Collatéral
Une nuit à Los Angeles, et la ville qui ne dort jamais va s'embraser. Max, chauffeur de taxi des plus blasés, croise la route de Vincent, un mystérieux homme d'affaires qui va le forcer à être son complice pour une nuit de violence sans merci. Car ce prétendu businessman n'est autre qu'un impitoyable tueur à gages menant une mission sanglante en solo.
Collatéral de Michael Mann conjugue avec brio le polar urbain tendu à l'extrême et le buddy movie improbable des plus destructeurs. L'irruption brutale du chaos dans la routine d'un homme ordinaire est un classique du genre, mais le cinéaste en renouvelle la formule avec maestria. Son regard habite autant les bas-fonds crépusculaires de LA que ses gratte-ciels aseptisés, arpentant avec sa caméra les contrastes saisissants d'une métropole labyrinthique où la mort peut surgir à chaque coin de rue mal éclairé.
Le scénario habile de Stuart Beattie, issu d'une idée originale de Tom Cruise lui-même, tisse une trame serrée qui évite les clichés éculés du thriller pour se concentrer sur le huis clos tragique entre ses deux protagonistes. L'évolution de leur relation forcée, oscillant entre manipulation, révolte et une étrange forme de respect mutuel, porte le film bien au-delà du simple divertissement haletant. Une dynamique explosive portée par un casting de très haute volée.
Tom Cruise incarne un tueur à gages d'une froideur absolument glaçante, faisant fi des conventions convenues du « méchant » pour en dévoiler les tourments sourds et la psychologie complexe. Un contre-emploi bluffant pour la star, qui n'hésite pas à se défigurer pour les besoinss du rôle. Jamie Foxx, lui, campe un anti-héros attachant et d'une humanité désarmante dont on suit avec une angoisse grandissante la lente désillusion face à cette nuit d'horreur.
Autour d'eux gravitent des seconds rôles marquants, ajoutant des strates bienvenues aux thématiques du film. On retiendra notamment la composition glaçante de Javier Bardem en caïd insaisissable du trafic de drogues, mais aussi la présence de Mark Ruffalo qui incarne un flic tenace lancé sur les traces sanglantes du tueur. Des personnages qui donneront lieu à des scènes d'anthologie, comme cette séquence désormais culte dans la boîte de nuit où Vincent abat froidement une de ses victimes sous le regard médusé et hagard des fêtards.
Au-delà du pur thriller, Collatéral se veut aussi une réflexion nuancée sur les différentes violences, qu'elles soient physiques ou institutionnelles, qui structurent les rouages de la société américaine. Le film dresse un portrait kaléidoscopique d'une ville où toutes les marges déliquescentes, du grand banditisme à la précarité la plus sordide, sont les revers funestes d'un même système socio-économique défaillant. Une dimension sociale intelligemment distillée dans la dynamique haletante du récit, en faisant un miroir âpre mais révélateur de l'Amérique contemporaine et de ses fractures.
La mise en scène nerveuse et virtuose de Michael Mann, qui manie les longs plans-séquences d'une fluidité impressionnante, ancre avec naturel cette fresque urbaine dans un réalisme poignant et immersif. Des scènes d'action brutales et d'une redoutable efficacité, économes en effets clinquants mais gorgées d'adrénaline pure. Une photo travaillée qui rend les moindres ombres de la nuit angelène sublimes et inquiétantes à la fois. Une maîtrise formelle totale qui fait de Collatéral un grand film sur la forme autant que sur le fond.
Un thriller tendu et puissant, dynamisé par son duo d'acteurs principaux littéralement incandescents. Si quelques faux pas scénaristiques, comme cette fin un peu trop abrupte, ternissent un peu la perfection de l'ensemble, Collatéral n'en demeure pas moins une réussite magistrale du genre et un condensé éblouissant du meilleur du cinéma policier urbain des années 2000. Une référence implacable à (re)découvrir de toute urgence.
Note : 7 / 10
Collatéral de Michael Mann conjugue avec brio le polar urbain tendu à l'extrême et le buddy movie improbable des plus destructeurs. L'irruption brutale du chaos dans la routine d'un homme ordinaire est un classique du genre, mais le cinéaste en renouvelle la formule avec maestria. Son regard habite autant les bas-fonds crépusculaires de LA que ses gratte-ciels aseptisés, arpentant avec sa caméra les contrastes saisissants d'une métropole labyrinthique où la mort peut surgir à chaque coin de rue mal éclairé.
Le scénario habile de Stuart Beattie, issu d'une idée originale de Tom Cruise lui-même, tisse une trame serrée qui évite les clichés éculés du thriller pour se concentrer sur le huis clos tragique entre ses deux protagonistes. L'évolution de leur relation forcée, oscillant entre manipulation, révolte et une étrange forme de respect mutuel, porte le film bien au-delà du simple divertissement haletant. Une dynamique explosive portée par un casting de très haute volée.
Tom Cruise incarne un tueur à gages d'une froideur absolument glaçante, faisant fi des conventions convenues du « méchant » pour en dévoiler les tourments sourds et la psychologie complexe. Un contre-emploi bluffant pour la star, qui n'hésite pas à se défigurer pour les besoinss du rôle. Jamie Foxx, lui, campe un anti-héros attachant et d'une humanité désarmante dont on suit avec une angoisse grandissante la lente désillusion face à cette nuit d'horreur.
Autour d'eux gravitent des seconds rôles marquants, ajoutant des strates bienvenues aux thématiques du film. On retiendra notamment la composition glaçante de Javier Bardem en caïd insaisissable du trafic de drogues, mais aussi la présence de Mark Ruffalo qui incarne un flic tenace lancé sur les traces sanglantes du tueur. Des personnages qui donneront lieu à des scènes d'anthologie, comme cette séquence désormais culte dans la boîte de nuit où Vincent abat froidement une de ses victimes sous le regard médusé et hagard des fêtards.
Au-delà du pur thriller, Collatéral se veut aussi une réflexion nuancée sur les différentes violences, qu'elles soient physiques ou institutionnelles, qui structurent les rouages de la société américaine. Le film dresse un portrait kaléidoscopique d'une ville où toutes les marges déliquescentes, du grand banditisme à la précarité la plus sordide, sont les revers funestes d'un même système socio-économique défaillant. Une dimension sociale intelligemment distillée dans la dynamique haletante du récit, en faisant un miroir âpre mais révélateur de l'Amérique contemporaine et de ses fractures.
La mise en scène nerveuse et virtuose de Michael Mann, qui manie les longs plans-séquences d'une fluidité impressionnante, ancre avec naturel cette fresque urbaine dans un réalisme poignant et immersif. Des scènes d'action brutales et d'une redoutable efficacité, économes en effets clinquants mais gorgées d'adrénaline pure. Une photo travaillée qui rend les moindres ombres de la nuit angelène sublimes et inquiétantes à la fois. Une maîtrise formelle totale qui fait de Collatéral un grand film sur la forme autant que sur le fond.
Un thriller tendu et puissant, dynamisé par son duo d'acteurs principaux littéralement incandescents. Si quelques faux pas scénaristiques, comme cette fin un peu trop abrupte, ternissent un peu la perfection de l'ensemble, Collatéral n'en demeure pas moins une réussite magistrale du genre et un condensé éblouissant du meilleur du cinéma policier urbain des années 2000. Une référence implacable à (re)découvrir de toute urgence.
Note : 7 / 10
Vu le 5 avril 2024
Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage