• Julien   Lepage

Si une règle régit Hollywood, c'est bien celle de la suite obligatoire dès qu'un film cartonne au box-office. American pie ayant été un succès surprise en 1999, il était inévitable qu'American pie 2 voie le jour. Les frères Weitz ayant d'autres projets, la mise en scène est confiée à James B. Rogers, qui était assistant réalisateur sur le premier volet. Une promotion qui aurait pu apporter du sang neuf, mais qui se résume plutôt à un copier-coller du premier film, avec des blagues recyclées et un manque flagrant d'originalité.

L'histoire reprend un an après le lycée. Jim, Kevin, Oz, Finch et Stifler se retrouvent pour l'été avec un seul objectif : profiter à fond de leurs vacances. Pour ça, rien de mieux qu'une maison au bord du lac, synonyme de fêtes déjantées, de tentatives de séduction foireuses et de concours de beaufitude. Jim veut impressionner Nadia, Oz est en relation à distance avec Heather, Kevin ressasse son passé avec Vicky, Finch attend avec impatience de retrouver la mère de Stifler, et ce dernier… reste fidèle à lui-même, c'est-à-dire un lourdaud obsédé par le sexe.

Le principal problème du film, c'est son absence totale de renouvellement. Le premier opus fonctionnait, car il captait avec justesse (et un minimum de sincérité) les maladresses de l'adolescence. İci, on se contente d'empiler les gags graveleux, en essayant de les rendre encore plus trash que dans le premier. Prenez les moments gênants du premier film, changez le sperme par de la pisse et la gêne adolescente par un sentiment de malaise, et vous obtenez ce second opus. La scène où Jim se colle la main à son sexe est une tentative poussive de recréer l'humiliation du premier film, sans le moindre impact comique. Tout est forcé, surjoué et mécanique. Même la fameuse séquence avec les deux « lesbiennes » qui forcent Jim et Stifler à se toucher n'a pour seule ambition que de jouer sur le fantasme adolescent du trio féminin. Ce qui aurait pu être une critique de la masculinité toxique se contente d'être un concours de grimaces.

Les personnages, quant à eux, n'évoluent absolument pas. Jim est toujours un boulet, Finch est toujours un pseudo-intellectuel aux fantasmes de quadragénaire, Kevin est une ombre sans substance, et Oz semble ne servir à rien d'autre que de rappeler qu'Heather existe encore dans cet univers. Seul Stifler a droit à un semblant de développement… en devenant une version encore plus beauf de lui-même, ce qui était difficilement imaginable. On note aussi la quasi-disparition de certains personnages secondaires comme Jessica ou Nadia, qui ne sont là que pour valider un quota et disparaître aussitôt. Mena Suvari, pourtant mise en avant dans le premier film, est reléguée au rang de figurante sans importance.

Les thématiques du film sont d'une banalité affligeante : l'amitié, l'entrée dans l'âge adulte, les relations de couple à distance… tout ça est vaguement abordé, mais noyé sous des blagues aussi grasses que prévisibles. La nostalgie de l'adolescence est évoquée, mais jamais réellement exploitée. À aucun moment le film ne cherche à interroger ses propres clichés ou à surprendre son spectateur. İl aurait été intéressant de voir ces jeunes adultes confrontés à de véritables doutes, à une vraie remise en question de leur vision du monde, mais non, on préfère miser sur des concours de beuverie et des gags réchauffés.

D'un point de vue technique, American pie 2 ne se démarque en rien. La mise en scène est fonctionnelle, mais sans âme. La photographie est fade, digne d'un téléfilm pour adolescents. La bande-son, bien qu'efficace dans l'ambiance estivale qu'elle cherche à installer, se contente d'aligner des tubes de l'époque sans véritable cohérence. Aucune prise de risque visuelle, aucun effort dans le découpage des scènes comiques : tout est filmé de manière plate et générique. On aurait pu espérer que le passage à un cadre plus large (avec la maison au bord du lac) donnerait un peu plus d'air au film, mais il ne fait que souligner le vide scénaristique qui l'habite.

Concernant le jeu des acteurs, difficile d'en dire du bien tant tout semble en pilotage automatique. Jason Biggs fait son numéro habituel du loser attachant, sauf que l'attachement a disparu depuis longtemps. Seann William Scott, qui avait su rendre Stifler amusant dans le premier film, devient ici insupportable tant il pousse son rôle dans la surenchère. Chris Klein et Thomas İan Nicholas sont transparents, Tara Reid et Mena Suvari sont sous-exploitées, et seul Eugene Levy parvient encore à arracher quelques sourires avec son personnage de père bienveillant et maladroit.

Finalement, American pie 2 est une suite sans âme, qui recycle paresseusement les blagues du premier sans chercher à proposer quoi que ce soit de nouveau. Là où son prédécesseur parvenait à capter un moment de l'adolescence avec un certain charme, cette suite ne se contente que de gratter le fond du baril du pipi-caca. C'est regardable si l'on a encore 16 ans et qu'on découvre ce genre d'humour pour la première fois, mais au-delà, il n'y a strictement rien à sauver. Une suite déjà de trop, et ce n'était que le début…

Ma note 35%

Vu le 17 mai 2012

Liste des comédiens

Jason Biggs — Shannon Elizabeth — Alyson Hannigan — Chris Klein — Thomas Ian Nicholas — Natasha Lyonne — Tara Reid — Seann William Scott — Mena Suvari — Eddie Kaye Thomas — Chris Owen — Eugene Levy — Molly Cheek — Denise Faye — Lisa Arturo — John Cho — Justin Isfeld — Eli Marienthal — Casey Affleck — George Wyner — Steven Shenbaum — Matthew Peters — Joelle Carter — Matthew Frauman — Larry Drake — Lee Garlington — Tsianina Joelson — Bree Turner — Lacey Beeman — Lisa Gould — Brian Lester — Nigel Gibbs — Ernie Lively — Kevin Cooney — Marilyn Brett — Morgan Nagler — Jack Wallace — Jesse Heiman — JoAnna Garcia Swisher — Serah D’Laine — Nora Zehetner — David Smigelski — Luke Edwards — Adam Brody — Amanda Armato — Nancy Stone — Kevin Kilner — Cole Petersen — Paityn James — Brian Turk — Mike Erwin — Robert Peters — Amara Balthrop-Lewis — Jay Rossi — Joseph D. Reitman — Adam Herz — J.B. Rogers — Brett Shuttleworth — Amanda Wilmshurst — Devon Davidson — Daniel Spink — Tamia Richmond — Rachel Blasko — Laurie Reeves — Derrick Harper — Kelley Schneider — Dan Andreiu — Hallie Bird — Jane Bordeaux — Nicole Brunner — Christina Cindrich — Don ’Tex’ Clark — Curt Clendenin — Jennifer Coolidge — April Florio — Marc S. Gordon — Victoria Gray — Phil Hawn — Enrique Hernandez — Matt Hobbie — Meagan Lopez — Sandra Luesse — Christie McNew — Daniel Pipersky — Tara Rice — Marco Sanchez — Elaine Szupello — Jason Tatum — Tadpole Triplett — Clyde Tull — Robert Warnack — Bryan C. Watkins — Steven Paul Zsenyuk