Heureux gagnants
Dans le paysage cinématographique français, il est rare de voir surgir une comédie qui ose bousculer les codes établis. C'est pourtant le pari audacieux que relèvent Maxime Govare et Romain Choay avec Heureux gagnants, leur première réalisation commune. Inspirés par des œuvres cultes comme Les nouveaux sauvages de Damián Szifrón ou Pulp fiction de Tarantino, les réalisateurs nous offrent un film à sketches qui explore les conséquences inattendues d'un gain au loto.
L'intrigue se construit autour d'un concept simple, mais diablement efficace : suivre le destin de plusieurs gagnants dont la vie va basculer de manière spectaculaire. On y croise une famille fauchée, une jeune fille en quête d'amour, un groupe de terroristes islamistes, et des aides-soignants d'EHPAD. Chaque sketch développe sa propre histoire, formant une mosaïque de situations cocasses et souvent grinçantes qui s'entrechoquent avec brio.
Ce qui frappe d'emblée, c'est l'audace du scénario. Govare et Choay osent s'aventurer sur des terrains peu explorés dans la comédie française, en particulier avec le sketch sur les terroristes islamistes. C'est un pari risqué, mais qui paie grâce à un humour caustique et bien dosé. Le film ne tombe jamais dans la facilité ou la vulgarité, préférant jouer sur l'absurde et le cynisme pour faire mouche. Cette approche rappelle l'esprit de films cultes comme Le père Noël est une ordure ! ou Serial lover, tout en apportant une touche de modernité bienvenue.
Les personnages, bien que rapidement esquissés, sont suffisamment étoffés pour susciter l'intérêt. On s'attache à cette famille en galère qui voit soudain la fortune lui sourire, incarnée avec justesse par Fabrice Éboué et Audrey Lamy. Le choix d'Éboué pour le rôle de Paul est particulièrement judicieux, comme l'expliquent les réalisateurs : « Fabrice cochait deux cases, celle de l'humour noir évidemment, mais aussi le fait qu'il représente tellement le Français moyen à travers ses rôles, un peu touchant de lâcheté, un peu looser magnifique. ».
On rit aussi des mésaventures de Julie, brillamment interprétée par Pauline Clément. Son personnage, décrit comme une « Alice au pays des merveilles » par les réalisateurs, apporte une fraîcheur et une innocence touchante à l'ensemble. Même les terroristes, caricaturaux à souhait, parviennent à nous arracher des rires nerveux.
À travers ces histoires entrecroisées, Heureux gagnants aborde des thèmes universels comme l'argent, le bonheur, et les relations humaines. Le film pose une question simple mais percutante : l'argent fait-il vraiment le bonheur ? La réponse, on s'en doute, n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît. Les réalisateurs s'amusent à déconstruire le mythe du jackpot salvateur, montrant comment une aubaine peut vite se transformer en malédiction. Cette réflexion s'appuie sur des faits réels, comme le soulignent Govare et Choay : « Dans la réalité, 50 % des gens qui remportent le gros lot sont ruinés dans les quatre ans. ».
Du côté de la réalisation, le duo fait preuve d'un savoir-faire certain. Le rythme est soutenu, les transitions entre les sketches sont fluides, et la mise en scène, sans être révolutionnaire, sert efficacement le propos. On sent l'influence de films comme Very bad things de Peter Berg ou Barbaque de Fabrice Éboué, notamment dans cette volonté de pousser les situations jusqu'à l'absurde.
Le casting, quant à lui, est l'un des grands atouts du film. Outre Éboué et Lamy, déjà évoqués, Anouk Grinberg livre une performance touchante dans le rôle de Sandra, l'infirmière dont l'altruisme est mis à rude épreuve par le gain. Son personnage illustre parfaitement cette « radicalité positive qui se transforme en négatif » dont parlent les réalisateurs.
Au final, Heureux gagnants s'impose comme une comédie rafraîchissante et audacieuse. Certes, tous les sketches ne sont pas au même niveau et certaines blagues tombent parfois à plat, mais l'ensemble tient la route et offre un divertissement de qualité. C'est un film qui ose sortir des sentiers battus de la comédie française, en proposant un humour noir bien senti et des situations qui ne manqueront pas de faire réagir.
