Les lumières de la ville
Bien que portant la signature du génial Charles Chaplin, Les lumières de la ville n'atteint pas tout à fait les cîmes sublimes qu'on lui prête parfois. À l'aune d'une réputation aussi immense, on ne peut s'empêcher d'être légèrement déçu, même si ce film muet de 1931 reste indubitablement une œuvre marquante du 7e art.
L'intrigue, classique pour l'époque, narre les péripéties d'un vagabond désargenté qui tombe éperdument épris d'une ravissante fleuriste aveugle, persuadée qu'il est un riche bourgeois. Un quiproquo propice aux frasques de l'irrésistible clochard vêtu de son sempiternel costume crasseux, et muni de sa canne. Un postulat de départ maintes fois exploité, certes, mais que Chaplin parvient à transcender par sa maîtrise consommée du burlesque et du pathos.
Le scénario emprunte ainsi des sentiers battus, avec cette romance improbable entre les deux mondes, mais le génie de Chaplin réside dans son art d'insuffler sa touche unique au récit. Son talent pour manier l'équilibre entre le rire et l'émoi, le burlesque et la tendresse, demeure d'une efficacité redoutable. Si les ressorts comiques ne réinventent pas la roue, les tableaux s'enchaînent avec un sens du rythme et une maîtrise du pathos confondants.
Le vagabond que Chaplin incarne reste l'un des personnages les plus attachants du 7e art. Héros dépenaillé, certes, mais ô combien humain, sensible et altruiste malgré ses innombrables déboires. Un être d'une candeur désarmante qui fait mouche à chacune de ses apparitions, aussi grotesque soit-il. Face à lui, Virginia Cherrill illumine le rôle de la candide fleuriste d'une beauté solaire, formant avec son partenaire un contraste saisissant. Leur alchimie bouleversante touche par sa sincérité dépourvue d'artifices.
Au-delà de la romance, Les lumières de la ville aborde avec une acuité remarquable les grandes thématiques sociétales qui déchiraient l'Amérique de l'époque : la pauvreté, l'exclusion, les inégalités criantes. Un miroir grinçant qui, hélas, ne perd rien de son actualité des décennies plus tard. Chaplin y distille un message d'espoir et d'humanisme percutant, sans jamais verser dans le misérabilisme facile.
D'un point de vue purement technique, le film impressionne par sa maîtrise consommée des codes du muet. Le jeu corporel des acteurs, empreint d'une poésie rare, les mouvements audacieux de la caméra, les éclairages subtils : autant d'atouts qui rendent cette œuvre visuellement captivante en dépit de l'absence de bande-son. Une prouesse pour l'époque, rendue possible par le perfectionnisme légendaire du réalisateur. On raconte d'ailleurs que la simple scène de la rencontre entre le vagabond et la fleuriste nécessita pas moins de trois cents prises !
Si les performances sont toutes convaincantes, certains seconds rôles méritent d'être salués, à l'instar d'Harry Myers en millionnaire excentrique ou de Florence Lee en mère bourrue de la fleuriste. Des caricatures savoureuses qui ménagent des contrepoints réjouissants à la candeur du couple principal.
Au final, Les lumières de la ville conserve une place de choix dans la prestigieuse filmographie de son auteur. Un classique émouvant et drôle, qui n'atteint certes pas toujours les sommets qu'on lui prête, mais qui demeure une référence pour tous les amoureux du muet et de Charlot. Une œuvre à la fois divertissante et porteuse d'un message humaniste fort.
Note : 7 / 10
L'intrigue, classique pour l'époque, narre les péripéties d'un vagabond désargenté qui tombe éperdument épris d'une ravissante fleuriste aveugle, persuadée qu'il est un riche bourgeois. Un quiproquo propice aux frasques de l'irrésistible clochard vêtu de son sempiternel costume crasseux, et muni de sa canne. Un postulat de départ maintes fois exploité, certes, mais que Chaplin parvient à transcender par sa maîtrise consommée du burlesque et du pathos.
Le scénario emprunte ainsi des sentiers battus, avec cette romance improbable entre les deux mondes, mais le génie de Chaplin réside dans son art d'insuffler sa touche unique au récit. Son talent pour manier l'équilibre entre le rire et l'émoi, le burlesque et la tendresse, demeure d'une efficacité redoutable. Si les ressorts comiques ne réinventent pas la roue, les tableaux s'enchaînent avec un sens du rythme et une maîtrise du pathos confondants.
Le vagabond que Chaplin incarne reste l'un des personnages les plus attachants du 7e art. Héros dépenaillé, certes, mais ô combien humain, sensible et altruiste malgré ses innombrables déboires. Un être d'une candeur désarmante qui fait mouche à chacune de ses apparitions, aussi grotesque soit-il. Face à lui, Virginia Cherrill illumine le rôle de la candide fleuriste d'une beauté solaire, formant avec son partenaire un contraste saisissant. Leur alchimie bouleversante touche par sa sincérité dépourvue d'artifices.
Au-delà de la romance, Les lumières de la ville aborde avec une acuité remarquable les grandes thématiques sociétales qui déchiraient l'Amérique de l'époque : la pauvreté, l'exclusion, les inégalités criantes. Un miroir grinçant qui, hélas, ne perd rien de son actualité des décennies plus tard. Chaplin y distille un message d'espoir et d'humanisme percutant, sans jamais verser dans le misérabilisme facile.
D'un point de vue purement technique, le film impressionne par sa maîtrise consommée des codes du muet. Le jeu corporel des acteurs, empreint d'une poésie rare, les mouvements audacieux de la caméra, les éclairages subtils : autant d'atouts qui rendent cette œuvre visuellement captivante en dépit de l'absence de bande-son. Une prouesse pour l'époque, rendue possible par le perfectionnisme légendaire du réalisateur. On raconte d'ailleurs que la simple scène de la rencontre entre le vagabond et la fleuriste nécessita pas moins de trois cents prises !
Si les performances sont toutes convaincantes, certains seconds rôles méritent d'être salués, à l'instar d'Harry Myers en millionnaire excentrique ou de Florence Lee en mère bourrue de la fleuriste. Des caricatures savoureuses qui ménagent des contrepoints réjouissants à la candeur du couple principal.
Au final, Les lumières de la ville conserve une place de choix dans la prestigieuse filmographie de son auteur. Un classique émouvant et drôle, qui n'atteint certes pas toujours les sommets qu'on lui prête, mais qui demeure une référence pour tous les amoureux du muet et de Charlot. Une œuvre à la fois divertissante et porteuse d'un message humaniste fort.
Note : 7 / 10
Vu le 14 avril 2024