La merveilleuse histoire de Henry Sugar
C'était l'événement le plus attendu de l'année pour les cinéphiles ! Après le délicieux et déjanté The French dispatch, Wes Anderson revenait avec La merveilleuse histoire de Henry Sugar, adaptation d'une nouvelle de l'immense Roald Dahl. Un rêve de voir l'univers poétique et décalé du réalisateur cultissime rencontrer — à nouveau — celui de l'auteur au mordant si particulier.
Avec un casting trois étoiles emmené par les toujours brillants Ralph Fiennes, Benedict Cumberbatch et Dev Patel, on s'attendait à un petit bijou de créativité et d'inventivité visuelles. Et c'est bien ce que nous avons eu… mais aussi un petit sentiment de frustration.
L'intrigue suit Henry Sugar, riche dandy blasé qui découvre l'existence d'un mystérieux gourou indien capable de voir sans utiliser ses yeux. Fasciné, il décide de maîtriser ce don psychique de « voir sans voir » afin de tricher aux jeux et donner un sens à sa vie oisive. Un point de départ alléchant, mélangeant le merveilleux et le prosaïque si typiques de Roald Dahl.
Dès les premières images, on replonge avec délectation dans l'univers si singulier de Wes Anderson. Les cadrages sont savamment millimétrés, les couleurs crèvent l'écran, les décors défient les lois de la vraisemblance… Bref, c'est un véritable feu d'artifice visuel qui nous est offert ! On est ébloui par tant de créativité déployée à chaque plan, chaque mouvement de caméra.
Le parti pris narratif est lui aussi fort original : les acteurs ne jouent pas seulement les personnages, ils récitent également le texte source de Roald Dahl en voix off ou face caméra. Une mise en abyme audacieuse qui aurait pu mal tourner mais fonctionne à merveille, grâce à l'énergie et au talent des interprètes.
Mention spéciale d'ailleurs à l'immense Ralph Fiennes, impeccable en écrivain arrogant mais attachant. Et que dire du vénérable Ben Kingsley, dont la performance de gourou mystique vous glace le sang ! Un pur bonheur.
Malheureusement, si la forme est absolument éblouissante, le fond patine un peu. Comme souvent chez Wes Anderson, on a l'impression qu'il s'est tellement laissé griser par sa maestria visuelle qu'il en a quelque peu négligé l'émotion et la substance de l'histoire.
Les personnages manquent cruellement d'épaisseur et de développement psychologique pour vraiment nous attacher à leur sort. Les thèmes explorés — la vacuité de l'argent, la quête de sens, le mysticisme oriental — sont effleurés sans être réellement approfondis.
L'épilogue, censé apporter une conclusion forte, pèche par sa longueur insuffisante et son manque d'impact émotionnel. On le voit, l'exercice de style narratif si stimulant finit presque par étouffer le propos même du film. Une déception pour qui avait espéré que l'univers de Roald Dahl inspirerait à Anderson un peu plus de mordant et de noirceur.
Au final, La merveilleuse histoire de Henry Sugar est un pur délice formel mais un petit peu creux. Un court-métrage à regarder absolument pour sa beauté plastique inouïe et son audace narrative. Mais qu'on referme quelque peu sur sa faim, en se disant que le cinéaste a sans doute sacrifié un peu trop l'émotion sur l'autel de l'esthétisme.
Note : 6 / 10
Avec un casting trois étoiles emmené par les toujours brillants Ralph Fiennes, Benedict Cumberbatch et Dev Patel, on s'attendait à un petit bijou de créativité et d'inventivité visuelles. Et c'est bien ce que nous avons eu… mais aussi un petit sentiment de frustration.
L'intrigue suit Henry Sugar, riche dandy blasé qui découvre l'existence d'un mystérieux gourou indien capable de voir sans utiliser ses yeux. Fasciné, il décide de maîtriser ce don psychique de « voir sans voir » afin de tricher aux jeux et donner un sens à sa vie oisive. Un point de départ alléchant, mélangeant le merveilleux et le prosaïque si typiques de Roald Dahl.
Dès les premières images, on replonge avec délectation dans l'univers si singulier de Wes Anderson. Les cadrages sont savamment millimétrés, les couleurs crèvent l'écran, les décors défient les lois de la vraisemblance… Bref, c'est un véritable feu d'artifice visuel qui nous est offert ! On est ébloui par tant de créativité déployée à chaque plan, chaque mouvement de caméra.
Le parti pris narratif est lui aussi fort original : les acteurs ne jouent pas seulement les personnages, ils récitent également le texte source de Roald Dahl en voix off ou face caméra. Une mise en abyme audacieuse qui aurait pu mal tourner mais fonctionne à merveille, grâce à l'énergie et au talent des interprètes.
Mention spéciale d'ailleurs à l'immense Ralph Fiennes, impeccable en écrivain arrogant mais attachant. Et que dire du vénérable Ben Kingsley, dont la performance de gourou mystique vous glace le sang ! Un pur bonheur.
Malheureusement, si la forme est absolument éblouissante, le fond patine un peu. Comme souvent chez Wes Anderson, on a l'impression qu'il s'est tellement laissé griser par sa maestria visuelle qu'il en a quelque peu négligé l'émotion et la substance de l'histoire.
Les personnages manquent cruellement d'épaisseur et de développement psychologique pour vraiment nous attacher à leur sort. Les thèmes explorés — la vacuité de l'argent, la quête de sens, le mysticisme oriental — sont effleurés sans être réellement approfondis.
L'épilogue, censé apporter une conclusion forte, pèche par sa longueur insuffisante et son manque d'impact émotionnel. On le voit, l'exercice de style narratif si stimulant finit presque par étouffer le propos même du film. Une déception pour qui avait espéré que l'univers de Roald Dahl inspirerait à Anderson un peu plus de mordant et de noirceur.
Au final, La merveilleuse histoire de Henry Sugar est un pur délice formel mais un petit peu creux. Un court-métrage à regarder absolument pour sa beauté plastique inouïe et son audace narrative. Mais qu'on referme quelque peu sur sa faim, en se disant que le cinéaste a sans doute sacrifié un peu trop l'émotion sur l'autel de l'esthétisme.
Note : 6 / 10
Vu le 17 avril 2024