Dans ce royaume cinématographique déjanté de Riad Sattouf, Jacky au royaume des filles nous entraîne dans une société où le genre masculin connaît une révolution plutôt inhabituelle. Deuxième opus du réalisateur après Les beaux gosses, Sattouf ose, à nouveau, plonger dans les méandres de la satire sociale, en s'attaquant cette fois-ci aux concepts de genre, d'inégalités et de dictature. L'annonce d'un film à la fois original, drôle, et, avouons-le, parfois fauché, a créé l'attente de découvrir comment cette fantaisie dystopique allait se déployer.

Jacky, résident de Museau, un modeste village, est épris de la Colonelle Bubunne XVII, héritière du pouvoir dans un royaume où les hommes sont subordonnés. Le récit suit les péripéties de Jacky alors qu'il se retrouve impliqué dans le tumulte du « Bal de la Grande Bubunnerie », un événement crucial pour le destin de la Colonelle. Inspiré par des éléments du monde musulman, des régimes communistes, et des contes classiques, Sattouf crée un univers où les codes de la société sont complètement bouleversés, faisant écho à ses explorations passées dans la bande dessinée Pascal Brutal.

Sattouf tisse un scénario audacieux, jonglant habilement avec des influences multiples. Toutefois, la simplicité des moyens financiers affecte par moments l'ampleur visuelle du film. L'ingéniosité réside dans la manière dont il revisite Cendrillon et utilise la symbolique du cheval pour explorer les inégalités de genre. L'association avec la novlangue d'Orwell et les idées de sa bande dessinée antérieure ajoute une profondeur intellectuelle. On aurait souhaité, cependant, que le budget à la hauteur des ambitions narratives.

Vincent Lacoste incarne avec brio le personnage éponyme, créant un Jacky à la fois pathétique et attachant. Charlotte Gainsbourg excelle dans son rôle de Colonelle. On retrouve également avec plaisir Didier Bourdon, Anémone (un peu fatiguée), Valérie Bonneton, Michel Hazanavicius, Noémie Lvovsky, William Lebghil et même Anthony Sonigo, qui vient un temps reformer le duo des Beaux gosses. Bref, une très jolie distribution qui ne peut cependant entièrement compenser les limites budgétaires du film.

Jacky au royaume des filles est une aventure cinématographique unique, teintée d'originalité et d'humour. Malgré ses limites budgétaires apparentes, le film réussit à divertir et à stimuler la réflexion. Le réalisateur, avec sa satire sociale, offre une expérience cinématographique singulière qui mérite d'être découverte. Une fantaisie dystopique qui, bien qu'imparfaite, parvient à charmer et à interroger.

Note : 7 / 10