Délivrance marque le retour du duo de choc formé par les détectives Carl Mørck et Assad dans ce troisième volet de la populaire franchise danoise. Réalisé cette fois par Hans Petter Moland, ce polar glaçant renoue avec les deux premiers épisodes tout en proposant une intrigue inédite autour des dérives sectaires. Portés par les talentueux Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, les spectateurs retrouveront avec plaisir l'ambiance si particulière de cette saga.

L'histoire débute de manière intrigante lorsqu'une vieille bouteille contenant un message écrit avec du sang est repêchée dans un commissariat écossais. Rapidement identifié comme un appel à l'aide danois datant de plusieurs années, ce mystérieux cas est confié au Département V de Copenhague. L'imprévisible Carl Mørck et son complice Assad se lancent alors sur les traces de ce cri de détresse oublié. Une enquête haletante les mènera sur la piste d'une secte obscure pratiquant des rituels aussi morbides que secrets…

Si Délivrance repose sur les bases éculées du thriller policier, le scénario des opus précédents parvennait néanmoins à nous tenir en haleine grâce à un rythme énergique et des rebondissements bien ficelés. Ici, la dimension philosophique autour des croyances religieuses est par moments trop convenue et certaines scènes de violence peuvent sembler gratuites et détonner avec l'atmosphère globalement plus feutrée que les précédents volets. En clair, le scénario est ici plus faible que ceux des films précédents.

Les personnages principaux demeurent plutôt stéréotypés mais gardent un charme indéniable, porté par le duo d'acteurs principaux. La relation complice entre le dépressif Mørck et son assistant Assad apporte d'ailleurs un contrepoint bienvenu à la noirceur de l'intrigue. On apprécie leurs échanges piquants qui percent la glace du thriller avec une pointe d'humour irrévérencieuse très réjouissante. Petit bémol en revanche pour le « méchant » de l'histoire qui manque cruellement de profondeur psychologique pour vraiment marquer les esprits, malgré un interprête plutôt solide.

Au-delà du simple thriller, Délivrance creuse la thématique passionnante des dérives potentielles des croyances religieuses. En embrassant à la fois les formes les plus bienveillantes et les plus radicales de la foi, le film adopte un regard nuancé mais implacable sur la question. Une dimension philosophique plutôt audacieuse pour un film de genre, même si elle reste en surface.

Sur le plan de la réalisation, le métrage se montre plutôt sage et conventionnel. Si l'ensemble reste d'une esthétique sobre et efficace, on regrette un petit manque d'audace visuelle par rapport aux deux précédents volets. Le rythme s'avère également assez inégal avec une accumulation de séquences violentes qui rompent parfois le climat oppressant si bien installé. Un traitement plus feutré aurait sans doute mieux servi cette enquête aux allures de huis-clos étouffant.

Heureusement, le duo d'acteurs principaux assure une fois de plus le spectacle avec un brio confondant. Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares ont définitivement incarné leurs personnages pour le plus grand plaisir des fans. Leur présence charismatique à l'écran compense largement les quelques faiblesses du scénario. Dans le rôle du méchant, le Norvégien Pål Sverre Hagen impressionne également par son jeu d'une froideur glaçante. Une performance inquiétante qui aurait mérité un personnage mieux étoffé.

Malgré quelques longueurs et un manque d'originalité certain, Délivrance parvient à nous tenir en haleine grâce à son duo d'enquêteurs attachants. Un thriller machiavélique qui mélange avec justesse intrigues policière et réflexion philosophique sur la foi pour se démarquer du genre. Un divertissement prenant, mais clairement en retrait par rapport aux opus précédents.

Note : 5 / 10