Vortex
Cette mini-série, signée par Slimane-Baptiste Berhoun, débarque en 2023 avec une ambition notable : marier polar classique et science-fiction autour du voyage temporel. Dotée d’un concept co-imaginé par Franck Thilliez, la série mêle thriller, drame et une dose d’imaginaire qui tranche dans le paysage audiovisuel français, souvent frileux à s’aventurer hors des sentiers battus. Portée par Tomer Sisley, Camille Claris, et une réalisation soignée, elle s’est rapidement imposée comme un sujet de discussion, pour le meilleur et pour le pire.
L’histoire débute en 2025, lorsque Ludovic, commandant de police, découvre une faille temporelle dans une reconstitution en réalité virtuelle. Cette fenêtre spatio-temporelle lui permet de communiquer avec Mélanie, sa femme décédée en 1998. Pris dans un dilemme moral, Ludovic décide d’essayer de changer le cours du temps pour sauver Mélanie. Mais modifier le passé n’est pas sans conséquences, et chaque action crée une série de paradoxes qui chamboulent non seulement son présent, mais celui de ses proches.
La série repose sur un scénario audacieux et parfois casse-gueule. L'idée d'une communication entre deux époques via une salle de réalité virtuelle est ingénieuse, bien que les failles logiques sautent vite aux yeux. Pourquoi Ludovic, conscient des risques, s’entête-t-il à jouer avec le destin ? Le spectateur devra fermer les yeux sur certaines incohérences pour se laisser happer par le récit. Néanmoins, l’écriture bénéficie de moments forts et de twists bien amenés, même si les rebondissements policiers peinent parfois à convaincre. Les amateurs de récits plus aboutis sur les paradoxes temporels penseront inévitablement à Dark, dont l’approche rigoureuse fait pâlir celle de Vortex.
Les personnages, au cœur de ce drame temporel, offrent une palette intéressante mais inégale. Ludovic, interprété par Tomer Sisley, manque de profondeur, emprisonné dans une interprétation monotone qui peine à transcender les clichés. À l’inverse, Camille Claris, dans le rôle de Mélanie, incarne une vulnérabilité touchante, rendant les dilemmes de son personnage plus tangibles. Les seconds rôles, notamment Éric Pucheu en collègue loyal et Zineb Triki en épouse actuelle de Ludovic, apportent une gravité bienvenue à un univers parfois alourdi par ses ambitions.
Thématiquement, Vortex explore des questions universelles : jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver un être cher ? À quel point notre passé définit-il notre présent ? Malheureusement, ces interrogations se heurtent à une gestion approximative des conséquences. Le concept de l’effet papillon, central à toute fiction temporelle, est ici traité avec une légèreté qui frustre autant qu’elle intrigue. Pourtant, le cœur émotionnel de la série — le triangle amoureux déchiré entre deux époques — reste une belle trouvaille, surtout lorsque la série s’attarde sur les sacrifices de Mélanie.
La réalisation de Slimane-Baptiste Berhoun — l'inoubliable docteur Castafolte du Visiteur du futur — se démarque par un soin évident dans la mise en scène des séquences de réalité virtuelle. Les transitions entre 1998 et 2025 sont fluides, et les maquillages des acteurs très réussis, bien que les différences visuelles entre les époques manquent de relief. La musique d’Audrey Ismaël, primée au Festival de la Fiction TV de La Rochelle, renforce l’atmosphère mélancolique, bien qu’on regrette un manque d’audace dans son utilisation. Les lunettes VR, censées être un atout esthétique, donnent parfois une impression de bricolage amateur, un écueil technique qui nuit à l’immersion.
Côté interprétation, Tomer Sisley divise. Bien qu’il apporte une intensité certaine dans les moments clefs, son jeu linéaire et parfois caricatural dilue l’impact émotionnel. Heureusement, Camille Claris et Éric Pucheu relèvent le niveau, en insufflant authenticité et profondeur à des personnages qui auraient pu sombrer dans la banalité.
Vortex est une tentative courageuse d’explorer de nouveaux territoires pour la fiction française. Si elle ne rivalise pas avec les références internationales du genre, elle réussit à maintenir l’intérêt grâce à une écriture rythmée et des performances solides. C’est un début prometteur pour ceux qui rêvent de voir la science-fiction française sortir de sa zone de confort. Pour les amateurs de récits où le temps devient un terrain de jeu, elle mérite qu’on lui donne une chance. À défaut d’être révolutionnaire, Vortex prouve que l’audace a encore sa place sur nos écrans.
