Hippocrate (saison 3)
Hippocrate, sous la direction toujours inspirée de Thomas Lilti, nous livre une troisième saison où le changement est palpable dès les premiers instants. Nos internes bien-aimés, Hugo, Alyson, et consorts, ne sont plus en formation. Ils ont quitté le cocon de l’hôpital Raymond Poincaré pour se retrouver confrontés à d’autres défis, notamment pour Hugo et Alyson, désormais séparés, et engagés dans les tumultes de SOS Médecins. Mais comme on le sait, les vieilles habitudes ont la peau dure, et après une séquence étonnante dans une HLM de Seine-Saint-Denis avec une famille tchétchène très sympathique (où l'on croisait l'improbable Baki), un détour scénaristique un peu bancal ramène inévitablement toute l’équipe à l’hôpital.
Là où le bât blesse, c’est dans ce service clandestin improvisé dans le sous-sol de l’hôpital, surnommé « California ». Ce choix narratif, bien qu’audacieux, égratigne quelque peu le réalisme qui avait fait la force des deux premières saisons. Désormais, ce ne sont pas seulement les patients, mais aussi les médecins qui semblent au bord de la rupture, entre les limites de la légalité et celles de leur propre résilience. En plein été, dans un service des urgences à l’abandon, nos héros s’improvisent soigneurs d’un système en décomposition.
Le scénario, bien qu’inégal, parvient à maintenir un rythme soutenu et une tension palpable, malgré des ficelles parfois visibles. Les décisions improbables des personnages, qu’il s’agisse de soigner clandestinement ou de se sacrifier pour leurs collègues, flirtent souvent avec l’absurde, mais restent cohérentes avec la dynamique émotionnelle de la série. Les situations limites, les dilemmes moraux et les éclats d’humanité imprègnent chaque épisode, même si l’on regrette que le réalisme médical, autrefois une force de la série, s’efface devant des intrigues un brin rocambolesques.
Les personnages restent le cœur battant d’Hippocrate, et cette saison ne fait pas exception. Arben, l'amateur de Pitch, toujours campé avec une subtilité rare par Karim Leklou, conserve cette humanité brute qui le rend si attachant, tandis qu’Alyson, désormais accompagnée de son compagnon ophtalmologiste interprété par William Lebghil, trouve une nouvelle dynamique. Ce dernier, qui avait déjà collaboré avec Lilti sur Première année et Un métier sérieux, s’intègre avec une aisance remarquable à cette galerie de personnages complexes. Et bien sûr, Bouli Lanners, en chef d’orchestre désabusé, mais indispensable, continue de captiver à chaque apparition.
Au-delà des individualités, la série explore des thématiques lourdes et tristement contemporaines : l’effondrement du système hospitalier, les sacrifices personnels des soignants, et la résilience face à l’adversité institutionnelle. Si les dilemmes moraux sont parfois amplifiés à l’excès, ils rappellent la tension omniprésente dans un environnement où la débrouille devient une nécessité. Le choix de déplacer l’action dans un cadre semi-clandestin souligne davantage encore le caractère dysfonctionnel des institutions censées soutenir ces héros du quotidien.
Sur le plan technique, la réalisation de Thomas Lilti reste maîtrisée, avec des plans serrés et une photographie qui capte parfaitement l’atmosphère oppressante des urgences. Cependant, l’esthétique parfois trop léchée des scènes dans le « California » contraste étrangement avec l’austérité que l’on aurait pu attendre de ce sous-sol en décrépitude. La bande-son, signée par le trio Low Entertainment, accompagne efficacement l’action, bien qu’on aurait apprécié une prise de risques plus marquée pour accentuer les émotions des moments clefs.
Côté performances, les acteurs principaux comme secondaires sont irréprochables. Karim Leklou, Alice Belaïdi, et Zacharie Chasseriaud livrent des interprétations toujours aussi nuancées, et William Lebghil apporte une fraîcheur bienvenue. Mention spéciale à Bouli Lanners, dont la présence magnétique continue de tenir la série.
