En 1928,
Carl Theodor Dreyer nous offrait
La passion de Jeanne d'Arc, une œuvre devenue culte, ancrée solidement dans le panthéon du cinéma mondial. Portant sur les épaules l'intensité de l'histoire de
Jeanne d'Arc, le film explore le procès de la jeune héroïne, capturant la simplicité désarmante de son récit face à un tribunal ecclésiastique hostile. L'œuvre, malgré ses presque deux heures de durée, parvient étonnamment à maintenir un rythme captivant.
Dans le château de Rouen en 1431, le procès de
Jeanne d'Arc se déroule devant un tribunal ecclésiastique proche des Anglais. Enchaînée, elle défend avec simplicité ses actes devant une foule prédisposée à la condamner avant même le début de son jugement.
Bien que le film puisse sembler redondant, son rythme bien cadencé compense la minceur du sujet. La progression, cependant, pâtit de quelques maladresses, laissant transparaître une certaine artifice. Le personnage de
Jeanne d'Arc, bien que porté par la touchante
Maria Falconetti, semble entrer dans un état de grâce précoce. Le caractère un peu caricatural du personnage et l'âge avancé de l'actrice lors du tournage jettent une ombre sur la crédibilité historique. À l'inverse,
Eugène Silvain en évêque
Pierre Cauchon excelle, apportant une conviction effrayante à son rôle.
La réalisation de
Dreyer, bien que techniquement limitée pour son époque, parvient à capturer l'essence du procès de
Jeanne d'Arc avec une intensité palpable. L'absence presque totale de décors, sauf dans les scènes d'exécution, témoigne des contraintes de l'époque mais souligne aussi l'impact émotionnel brut.
La passion de Jeanne d'Arc reste une pièce maîtresse du cinéma, malgré quelques irrégularités. Son exploration des thèmes profonds et la performance mémorable de
Falconetti justifient sa place dans le canon cinématographique. La technique datée ne devrait pas décourager les amateurs de films classiques, car l'œuvre offre une immersion émotionnelle et intellectuelle captivante.
Note :
7 / 10