La casa de papel (saisons 1 et 2)
La série espagnole La casa de papel, imaginée par Álex Pina, aura marqué son époque. Lancée en 2017, elle nous plonge au cœur d’un braquage hors norme orchestré par un génie surnommé « Le Professeur » et exécuté par une équipe hétéroclite de criminels hauts en couleur. Dans le contexte d’une Espagne en proie à des débats sociaux intenses, cette série joue habilement avec les thématiques de rébellion et de justice, ce qui, à bien des égards, a contribué à son immense succès.
L’histoire commence par l’intrusion des braqueurs dans la Maison royale de la Monnaie d’Espagne, où ils prennent de nombreux otages et impriment leur propre fortune. Le plan, calibré dans les moindres détails par le Professeur, doit durer onze jours, au cours desquels chaque minute est un suspense insoutenable. Le format en temps réel et l’utilisation des flashbacks accentuent la tension de manière brillante. Le spectateur se retrouve dans un étau, pris entre l’empathie pour les braqueurs, parfois fascinants, et l’ambiguïté morale d’un plan sans scrupule.
Le scénario, intelligemment ficelé, surprend par son rythme effréné et sa capacité à jongler entre l’action, l’émotion et les rebondissements. Certains éléments frisent parfois l’invraisemblance — les plans de secours du Professeur semblent toujours aussi nombreux qu’impeccables, ce qui peut donner l’impression que la chance tourne de manière un peu calculée en sa faveur. Mais malgré cela, l’intrigue ne perd jamais en intensité. Ces premières saisons captent l’essence même des grandes séries d’action en combinant suspense, enjeux émotionnels et intrigues complexes. Chaque épisode nourrit le besoin d’aller plus loin, renforçant ainsi l’addiction des spectateurs.
Les personnages sont certainement l’un des points forts de la série. Chacun des braqueurs, de Tokyo à Berlin en passant par Nairobi, apporte son lot de paradoxes et de zones d’ombre, tout en possédant une histoire personnelle qui touche. Berlin, joué avec une intensité glaciale par Pedro Alonso, est à la fois fascinant et dérangeant ; son comportement cruel et pervers cache une certaine mélancolie, et sa fin, accompagnée de la chanson « Bella Ciao », est d’une intensité émotionnelle inédite. Le Professeur, incarné par Álvaro Morte, se révèle un leader aussi anxieux que stratège, dont la relation avec l’inspectrice Raquel ajoute une dimension supplémentaire au récit. Ce jeu constant entre le bien et le mal, entre la justice et l’illégalité, fait de ces personnages des êtres humains presque ordinaires malgré leurs actes extrêmes. On finit par les comprendre, voire les soutenir, ce qui ajoute un niveau de complexité éthique et émotionnelle.
Sur le plan thématique, la série explore le syndrome de Stockholm, les luttes de pouvoir, les manipulations médiatiques et la résistance. La chanson « Bella Ciao » en est devenue l’emblème, ajoutant une dimension de rébellion universelle. Cette célèbre chanson antifasciste italienne, que les personnages fredonnent lors de moments cruciaux, incarne parfaitement le défi des braqueurs contre un système qui les oppresse, ce qui résonne chez de nombreux spectateurs à travers le monde. En somme, Pina est de grande qualité, bien que quelques scènes auraient pu gagner en sobriété. Les plans sont dynamiques, l’esthétique de la série est soignée, et les costumes iconiques des braqueurs — combinaisons rouges et masques de Salvador Dalí — sont devenus des symboles visuels mémorables. La bande sonore, à commencer par le générique de Cecilia Krull, « My life is going on », vient renforcer l’immersion et traduit parfaitement la tension psychologique des personnages. Certaines failles techniques, notamment au niveau des transitions et du montage, peuvent parfois casser le rythme, mais l’ensemble reste cohérent et efficace.
En termes de performances, Álvaro Morte incarne avec brio le Professeur, jouant à merveille entre l’intellectuel calculateur et l’homme sensible. Úrsula Corberó, en Tokyo, apporte fougue et imprévisibilité, même si le personnage peut, par moments, sembler un peu trop caricatural. Le reste de la distribution, Itziar Ituño en tête dans le rôle de Raquel, est tout aussi solide. Mention spéciale pour Alba Flores, dont le personnage de Nairobi, à la fois déterminé et vulnérable, est un exemple de finesse et de profondeur dans une série où les personnalités sont souvent exacerbées.
