Julien   Lepage

J.  Lepage
Cool Spot : Spot goes to Hollywood
Eurocom
1996

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Cool Spot : Spot goes to HollywoodDans l'univers du jeu vidéo des années 90, Spot goes to Hollywood occupe une place à part. Développé par Eurocom et publié par Virgin İnteractive, ce titre de 1996 marque le retour de Spot, la mascotte emblématique de 7 Up, déjà connue pour le précédent jeu Cool Spot. Si ce dernier avait charmé les joueurs par sa simplicité et son approche classique de la plateforme 2D, cette suite tente une percée audacieuse avec une vue en 3D isométrique. Sorti initialement sur Mega Drive, puis porté sur PlayStation et Saturn avec des améliorations notables, le jeu capitalise sur une esthétique hollywoodienne en multipliant les clins d'œil cinématographiques. Pourtant, malgré ses ambitions, il peine à convaincre pleinement.

Dans cette nouvelle aventure, Spot, notre célèbre point rouge, se retrouve propulsé dans un projecteur de cinéma. De là, il voyage à travers des mondes inspirés des genres cinématographiques, allant des films de pirates aux épopées d'aventure, en passant par l'épouvante. Chaque section se compose de plusieurs niveaux, avec des niveaux secrets et bonus à débloquer pour les plus téméraires. Les joueurs peuvent explorer un western, croiser des dinosaures dans un hommage évident à Jurassic park, ou s'aventurer dans l'espace. Le concept est séduisant, mêlant un gameplay basé sur la collecte et l'exploration à des défis variés.

Le passage de la 2D classique à une 3D isométrique est sans doute l'élément le plus marquant, mais aussi le plus controversé. Si les graphismes sont objectivement réussis pour l'époque, avec des décors détaillés et une animation fluide, la prise en main souffre de cette perspective. Les déplacements de Spot manquent parfois de précision, et l'angle de vue rend certaines actions, comme sauter ou viser, frustrantes. Cela peut décourager les joueurs moins patients, même si ceux qui persévèrent découvriront une expérience de jeu correcte, mais exigeante.

Les graphismes mêlent habilement la 2D et la 3D, une prouesse pour l'époque. Spot et les décors principaux sont modélisés en 3D, tandis que les ennemis restent en 2D, offrant un mélange visuel unique. Cette approche se distingue encore davantage dans les versions 32 bits (PlayStation et Saturn), où les textures et les musiques bénéficient d'un bond qualitatif grâce au support CD. Les thèmes musicaux, eux, s'inspirent directement des genres explorés et ajoutent une dimension immersive à l'ensemble, bien qu'ils deviennent parfois répétitifs sur des sessions prolongées.

Spot, fidèle à lui-même, conserve son côté désinvolte et cool, avec des mimiques qui prêtent à sourire et un design qui reste attachant. Ce personnage, qui semble tout droit sorti de l'âge d'or des mascottes, a malheureusement perdu un peu de son éclat dans ce second opus. La faute n'en revient pas à sa personnalité, mais à des niveaux parfois trop longs ou à des objectifs qui manquent de clarté. Par ailleurs, l'idée des passages secrets et des niveaux bonus est stimulante sur le papier, mais leur accès repose sur une collecte minutieuse et un exploration fastidieuse qui pourraient rebuter les joueurs occasionnels.

En termes de réalisation, Eurocom a clairement fait preuve d'ambition. Le choix de thématiques hollywoodiennes donne au jeu une identité visuelle et narrative originale. Cependant, cette ambition se heurte à une exécution parfois inégale. Les décors sont variés, mais le gameplay souffre d'un manque d'équilibre entre exploration et action. Certains ennemis semblent placés de manière arbitraire, et les obstacles manquent de variété.

Malgré ses défauts, Spot goes to Hollywood mérite d'être salué pour ses efforts à se démarquer dans un marché saturé. Si vous êtes nostalgique des jeux de l'ère 16/32 bits ou si vous aimez les titres qui jouent sur l'exploration et les clins d'œil cinématographiques, il pourrait vous séduire. Pour un jeu à la prise en main plus intuitive, mieux vaut se tourner vers son prédécesseur, Cool Spot. Mais pour ceux qui sont prêts à relever un défi et à s'immerger dans un univers visuel riche, ce voyage hollywoodien a encore quelques atouts à offrir. Un titre à redécouvrir avec indulgence, en gardant à l'esprit qu'il s'agit avant tout d'une curiosité de son époque, à mi-chemin entre ambition et maladresse.
Ma note 46%
Joué le 21 janvier 2013