• Julien   Lepage

Seth MacFarlane, le créateur des Griffin, fait ses premiers pas au cinéma avec Ted, une comédie déjantée qui met en scène un ours en peluche vivant et son meilleur ami humain. Après des années à régner sur le petit écran avec ses séries animées, MacFarlane s'attaque au grand écran avec un concept qui flirte avec l'absurde tout en restant étrangement attachant.

L'histoire débute comme un conte de Noël : le petit John Bennett fait le vœu que son ours en peluche prenne vie. Par miracle, son souhait se réalise. Mais 27 ans plus tard, la magie de l'enfance a laissé place à une amitié d'adultes pas vraiment responsables. John (Mark Wahlberg) et Ted (doublé par MacFarlane lui-même en VO, et par JoeyStarr en VF) passent leurs journées à fumer des joints et à regarder des émissions ringardes. Cette routine est bouleversée quand Lori (Mila Kunis), la petite amie de John, décide qu'il est temps pour Ted de prendre son indépendance.

Le scénario, co-écrit par MacFarlane et deux de ses acolytes des Griffin, Alec Sulkin et Wellesley Wild, jongle habilement entre l'humour potache et des moments de vraie émotion. On sent l'influence de films comme Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, mais Ted trouve sa propre voie en explorant ce qui se passe après le « ils vécurent heureux ». C'est une réflexion sur le passage à l'âge adulte, enrobée dans une couche épaisse d'humour trash.

Les personnages sont étonnamment bien développés pour une comédie de ce genre. John est un homme-enfant attachant, Ted est un concentré de mauvais comportements mais reste étrangement sympathique, et Lori évite le piège de la copine rabat-joie pour devenir un personnage à part entière. Même les seconds rôles, comme le patron psychopathe de John joué par Giovanni Ribisi, apportent leur lot de surprises.

Le film aborde des thèmes comme l'amitié, la loyauté et la difficulté de grandir, tout en les noyant dans un flot de blagues scabreuses et de références pop culture. C'est un équilibre délicat, mais MacFarlane réussit à le maintenir la plupart du temps. Il n'hésite pas à pousser l'humour dans ses retranchements, flirtant parfois avec le mauvais goût, mais c'est cette audace qui donne au film son charme irrévérencieux.

Techniquement, Ted est une belle réussite. L'intégration de Ted dans les scènes en prises de vue réelles est impeccable, au point qu'on oublie rapidement qu'il s'agit d'un personnage généré par ordinateur. MacFarlane a utilisé la capture de mouvement pour donner vie à Ted, portant lui-même un costume hors champ pour animer l'ours en temps réel avec les acteurs. Cette approche donne une spontanéité aux interactions qui contribue grandement à la crédibilité de l'ensemble.

Du côté des acteurs, Mark Wahlberg prouve qu'il a un vrai talent comique. Son alchimie avec Ted est surprenante, d'autant plus qu'il jouait la plupart du temps face à un bâton avec des yeux dessinés dessus. Mila Kunis, habituée à travailler avec MacFarlane sur les Griffin, apporte une touche de réalisme et d'émotion bienvenue.

Ted n'est pas un film parfait. Certaines blagues tombent à plat, et le rythme faiblit parfois au milieu du film. Mais dans l'ensemble, c'est une comédie rafraîchissante qui ose sortir des sentiers battus. MacFarlane a réussi à transposer son humour corrosif du petit au grand écran sans perdre en route ce qui fait son charme.

En conclusion, Ted est une surprise agréable, un mélange improbable entre comédie trash et conte moderne sur l'amitié. C'est un film qui fait rire, parfois jaune, mais qui sait aussi toucher quand il le faut. Si vous aimez l'humour irrévérencieux de MacFarlane et que vous n'avez pas peur des blagues osées, Ted devrait vous plaire.

Note : 8 / 10