Heureux gagnants prouve que la comédie française peut encore surprendre et se réinventer. C'est une belle surprise.
Note : 8 / 10
L'intrigue se construit autour d'un concept simple, mais diablement efficace : suivre le destin de plusieurs gagnants dont la vie va basculer de manière spectaculaire. On y croise une famille fauchée, une jeune fille en quête d'amour, un groupe de terroristes islamistes, et des aides-soignants d'EHPAD. Chaque sketch développe sa propre histoire, formant une mosaïque de situations cocasses et souvent grinçantes qui s'entrechoquent avec brio.
Ce qui frappe d'emblée, c'est l'audace du scénario. Govare et Choay osent s'aventurer sur des terrains peu explorés dans la comédie française, en particulier avec le sketch sur les terroristes islamistes. C'est un pari risqué, mais qui paie grâce à un humour caustique et bien dosé. Le film ne tombe jamais dans la facilité ou la vulgarité, préférant jouer sur l'absurde et le cynisme pour faire mouche. Cette approche rappelle l'esprit de films cultes comme Le père Noël est une ordure ! ou Serial lover, tout en apportant une touche de modernité bienvenue.
Les personnages, bien que rapidement esquissés, sont suffisamment étoffés pour susciter l'intérêt. On s'attache à cette famille en galère qui voit soudain la fortune lui sourire, incarnée avec justesse par Fabrice Éboué et Audrey Lamy. Le choix d'Éboué pour le rôle de Paul est particulièrement judicieux, comme l'expliquent les réalisateurs : « Fabrice cochait deux cases, celle de l'humour noir évidemment, mais aussi le fait qu'il représente tellement le Français moyen à travers ses rôles, un peu touchant de lâcheté, un peu looser magnifique. ».
On rit aussi des mésaventures de Julie, brillamment interprétée par Pauline Clément. Son personnage, décrit comme une « Alice au pays des merveilles » par les réalisateurs, apporte une fraîcheur et une innocence touchante à l'ensemble. Même les terroristes, caricaturaux à souhait, parviennent à nous arracher des rires nerveux.
À travers ces histoires entrecroisées, Heureux gagnants aborde des thèmes universels comme l'argent, le bonheur, et les relations humaines. Le film pose une question simple mais percutante : l'argent fait-il vraiment le bonheur ? La réponse, on s'en doute, n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît. Les réalisateurs s'amusent à déconstruire le mythe du jackpot salvateur, montrant comment une aubaine peut vite se transformer en malédiction. Cette réflexion s'appuie sur des faits réels, comme le soulignent Govare et Choay : « Dans la réalité, 50 % des gens qui remportent le gros lot sont ruinés dans les quatre ans. ».
Du côté de la réalisation, le duo fait preuve d'un savoir-faire certain. Le rythme est soutenu, les transitions entre les sketches sont fluides, et la mise en scène, sans être révolutionnaire, sert efficacement le propos. On sent l'influence de films comme Very bad things de Peter Berg ou Barbaque de Fabrice Éboué, notamment dans cette volonté de pousser les situations jusqu'à l'absurde.
Le casting, quant à lui, est l'un des grands atouts du film. Outre Éboué et Lamy, déjà évoqués, Anouk Grinberg livre une performance touchante dans le rôle de Sandra, l'infirmière dont l'altruisme est mis à rude épreuve par le gain. Son personnage illustre parfaitement cette « radicalité positive qui se transforme en négatif » dont parlent les réalisateurs.
Au final, Heureux gagnants s'impose comme une comédie rafraîchissante et audacieuse. Certes, tous les sketches ne sont pas au même niveau et certaines blagues tombent parfois à plat, mais l'ensemble tient la route et offre un divertissement de qualité. C'est un film qui ose sortir des sentiers battus de la comédie française, en proposant un humour noir bien senti et des situations qui ne manqueront pas de faire réagir.
Heureux gagnants prouve que la comédie française peut encore surprendre et se réinventer. C'est une belle surprise.
Note : 8 / 10
Vu le 24 juillet 2024