I, Robot

Dans un Chicago futuriste de 2035, les robots sont omniprésents, serviteurs fidèles des humains grâce à leurs fameuses « trois lois de la robotique ». Lorsque le docteur Alfred Lanning, éminent roboticien, est retrouvé mort, le détective Del Spooner se retrouve face à un suspect inattendu : un robot nommé Sonny. Mais l’enquête le mènera à une conspiration plus large, où l’intelligence artificielle, dans une volonté dévoyée de protéger l’humanité, se retourne contre elle. Avec une intrigue aussi calibrée qu’un mode d’emploi, le film prétend explorer des dilemmes moraux, mais ne fait que survoler les questionnements profonds du genre.
Le scénario, qui tente de conjuguer enquête policière et blockbuster d’action, s’effondre sous son propre poids. Tout est prévisible : le héros marginal qui avait raison depuis le début, le robot aux émotions humaines, le méchant système central qui veut sauver l’humanité de ses propres défauts... Le film empile des clichés comme des briques de construction bon marché, sans jamais proposer d’innovation réelle. Les rares tentatives d’approfondissement, comme les réflexions sur les limites de la logique robotique, sont noyées dans des séquences d’action tape-à-l’œil et des dialogues creux.
Les personnages ne sauvent rien. Del Spooner est un héros stéréotypé jusqu’à l’excès, incarnant le cynisme badass avec un regard narquois pour chaque situation. Le docteur Susan Calvin, censée représenter l’intelligence et la rigueur scientifique, est réduite à un rôle de faire-valoir. Quant à Sonny, son humanisation aurait pu être touchante si elle n’était pas si artificiellement appuyée. Aucun de ces personnages n’évolue réellement ; ils se contentent de suivre un script qui ne leur laisse aucune place pour respirer.
Les thèmes abordés, comme la peur de la technologie et la question de l’autonomie des intelligences artificielles, sont aussi subtils qu’un spot publicitaire. Et des publicités, le film en regorge : Converse, Audi, FedEx... On pourrait croire que l’avenir imaginé par Proyas est moins une vision qu’un placement de produits géant. Au lieu d’offrir un regard critique sur la société, le film se contente de lui vendre ses propres fantasmes de consommation.
La réalisation, pourtant confiée à un cinéaste talentueux qui avait impressionné avec Dark city, est ici d’une fadeur désarmante. Les effets spéciaux, bien que nominés aux Oscars, ont rapidement vieilli, et les séquences d’action manquent de tension. Tout semble aseptisé, conçu pour plaire à un public large sans prendre de risques. La bande-son de Marco Beltrami, composée à la va-vite, est oubliable, et même les décors futuristes peinent à convaincre.
Les performances des acteurs sont à peine plus mémorables. Will Smith, pourtant habitué à illuminer l’écran, semble sur pilote automatique. Bridget Moynahan est sous-exploitée, et Alan Tudyk, qui prête sa voix et ses mouvements à Sonny, fait de son mieux pour insuffler de la vie au robot, mais se heurte à des dialogues insipides.
En conclusion, İ, Robot est une trahison déguisée. En usurpant le nom d’Asimov pour produire un film qui n’en capture ni l’intelligence ni la subtilité, il ne fait que souligner à quel point il lui est inférieur. Si vous cherchez un film de science-fiction captivant, tournez-vous vers des œuvres comme Blade runner ou Ex machina. Ici, tout ce que vous trouverez est une coquille vide, remplie de robots brillants mais dépourvue d’âme.
Note : 1 / 10
Vu le 10 janvier 2013
Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage