Ni juge, ni soumise
Je dois avouer que lorsque j'ai découvert le film "Ni juge, ni soumise", réalisé par Jean Libon et Yves Hinant, j'étais loin de m'imaginer le voyage émotionnel et humoristique qui m'attendait. Ayant toujours apprécié la série "StripTease", dont ce long-métrage est issu, j'étais curieux de voir comment les réalisateurs allaient aborder le quotidien d'une juge d'instruction belge, Anne Gruwez. Et je n'ai pas été déçu. Le film nous plonge immédiatement dans l'univers de la justice belge, en nous présentant Anne Gruwez, une juge d'instruction atypique et haute en couleur. Cette femme au caractère bien trempé et à l'humour décapant est chargée d'enquêter sur des affaires criminelles, allant du vol à l'arraché à l'infanticide en passant par le harcèlement et les confessions de maîtresses SM. Autant dire que le quotidien de cette magistrate est loin d'être monotone. L'une des forces de "Ni juge, ni soumise" réside dans sa capacité à mêler avec brio l'humour et le drame, le rire et l'émotion. Les réalisateurs ont su capter des moments de vie authentiques et parfois surréalistes, comme cette scène où Anne Gruwez, au volant de sa vieille voiture, se faufile dans les rues de Bruxelles en commentant avec un humour mordant les embouteillages et les automobilistes indisciplinés. Ou encore cette séquence où, lors d'une exhumation, elle discute avec le légiste et les policiers des différents états de décomposition des cadavres, le tout avec une désinvolture et un sens de la repartie qui prêtent à sourire, malgré la gravité de la situation. Les personnages qui gravitent autour de la juge Gruwez sont eux aussi savoureux et hauts en couleur. On rencontre ainsi des prévenus plus ou moins sympathiques, des avocats dépassés par les révélations de leurs clients, et des collègues de la juge qui semblent parfois un peu écrasés par sa forte personnalité. Parmi les moments forts du film, je me souviens particulièrement de cette confrontation entre Anne Gruwez et une mère ayant tué son enfant, une scène à la fois bouleversante et terrifiante, où la juge fait preuve d'une grande humanité et d'un professionnalisme sans faille. Le scénario du film, bien que basé sur des faits réels, est construit de manière à tenir le spectateur en haleine, alternant les séquences légères et les moments plus sombres. Les réalisateurs ont su éviter les clichés et les stéréotypes propres au genre, en nous offrant une vision décalée et originale de la justice et de ses acteurs. Les thèmes abordés sont variés et universels, tels que la folie, la mort, la solitude ou la quête de vérité, et sont traités avec justesse et nuance. La réalisation de Jean Libon et Yves Hinant est soignée et efficace, mettant en valeur les personnages et les situations sans jamais tomber dans le voyeurisme ou la complaisance. La caméra se fait discrète, captant au plus près les émotions et les réactions des protagonistes, tout en nous immergeant dans les décors et les ambiances de la ville de Bruxelles. La bande-son, quant à elle, accompagne parfaitement les différentes séquences, soulignant avec subtilité les moments de tension ou d'émotion. En ce qui concerne les performances des acteurs, il convient de rappeler que "Ni juge, ni soumise" est un documentaire, et que les personnes filmées ne sont pas des comédiens professionnels. Cela n'empêche pas certaines séquences d'être particulièrement marquantes, grâce à la sincérité et à l'authenticité des protagonistes. Anne Gruwez, en particulier, crève l'écran par son charisme et sa personnalité hors norme. En conclusion, "Ni juge, ni soumise" est un film qui m'a séduit par son approche originale et décalée, son humour omniprésent et ses personnages attachants. Bien qu'il ne soit pas exempt de défauts, ce long-métrage a le mérite de nous faire réfléchir sur notre système judiciaire et sur les hommes et les femmes qui le font vivre au quotidien. Si vous appréciez les documentaires qui sortent des sentiers battus et les films qui bousculent les codes établis, je ne peux que vous recommander de découvrir cette pépite belge, qui vous fera rire, frissonner et réfléchir à coup sûr.
Note : 7 / 10
Note : 7 / 10
Vu le 5 septembre 2018