• Julien   Lepage

Enfin !!! Onze ans, neuf mois et dix jours après la diffusion du dernier épisode du livre VI de Kaamelott, sa suite sort enfin au cinéma.
L'attente fut si longue que le film ne pouvait tout simplement plus répondre aux exigences des fans. Évidemment, il était devenu impossible d'en attendre le chef-d'œuvre annoncé. Soit. Mais alors qu'en est-il ? Le film est il bon, ou mauvais ?
Plaçons d'abord le contexte : l'aventure prend place dix ans après les événements du livre V, et de la toute fin du livre VI. Arthur, après sa tentative de suicide, avait laissé le trône de Bretagne à Lancelot. Celui-ci s'était alors mis en tête de traquer et d'éliminer les anciens chevaliers de la table ronde. Exfiltré « de force » par Venec, Arthur avait été reconduit à Rome ; ville de son enfance et des ses premières amours.
Dix ans après, donc, Lancelot, visiblement peu efficace, est toujours à la recherche des fugitifs ; lesquels sont à présent retirés loin des terres de Logres ou organisés en groupuscules de résistants de l'ombre. Survient alors Guillaume Gallienne, chasseur de primes, bien décidé à retrouver le roi déchu ; lequel passera alors entre les mains de Clovis Cornillac, marchant d'esclaves, puis dans celles d'Alain Chabat, duc d'Aquitaine, et enfin arriver auprès d'un Bohort à la tête d'un succédané d'ordre chevaleresque réuni autour d'une nouvelle table ronde peu reluisante.
Constatant qu'un contre-pouvoir ne demande qu'à émerger, et que celui-ci a besoin d'un guide qu'il ne pourrait trouver ailleurs qu'en lui, le roi Arthur n'a d'autre choix que de revenir.
Le film se place alors dans la continuité pure des livres V et VI dans lesquels, déjà, l'humour laissait sa place à l'aventure. Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici : d'un film d'aventure. On retrouve ici les personnages que nous avions laissé il y a bien longtemps déjà. Tous ont rempilé, à l'exception du maître d'armes, Christian Bujeau, et – plus étonnant – du petit pédestre, chevalier au lion, Simon Astier. Espérons le revoir dans les prochains volets !
On y retrouve – donc – tout ce petit monde, avec plus ou moins de plaisir. Si certains n'ont que quelques courtes scènes, d'autres ont droit à un développement plus poussé. C'est le cas notamment de Perceval dont on ne pourra que déplorer l'évolution (là encore déjà initiée dans la série). Ce naïf au grand cœur devient de plus en plus cassant et méchant, en particulier vis-à-vis de son indissociable comparse Karadoc. Le roi Arthur lui-même est de plus en plus exaspérant d'arrogance et d'immobilisme.
Mais tout ceci – encore une fois – est dans la droite ligne de ce qu'avait initié l'auteur dans les dernières saisons de la série. Rien de surprenant, donc !
La question est donc résumée à ceci : si ce film est la suite directe et logique et la série (à quelques incohérences près), est-ce que le passage au grand-écran a été bénéfique ?
Oui, clairement. Si les effets-spéciaux, pas trop nombreux, sont plutôt ratés, ils sont toutefois de meilleure qualité que dans la série, et pas trop honteux pour un film français. En revanche, l'augmentation corrélative du budget a permis une nette amélioration de la photographie, qui bénéficie ici de décors riches et variés. Autre point positif : la musique du film, signée là encore Alexandre Astier, est très réussie.
Pour résumer, ceux qui s'attendaient à un Seigneur des anneaux à la française seront évidemment déçus ; tout comme ceux qui attendaient une fresque épique ou, au contraire, une comédie en fanfare ! À l'inverse, ceux qui attendaient un « livre VII » version ciné y trouveront leur compte. Pari réussi, donc ? Oui, probablement. Ni plus, ni moins.

Note : 7 / 10