Bien que Le Crocodile du Botswanga n'atteigne pas les sommets de Case Départ, il offre néanmoins un divertissement plaisant et une critique mordante des régimes dictatoriaux africains.
Fabrice Eboué et
Thomas Ngijol, le duo comique révélé par le Jamel Comedy Club, forment de nouveau un tandem détonnant. Ngijol campe avec brio le dictateur mégalomane Bobo Babimbi, tandis qu'Eboué incarne avec justesse l'agent véreux Didier. Leur complicité assure de nombreux moments savoureux, comme lorsque Bobo implique Didier dans ses combines délirantes. Le scénario, coécrit avec
Blanche Gardin, emprunte certes aux clichés sur les dictatures africaines, mais les exploite avec une irrévérence réjouissante. Des scènes hautes en couleur, telle que l'accueil de Didier sur les rythmes parodiques de "Ne me quitte pas", confèrent au film un ton potache et jubilatoire. Cependant, le rythme s'essouffle par moments, les rebondissements se faisant parfois trop rares. Le traitement au vitriol de thématiques comme l'accaparation des richesses ou les purges ethniques surprend, mais témoigne d'une audace bienvenue. Ce regard incisif, quoiqu'un brin outrancier, dresse un portrait saisissant des dérives totalitaires. Le film parvient ainsi à faire rire tout en invitant à la réflexion, un équilibre délicat mais réussi. Sur le plan de la réalisation, la mise en scène demeure sobre, se concentrant avant tout sur les situations burlesques et les joutes verbales truculentes. La photographie capte avec justesse les paysages africains, conférant une belle palette visuelle au film. Dans l'ensemble, les performances des acteurs convainquent, à l'image de
Ibrahim Koma en footballeur ingénu ou
Claudia Tagbo en première dame déjantée. Seule ombre au tableau,
Hélène Kuhn en nonne déchaînée est un peu en retrait. Le Crocodile du Botswanga n'est certes pas un chef-d'œuvre, mais il remplit avec brio son office de comédie potache et déjantée. Un divertissement jubilatoire, truffé de répliques savoureuses et d'une verve corrosive bienvenue. Un bon moment de rire, teinté d'une pointe d'irrévérence salutaire. Pour les amateurs de comédies politiques dans la veine de
Prusse et Préjugés ou
Le Président, Le Crocodile du Botswanga est un choix des plus réjouissants.
Note :
7 / 10