• Julien   Lepage

"Derrick contre Superman", réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mezerette en 1992, est un court-métrage qui a marqué les esprits par son humour absurde et son concept original. Avant de se lancer dans des projets plus ambitieux tels que "La classe américaine" ou "The Artist", les deux réalisateurs nous ont offert ce détournement d'images hilarant, mettant en scène des personnages emblématiques de séries télévisées. L'intrigue de "Derrick contre Superman" tourne autour de la disparition tragique de la chaîne de télévision La Cinq en 1992. Derrick, le célèbre inspecteur de la série allemande, se donne alors pour mission de sauver la chaîne en recrutant des héros de séries télévisées diverses, tels que le capitaine Kirk, Starsky et Hutch, ou encore Navarro. Cependant, ses plans sont contrecarrés par un Superman mal intentionné, aidé par Numéro 6 (représentant M6) et Roger Moore. Le scénario de ce court-métrage est un véritable festival de vannes, allant du lourd à l'absurde, qui ne manquera pas de faire rire les spectateurs. Les personnages sont détournés de leur contexte original et placés dans des situations improbables, créant ainsi des moments surréalistes et hilarants. Bien que certains passages puissent manquer de rythme ou utiliser un humour plus potache, l'ensemble reste cohérent et divertissant. Les personnages de "Derrick contre Superman" sont tous des icônes de la télévision, et leur utilisation dans ce contexte décalé est un véritable régal pour les fans de séries. Derrick endosse le rôle du héros désabusé, tandis que Superman devient un antagoniste inattendu. Les autres personnages, tels que Navarro, Starsky et Hutch ou le capitaine Kirk, sont utilisés comme des faire-valoir comiques, leurs caractéristiques étant exagérées ou détournées pour créer des situations cocasses. Le film aborde également des thèmes tels que la nostalgie de l'âge d'or de la télévision et la rivalité entre les chaînes. En mettant en scène des personnages de séries télévisées pour tenter de sauver La Cinq, "Derrick contre Superman" rend hommage aux émissions qui ont marqué les esprits, tout en soulignant l'absurdité de la situation. Le conflit entre Derrick et Superman symbolise quant à lui la lutte entre les chaînes de télévision pour attirer les téléspectateurs. La réalisation de "Derrick contre Superman" est soignée, avec une utilisation habile du montage et des effets spéciaux pour créer un univers décalé et burlesque. Les réalisateurs parviennent à intégrer les personnages et les extraits de séries télévisées de manière cohérente, créant ainsi un ensemble homogène et visuellement réussi. Bien qu'il soit difficile de juger les performances des acteurs dans ce court-métrage, puisqu'il s'agit d'extraits de séries télévisées détournés de leur contexte original, on peut saluer le travail de doublage et de synchronisation, qui contribue à l'humour et à la cohérence du film. En conclusion, "Derrick contre Superman" est un court-métrage divertissant et original, qui préfigure le style décalé et absurde de Michel Hazanavicius et Dominique Mezerette. Bien qu'il soit en dessous de "La classe américaine" en termes de qualité et de rythme, ce "petit détournement" vaut le détour pour ses passages surréalistes et ses situations cocasses. Les amateurs d'humour absurde et de détournements de films apprécieront ce court-métrage, qui peut être considéré comme un prélude au genre du "found footage" et aux parodies de films. Si vous avez aimé "La classe américaine", n'hésitez pas à découvrir "Derrick contre Superman", ainsi que d'autres œuvres de Michel Hazanavicius comme la série des "OSS 117". Une anecdote intéressante autour de ce film est que Michel Hazanavicius et Dominique Mezerette ont également réalisé un autre court-métrage du même genre en 1992, intitulé "Ça détourne ou le triomphe de Bali Balo". Ce film, tout comme "Derrick contre Superman", a servi de terrain d'expérimentation pour les deux réalisateurs avant de se lancer dans la réalisation de "La classe américaine".

Note : 7 / 10