• Julien   Lepage

Ah, le cinéma familial ! Voilà que la progéniture de M. Night Shyamalan se lance dans le grand bain avec Les guetteurs. Ishana Shyamalan, fille du maître du twist, nous offre son premier long-métrage, produit par papa. On pourrait crier au népotisme, mais ne soyons pas mauvaise langue, laissons plutôt parler l'œuvre.

L'histoire nous plonge dans une forêt inquiétante où Mina, interprétée par Dakota Fanning, trouve refuge dans une maison étrange. Trois personnes y vivent déjà, et notre héroïne va vite découvrir que ce lieu cache bien des secrets. La nuit venue, d'mystérieux spectateurs les observent. Un concept intrigant, n'est-ce pas ? On sent bien l'héritage paternel dans cette prémisse qui flirte avec le surnaturel.

Le scénario, adapté du roman éponyme d'A. M. Shine, démarre sur les chapeaux de roues. L'atmosphère oppressante s'installe rapidement, et on se prend au jeu de ce huis clos forestier. Malheureusement, à mesure que l'intrigue se dévoile, on sent que la réalisatrice peine à maintenir la tension. Les révélations s'enchaînent, parfois de manière un peu forcée, et on ne peut s'empêcher de penser que papa Shyamalan aurait peut-être géré différemment certains rebondissements.

Les personnages, bien que globalement intéressants, manquent parfois de profondeur. Mina, notre protagoniste, est celle qui s'en sort le mieux, avec un passé trouble qui apporte une dimension supplémentaire à son parcours. Les autres habitants du bunker, en revanche, restent un peu trop dans l'ombre, ce qui est ironique quand on pense au titre du film.

Côté thématiques, le film ne manque pas d'ambition. Ishana Shyamalan aborde des sujets comme l'identité, la peur de l'inconnu, et même une forme de commentaire sur notre société de surveillance. C'est louable, même si parfois un peu appuyé. On sent une volonté de dire quelque chose, de laisser sa marque, ce qui est tout à fait compréhensible pour un premier film.

La réalisation, elle, est plutôt maîtrisée. On sent l'influence du cinéma d'horreur contemporain, avec quelques clins d'œil à des réalisateurs comme Robert Eggers ou Ari Aster. Les décors sont particulièrement réussis, notamment le bunker qui devient un personnage à part entière. La forêt de Ballinastoe, en Irlande, apporte une touche d'authenticité bienvenue. On regrette parfois un certain manque d'audace visuelle, mais c'est un reproche mineur.

Du côté des acteurs, Dakota Fanning tire son épingle du jeu. Son interprétation de Mina est convaincante, oscillant entre fragilité et détermination. Le reste du casting fait le job, même si on aurait aimé les voir plus développés. Mention spéciale à Olwen Fouéré, qui apporte une présence inquiétante bienvenue.

En fin de compte, Les guetteurs est une première œuvre prometteuse, qui montre qu'Ishana Shyamalan a du potentiel. Certes, le film n'est pas exempt de défauts, mais il y a suffisamment de bonnes idées et de moments réussis pour nous donner envie de voir ce que la réalisatrice nous réservera par la suite. On sent qu'elle cherche encore sa voix propre, oscillant entre l'héritage de son père et des influences plus contemporaines.

Si vous êtes amateur de thrillers horrifiques avec une touche de surnaturel, Les guetteurs mérite le détour. Ce n'est peut-être pas le choc que certains espéraient, mais c'est un film solide qui promet une carrière intéressante pour Ishana Shyamalan. Et qui sait, peut-être qu'un jour, on parlera de M. Night Shyamalan comme « le père d'Ishana » plutôt que l'inverse !

Note : 7 / 10