Note : 8 / 10
L’histoire débute en 2025, lorsque Ludovic, commandant de police, découvre une faille temporelle dans une reconstitution en réalité virtuelle. Cette fenêtre spatio-temporelle lui permet de communiquer avec Mélanie, sa femme décédée en 1998. Pris dans un dilemme moral, Ludovic décide d’essayer de changer le cours du temps pour sauver Mélanie. Mais modifier le passé n’est pas sans conséquences, et chaque action crée une série de paradoxes qui chamboulent non seulement son présent, mais celui de ses proches.
La série repose sur un scénario audacieux et parfois casse-gueule. L'idée d'une communication entre deux époques via une salle de réalité virtuelle est ingénieuse, bien que les failles logiques sautent vite aux yeux. Pourquoi Ludovic, conscient des risques, s’entête-t-il à jouer avec le destin ? Le spectateur devra fermer les yeux sur certaines incohérences pour se laisser happer par le récit. Néanmoins, l’écriture bénéficie de moments forts et de twists bien amenés, même si les rebondissements policiers peinent parfois à convaincre. Les amateurs de récits plus aboutis sur les paradoxes temporels penseront inévitablement à Dark, dont l’approche rigoureuse fait pâlir celle de Vortex.
Les personnages, au cœur de ce drame temporel, offrent une palette intéressante mais inégale. Ludovic, interprété par Tomer Sisley, manque de profondeur, emprisonné dans une interprétation monotone qui peine à transcender les clichés. À l’inverse, Camille Claris, dans le rôle de Mélanie, incarne une vulnérabilité touchante, rendant les dilemmes de son personnage plus tangibles. Les seconds rôles, notamment Éric Pucheu en collègue loyal et Zineb Triki en épouse actuelle de Ludovic, apportent une gravité bienvenue à un univers parfois alourdi par ses ambitions.
Thématiquement, Vortex explore des questions universelles : jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver un être cher ? À quel point notre passé définit-il notre présent ? Malheureusement, ces interrogations se heurtent à une gestion approximative des conséquences. Le concept de l’effet papillon, central à toute fiction temporelle, est ici traité avec une légèreté qui frustre autant qu’elle intrigue. Pourtant, le cœur émotionnel de la série — le triangle amoureux déchiré entre deux époques — reste une belle trouvaille, surtout lorsque la série s’attarde sur les sacrifices de Mélanie.
La réalisation de Slimane-Baptiste Berhoun — l'inoubliable docteur Castafolte du Visiteur du futur — se démarque par un soin évident dans la mise en scène des séquences de réalité virtuelle. Les transitions entre 1998 et 2025 sont fluides, et les maquillages des acteurs très réussis, bien que les différences visuelles entre les époques manquent de relief. La musique d’Audrey Ismaël, primée au Festival de la Fiction TV de La Rochelle, renforce l’atmosphère mélancolique, bien qu’on regrette un manque d’audace dans son utilisation. Les lunettes VR, censées être un atout esthétique, donnent parfois une impression de bricolage amateur, un écueil technique qui nuit à l’immersion.
Côté interprétation, Tomer Sisley divise. Bien qu’il apporte une intensité certaine dans les moments clefs, son jeu linéaire et parfois caricatural dilue l’impact émotionnel. Heureusement, Camille Claris et Éric Pucheu relèvent le niveau, en insufflant authenticité et profondeur à des personnages qui auraient pu sombrer dans la banalité.
Vortex est une tentative courageuse d’explorer de nouveaux territoires pour la fiction française. Si elle ne rivalise pas avec les références internationales du genre, elle réussit à maintenir l’intérêt grâce à une écriture rythmée et des performances solides. C’est un début prometteur pour ceux qui rêvent de voir la science-fiction française sortir de sa zone de confort. Pour les amateurs de récits où le temps devient un terrain de jeu, elle mérite qu’on lui donne une chance. À défaut d’être révolutionnaire, Vortex prouve que l’audace a encore sa place sur nos écrans.
Note : 8 / 10
Vu le 5 décembre 2024