• Julien   Lepage

Prédestination est un film de science-fiction sorti en 2014, réalisé par les frères Michael Spierig et Peter Spierig. Porté par les performances de Ethan Hawke et Sarah Snook, ce long-métrage dépeint une étrange boucle temporelle où les frontières de l'identité se brouillent. Bien que techniquement solide, le film pèche par un scénario bancal qui ne parvient pas à exploiter pleinement son concept audacieux.

L'intrigue suit un agent temporel chargé d'arrêter l'un des pires criminels de l'histoire. Dans sa traque, il fait la rencontre d'une mystérieuse recrue dont le passé semble intimement lié à sa mission. Au fil des rebondissements, les deux personnages se retrouvent happés dans un paradoxe temporel des plus vertigineux.

Si le postulat de départ dégage une aura intrigante, force est de constater que le scénario s'essouffle rapidement. Bien que perturbant dans un premier temps, le récit se perd dans des circonvolutions narratives peu convaincantes. Les auteurs cherchent désespérément à nous désarçonner, au prix d'incohérences et de ficelles scénaristiques éculées. On reconnaît ici les travers d'un certain cinéma de genre qui sacrifie la substance à l'artifice. Les personnages, eux, peinent à sortir des carcans de leurs archétypes respectifs. Derrière leurs masques tragiques, on peine à saisir leur véritable essence, entraînant un détachement certain de la part du spectateur. C'est d'autant plus regrettable que les comédiens, Ethan Hawke en tête, déploient des trésors de sincérité pour donner corps à ces âmes perdues dans les méandres du temps. Si Prédestination aborde des thématiques profondes comme l'identité, le libre-arbitre ou la causalité, le traitement demeure hélas superficiel. Le film se contente d'effleurer ces questions sans jamais approfondir véritablement la réflexion. On reste ainsi sur sa faim, insatisfait par cette succession de révélations creuses. Portée par une réalisation léchée et une photographie soignée, la mise en scène parvient néanmoins à insuffler une atmosphère pesante, à l'image des enjeux abyssaux qui structurent l'intrigue. Les frères Spierig témoignent d'une maîtrise formelle certaine, qui contraste avec les faiblesses du scénario. En définitive, Prédestination rate l'opportunité d'explorer pleinement les paradoxes vertigineux qu'il soulève. Si le voyage dans le temps fascine par ses perspectives labyrinthiques, le film reste enlisé dans des ornières scénaristiques convenues qui ternissent son ambition initiale. Un récit décousu qui laisse un goût d'inachevé, malgré les efforts d'une réalisation léchée et d'un casting investI. Pour les amateurs du genre, on recommandera les pépites comme Primer, Twelve Monkeys ou La Jetée, qui explorent ces thématiques avec une finesse et une profondeur supplémentaires.

Note : 4 / 10