Au final, les saisons 1 et 2 deLa casa de papel représentent une œuvre aboutie, capable de captiver par son rythme, son originalité et ses personnages puissants. Si quelques scènes sont un peu tirées par les cheveux et si certains choix scénaristiques pourraient paraître discutables, la série tient en haleine de bout en bout. Le spectateur ne peut s’empêcher de sympathiser avec cette bande de braqueurs atypiques et d’espérer leur réussite, malgré l’immoralité de leurs actions. La question de poursuivre ou non la série après cette fin en apothéose est légitime, tant la conclusion pourrait se suffire à elle-même. Cependant, la fascination pour ces personnages et cet univers nous laisse, comme tant d’autres, curieux de ce que le Professeur et sa bande pourraient encore inventer.
Note : 8 / 10
L’histoire commence par l’intrusion des braqueurs dans la Maison royale de la Monnaie d’Espagne, où ils prennent de nombreux otages et impriment leur propre fortune. Le plan, calibré dans les moindres détails par le Professeur, doit durer onze jours, au cours desquels chaque minute est un suspense insoutenable. Le format en temps réel et l’utilisation des flashbacks accentuent la tension de manière brillante. Le spectateur se retrouve dans un étau, pris entre l’empathie pour les braqueurs, parfois fascinants, et l’ambiguïté morale d’un plan sans scrupule.
Le scénario, intelligemment ficelé, surprend par son rythme effréné et sa capacité à jongler entre l’action, l’émotion et les rebondissements. Certains éléments frisent parfois l’invraisemblance — les plans de secours du Professeur semblent toujours aussi nombreux qu’impeccables, ce qui peut donner l’impression que la chance tourne de manière un peu calculée en sa faveur. Mais malgré cela, l’intrigue ne perd jamais en intensité. Ces premières saisons captent l’essence même des grandes séries d’action en combinant suspense, enjeux émotionnels et intrigues complexes. Chaque épisode nourrit le besoin d’aller plus loin, renforçant ainsi l’addiction des spectateurs.
Les personnages sont certainement l’un des points forts de la série. Chacun des braqueurs, de Tokyo à Berlin en passant par Nairobi, apporte son lot de paradoxes et de zones d’ombre, tout en possédant une histoire personnelle qui touche. Berlin, joué avec une intensité glaciale par Pedro Alonso, est à la fois fascinant et dérangeant ; son comportement cruel et pervers cache une certaine mélancolie, et sa fin, accompagnée de la chanson « Bella Ciao », est d’une intensité émotionnelle inédite. Le Professeur, incarné par Álvaro Morte, se révèle un leader aussi anxieux que stratège, dont la relation avec l’inspectrice Raquel ajoute une dimension supplémentaire au récit. Ce jeu constant entre le bien et le mal, entre la justice et l’illégalité, fait de ces personnages des êtres humains presque ordinaires malgré leurs actes extrêmes. On finit par les comprendre, voire les soutenir, ce qui ajoute un niveau de complexité éthique et émotionnelle.
Sur le plan thématique, la série explore le syndrome de Stockholm, les luttes de pouvoir, les manipulations médiatiques et la résistance. La chanson « Bella Ciao » en est devenue l’emblème, ajoutant une dimension de rébellion universelle. Cette célèbre chanson antifasciste italienne, que les personnages fredonnent lors de moments cruciaux, incarne parfaitement le défi des braqueurs contre un système qui les oppresse, ce qui résonne chez de nombreux spectateurs à travers le monde. En somme, Pina est de grande qualité, bien que quelques scènes auraient pu gagner en sobriété. Les plans sont dynamiques, l’esthétique de la série est soignée, et les costumes iconiques des braqueurs — combinaisons rouges et masques de Salvador Dalí — sont devenus des symboles visuels mémorables. La bande sonore, à commencer par le générique de Cecilia Krull, « My life is going on », vient renforcer l’immersion et traduit parfaitement la tension psychologique des personnages. Certaines failles techniques, notamment au niveau des transitions et du montage, peuvent parfois casser le rythme, mais l’ensemble reste cohérent et efficace.
En termes de performances, Álvaro Morte incarne avec brio le Professeur, jouant à merveille entre l’intellectuel calculateur et l’homme sensible. Úrsula Corberó, en Tokyo, apporte fougue et imprévisibilité, même si le personnage peut, par moments, sembler un peu trop caricatural. Le reste de la distribution, Itziar Ituño en tête dans le rôle de Raquel, est tout aussi solide. Mention spéciale pour Alba Flores, dont le personnage de Nairobi, à la fois déterminé et vulnérable, est un exemple de finesse et de profondeur dans une série où les personnalités sont souvent exacerbées.
Au final, les saisons 1 et 2 de
Note : 8 / 10
Vu le 25 mai 2024