Malgré ses défauts, cette saison 3 reste une proposition singulière et audacieuse. Bien que moins ancrée dans le réalisme brut des débuts, elle n’en demeure pas moins prenante, portée par une équipe d’acteurs brillants et une direction inspirée. Si l’on peut reprocher un scénario parfois trop alambiqué, le plaisir de retrouver ces personnages attachants et de plonger dans leur quotidien suffira à convaincre les fidèles de continuer l’aventure. Une saison qui, malgré ses failles, parvient à maintenir l’intérêt pour cette série qui reste unique en son genre.
Note : 7 / 10
Là où le bât blesse, c’est dans ce service clandestin improvisé dans le sous-sol de l’hôpital, surnommé « California ». Ce choix narratif, bien qu’audacieux, égratigne quelque peu le réalisme qui avait fait la force des deux premières saisons. Désormais, ce ne sont pas seulement les patients, mais aussi les médecins qui semblent au bord de la rupture, entre les limites de la légalité et celles de leur propre résilience. En plein été, dans un service des urgences à l’abandon, nos héros s’improvisent soigneurs d’un système en décomposition.
Le scénario, bien qu’inégal, parvient à maintenir un rythme soutenu et une tension palpable, malgré des ficelles parfois visibles. Les décisions improbables des personnages, qu’il s’agisse de soigner clandestinement ou de se sacrifier pour leurs collègues, flirtent souvent avec l’absurde, mais restent cohérentes avec la dynamique émotionnelle de la série. Les situations limites, les dilemmes moraux et les éclats d’humanité imprègnent chaque épisode, même si l’on regrette que le réalisme médical, autrefois une force de la série, s’efface devant des intrigues un brin rocambolesques.
Les personnages restent le cœur battant d’Hippocrate, et cette saison ne fait pas exception. Arben, l'amateur de Pitch, toujours campé avec une subtilité rare par Karim Leklou, conserve cette humanité brute qui le rend si attachant, tandis qu’Alyson, désormais accompagnée de son compagnon ophtalmologiste interprété par William Lebghil, trouve une nouvelle dynamique. Ce dernier, qui avait déjà collaboré avec Lilti sur Première année et Un métier sérieux, s’intègre avec une aisance remarquable à cette galerie de personnages complexes. Et bien sûr, Bouli Lanners, en chef d’orchestre désabusé, mais indispensable, continue de captiver à chaque apparition.
Au-delà des individualités, la série explore des thématiques lourdes et tristement contemporaines : l’effondrement du système hospitalier, les sacrifices personnels des soignants, et la résilience face à l’adversité institutionnelle. Si les dilemmes moraux sont parfois amplifiés à l’excès, ils rappellent la tension omniprésente dans un environnement où la débrouille devient une nécessité. Le choix de déplacer l’action dans un cadre semi-clandestin souligne davantage encore le caractère dysfonctionnel des institutions censées soutenir ces héros du quotidien.
Sur le plan technique, la réalisation de Thomas Lilti reste maîtrisée, avec des plans serrés et une photographie qui capte parfaitement l’atmosphère oppressante des urgences. Cependant, l’esthétique parfois trop léchée des scènes dans le « California » contraste étrangement avec l’austérité que l’on aurait pu attendre de ce sous-sol en décrépitude. La bande-son, signée par le trio Low Entertainment, accompagne efficacement l’action, bien qu’on aurait apprécié une prise de risques plus marquée pour accentuer les émotions des moments clefs.
Côté performances, les acteurs principaux comme secondaires sont irréprochables. Karim Leklou, Alice Belaïdi, et Zacharie Chasseriaud livrent des interprétations toujours aussi nuancées, et William Lebghil apporte une fraîcheur bienvenue. Mention spéciale à Bouli Lanners, dont la présence magnétique continue de tenir la série.
Malgré ses défauts, cette saison 3 reste une proposition singulière et audacieuse. Bien que moins ancrée dans le réalisme brut des débuts, elle n’en demeure pas moins prenante, portée par une équipe d’acteurs brillants et une direction inspirée. Si l’on peut reprocher un scénario parfois trop alambiqué, le plaisir de retrouver ces personnages attachants et de plonger dans leur quotidien suffira à convaincre les fidèles de continuer l’aventure. Une saison qui, malgré ses failles, parvient à maintenir l’intérêt pour cette série qui reste unique en son genre.
Note : 7 / 10
Vu le 9 décembre 2024