autres personnages qui gravitent autour de lui.
Le film aborde pourtant des thèmes importants, notamment celui des abus de pouvoir, de la manipulation et des violences sexuelles. Dans un contexte post-#MeToo, ces sujets sont brûlants et méritaient un traitement plus nuancé, plus percutant. Mais Blink twice ne parvient pas à aller au-delà du message évident. Là où des films comme Get out ou Le menu ont su dénoncer les dérives de certaines classes sociales avec finesse et inventivité, Blink twice reste trop explicite, trop appuyé. Chaque indice, chaque métaphore est martelé avec insistance, au point de laisser peu de place à l’imagination du spectateur.
Visuellement, en revanche, Zoë Kravitz démontre une réelle maîtrise de la mise en scène. Les décors luxueux, les villas au bord de l’eau, les fêtes somptueuses, tout est esthétiquement impeccable. La caméra souligne bien l’artificialité de ce monde, captant les détails de la richesse ostentatoire et des excès. Mais ici encore, cette beauté visuelle ne compense pas le manque de tension dramatique. L’île, qui aurait pu devenir un véritable personnage à part entière, reste un simple décor de carte postale, loin de l'atmosphère suffocante d'un Midsommar ou d'un Don't worry darling.
La bande-son, signée Chanda Dancy, apporte une touche intéressante à l’ambiance du film, avec des morceaux inspirés de Stravinsky et de musiques du monde. Elle aurait pu être un atout majeur pour renforcer l’étrangeté de l'île et des situations. Pourtant, tout comme les décors, la musique semble plus décorative que réellement utilisée pour générer de l'angoisse ou du mystère. Elle accompagne les scènes sans jamais prendre une dimension narrative.
Du côté des acteurs, Naomi Ackie s’investit dans son rôle de jeune femme naïve qui se réveille brutalement face à la réalité cruelle de ce monde, mais son personnage manque de complexité pour réellement marquer. Channing Tatum, malgré son charisme, peine à rendre son personnage menaçant ou fascinant. Quant aux seconds rôles, comme Geena Davis ou Haley Joel Osment, ils apportent une touche nostalgique, mais leurs personnages sont trop secondaires pour briller réellement.
En conclusion, Blink twice est un film visuellement séduisant, mais qui échoue à tenir ses promesses narratives. Loin d’être un mauvais film, il reste cependant trop timide pour être le thriller social percutant qu’il prétend être. Avec un tel sujet et un casting de qualité, on s’attendait à un film plus audacieux, plus profond. Mais au final, tout reste en surface, et l’on ressort de ce visionnage avec un sentiment d’inachevé. Zoë Kravitz a sans doute du potentiel en tant que réalisatrice, mais il lui faudra affiner son style et aller plus loin dans ses idées pour vraiment marquer le monde du cinéma.
Note : 5 / 10
Vu le 30 septembre 2024