Brazil
Dans les recoins labyrinthiques de l'imagination déjantée de Terry Gilliam, se cache un univers où le grotesque côtoie le sublime, où la bureaucratie écrase l'individu, et où les rêves s'entremêlent à la réalité de façon aussi troublante que fascinante. Bienvenue dans le monde de « Brazil », où les ailes d'Icare portent autant vers la libération que vers la chute inéluctable. Dans ce méandre narratif, Sam Lowry, incarné par le toujours impeccable Jonathan Pryce, est un antihéros tragiquement comique, perdu entre les méandres kafkaïens d'une société dystopique et les méandres de son propre esprit tourmenté. Son parcours chaotique le mène à la belle Jill Layton, dans un ballet improbable où les méprises de l'Ordinateur suprême et les interventions chirurgicales de sa mère délirante s'entremêlent dans une danse macabre. Le scénario, signé Gilliam et ses acolytes, oscille entre génie et désordre. Si d'un côté, l'originalité et la profondeur des thèmes abordés donnent matière à réflexion, de l'autre, la narration semble s'égarer par moments, laissant le spectateur déconcerté dans un tourbillon d'absurdités. Mais c'est peut-être là toute la magie de « Brazil » : dans son refus obstiné de se plier aux conventions et dans sa capacité à défier les attentes du spectateur. Les personnages, quant à eux, sont à l'image de ce monde étrange : à la fois excentriques et familiers, grotesques et touchants. De l'énigmatique Jill à l'impitoyable Tuttle, en passant par l'inénarrable mère de Sam, chaque protagoniste apporte sa propre couleur à cette fresque délirante. À travers ses méandres labyrinthiques, « Brazil » explore des thèmes universels avec une pertinence saisissante. La critique acerbe de la bureaucratie, la dénonciation de la perte d'individualité dans une société totalitaire et la quête désespérée de sens dans un monde dénué de compassion résonnent avec une puissance troublante, même des décennies après sa sortie. Sur le plan technique, la réalisation de Gilliam est à la fois audacieuse et maîtrisée. Les décors grandioses et oppressants, les effets spéciaux saisissants et la bande-son envoûtante contribuent à créer une atmosphère unique, où le cauchemar et le rêve se confondent sans cesse. Enfin, du côté des performances d'acteurs, si Jonathan Pryce brille par sa justesse dans le rôle de Sam, certains personnages secondaires peinent parfois à trouver leur pleine mesure, laissant un goût d'inachevé dans une distribution pourtant prestigieuse. En conclusion, « Brazil » est un voyage aussi fascinant que déconcertant, aussi captivant que troublant. Avec son mélange explosif de satire sociale, d'imaginaire débridé et de mise en scène audacieuse, ce film culte de Terry Gilliam laisse une empreinte indélébile dans l'esprit du spectateur, même s'il ne manque pas de défauts. Une expérience cinématographique à la fois exigeante et gratifiante, à savourer sans modération pour ceux qui osent plonger dans ses méandres tortueux.
Note : 7 / 10
Note : 7 / 10
Vu le 22 avril 2017